Politique agricole : le ministre Rigobert Maboundou s’expliqueMercredi 5 Novembre 2014 - 15:15 Le ministre de l’Agriculture et de l’élevage, Rigobert Maboundou, s’est expliqué sur les questions liées à son secteur avec un accent sur la situation des villages agricoles. De façon globale, il a tenu à donner un éclairage sur la politique agricole du Congo. Le chef du département est fier des résultats des deux villages agricoles (Nkouo et Imvouba) car, selon lui, les objectifs fixés ont été dépassés. « Si je prends les objectifs de la dernière année (d’octobre 2013 à octobre 2014), nous sommes déjà à 8 millions d’œufs de table et 460 mille poulets de chair. S’y sont créés des marchés de fruits et légumes tout autour des villages, des produits de 2 hectares de terre mis à la disposition des familles. En termes de revenus, les exploitants devaient avoir au minimum 200 mille Fcfa par mois. Et là, ils ont dépassé ce seuil de revenu », a énoncé Rigobert Maboundou. Le ministre a reconnu même que le seul village agricole Nkouo ne peut répondre à la demande nationale des œufs estimée à 14 millions. En effet, la production de plus de 8 millions que garantit Nkouo (83 km de Brazzaville) n’a réduit que de moitié la demande. Face à cela, les opérateurs agropastoraux sont invités à accompagner l’initiative étatique en créant des unités de production afin de renflouer le marché national. « C’est impossible qu’avec un seul village agricole qu’on sature les marchés et que les prix baissent. Nous encourageons les opérateurs privés à contribuer. Il ne faut pas rêver à une baisse de prix pour l’heure. Si nous le voulons que chacun de nous se mette dans l’agriculture », a-t-il déclaré, exhortant ses compatriotes à l'action. Le ministre a signifié que Nkouo n’est pas le plus grand producteur mais plutôt une entreprise privée avec une production de 40 000 œufs par jour. « L’économie nationale est faite de ces petites initiatives qui permette à chacun de faire ce qu’il peut. Le gouvernement apporte une solution ». Le nouveau village de Nkouo compte 40 familles, soit 80 exploitants qui disposent d’une maison et d’un poulailler modernes. Le gouvernement a mis à leur disposition 2 hectares de terre. « Lorsque nous construisions ce village, nous nous donnions un plafond de production d’œufs de table de 6 millions 600 mille par an pour Nkouo et 400 mille poulets de chair par an pour Imvouba », a révélé le ministre. Les familles ont bénéficié d’une formation avant d’être placées dans les sites. En d'autres termes, les villages ne posent aucun problème pour les exploitants. Sinon, il y aurait déjà eu des départs. En dehors de 3 décès (2 pour cas de maladie à Nkouo et 1 par accident à Imvouba), tous les autres exploitants sont sur place. Il a évoqué le cas d’un autre qui se trouverait en France pour des raisons de soin de santé dont l'épouse a rassuré le ministère qu’il s’est pris en charge totalement à partir des revenus sortis du village et qu’il reviendra. Comme annonce, le ministre a évoqué la construction des villages dans le périmètre de Pointe Noire alors que pour Brazzaville, le projet devrait se terminer par le village d’Odziba jugé très important pour le gouvernement car il constitue la base logistique de la trilogie. Ici, la spécialité sera la production de la viande porcine. L’aliment de bétail En ce qui concerne l’aliment de bétail, le gouvernement travaille sur le dossier avec les Marocains, en application d’une convention signée en marge de Build Africa en février dernier. "Les partenaires arrivent bientôt, les terres sont déjà localisées à Ignié. 18 mois suffiront pour sortir de terre une unité de production d’aliment de bétail" a affirmé Rigobert Maboundou. Cette structure rivalisera sans nul doute avec la Coddipa, connue à ce jour comme le seul producteur d’aliment de bétail. Le budget Depuis 4 ans, le ministère de l’Agriculture et de l’élevage a des allocations budgétaires au titre des moyens librement affectables de l’ordre de 40 milliards Fcfa. Cependant, la meilleure année était celle de 2012 avec 26 milliards d’argent décaissé. Donc, au-delà de 50%. Depuis là, le ministère n’a jamais dépassé les 10% de budget encaissé. « Maputo avait prévu que l’agriculture devait absorber 10% du budget pour son financement. En tant que ministre de l’Agriculture, je n’en ai pas besoin car je ne suis pas capable d’absorber 400 milliards. Déjà qu'avec 40 milliards FCFA nous n’arrivons pas compte tenu de la réalité de la chaîne de la dépense jusqu’au payement. Le plus important est de s’inscrire dans cette dynamique d’augmentation de budget, de priorisation des activités agricoles », a déclaré Rigobert Maboundou. Sécurité alimentaire Le ministre s'est apesanti sur le délai pour lequel la République du Congo devrait atteindre la sécurité alimentaire. « Les Sud-Africains sont arrivés à Malolo, deux ans après, ils ont saturé le marché congolais en maïs. Plus nombreux, nous serons dans l’agriculture, plus tôt nous accélérons notre cadence et nous accèderons à la sécurité alimentaire (…) L’État accorde des facilités pour stimuler, impulser les gens à l’agriculture. Il appartient aux citoyens d’accompagner cette volonté en créant des activités », a-t-il conclu. Nancy France Loutoumba |