Pointe-Noire : le Renape initie à l’agriculture

Samedi 18 Juin 2016 - 17:40

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Le Réseau national agropastoral et pour l’environnement (Renape) organise depuis mai dernier des formations conseils pratiques en agriculture en vue d’aider les ongolais à mieux produire. Les activités qui vont se poursuivre jusqu’en septembre prochain sont ouvertes à tous ceux qui sont intéressés et ont lieu tous les jeudis au siège de cette organisation situé au quartier Songolo (Loandjili) et sur ses autres sites.

Ces formations consistent en l’apport des notions de base en agriculture notamment des méthodes et des techniques. Elles ont été initiées suite à un constat fait par le Renape, celui relatif aux mauvais résultats souvent obtenus par bon nombre de Congolais qui pratiquent l’agriculture. Un aspect qui s’explique, d’après Crépin Télenganou, président de cette organisation, par le fait qu’ils sont, dans la plupart des cas, ignorants des notions essentielles du domaine: « En réalité le Congolais plante beaucoup mais ne récolte pas grand-chose. Les résultats ne sont pas souvent satisfaisants faute de connaissances donc de méthodes et de techniques sur son terrain. Chacun mène son activité à sa manière sans avoir reçu une formation appropriée», explique-t-il.

L’autre constat est qu’au Congo on attend souvent d’être en période de la saison sèche pour le maraichage. Et généralement, les gens utilisent des produits qu’ils ne maîtrisent pas et cultivent sur des terrains qui ne conviennent pas parfois à la culture. Pour Crépin Télenganou, la pratique de cette activité n’exige pas de période ni de terrain marécageux, d’où cette précision : « En réalité, le maraichage peut se faire à n’importe quelle période et sur n’importe quel terrain, pourvu qu’il y ait un point d’eau ».

Les participants à la formation apprennent comment labourer la terre, comment faire le repiquage, faire le choix d’un terrain et autres notions importantes. Mais ils doivent savoir avant tout ce qu’est un agriculteur et quelle sont l’importance et le rôle de l’agriculture dans la vie de l’homme et dans le développement économique d’un pays. Dans ce cadre, le président du Renape a souligné le fait que le métier d’agriculture ne soit pas toujours considéré dans le pays. Ces propos ont été confirmés par Cherubin Ngoma, jeune élève qui participe à la formation: « Je suis venu apprendre parce que j’admire ce que fait M.Télenagnou. Son travail est bien fait et quand ses cultures poussent elles sont belles à voir et suscitent l’appétit. Beaucoup l’admirent mais manquent de volonté ou n’arrivent pas à venir apprendre par orgueil estimant que ce métier est réservé à une certaine catégorie de gens.»

Ce manque de considération est due, selon le président du Renape, au fait que les gens ne savent pas ce qu’est réellement un agriculteur. Et d’après ses explications, l’agriculteur n’est pas seulement celui qui pratique et vit de l’agriculture, mais toute personne qui intervient dans la chaine de production et de commercialisation des produits agricoles comme le commerçant, le consommateur et autres.

Outre la formation reçue sur ses sites, le Renape fait aussi l’assistance et le suivi des participants sur leurs terrains. « Chacun doit s’exercer à la maison et sur son propre terrain. Nous descendons sur les sites de nos élèves pour un suivi et pour leur prodiguer des conseils en cas de difficulté», a-t-il indiqué.  Du côté des participants, les résultats s’annoncent déjà satisfaisants comme l’a confié Thomas Ngoma, père de famille : « Il faut d’’abord aimer l’agriculture pour le faire. J’ai déjà mon petit potager derrière la maison grâce aux connaissances que j’acquiers ici et cela m’aide beaucoup par les temps qui courent. Je compte augmenter ma production.»  

Pour  Olinet Libeka, travailleur dans une structure de la place, il n’y a pas de sot métier : « J’ai commencé à planter des épinards chez moi et ça pousse bien. Je n’ai pas honte de venir ici toucher la terre ni peur de me salir. Lorsqu’on exerce une activité qui vous permet de subvenir à vos besoins, on ne doit pas en avoir honte. J’envisage même d’acquérir un terrain pour produire en grande quantité.» Le jeune Chérubin Ngoma qui a compris l’importance de l’agriculture rêve déjà d’enseigner et de devenir agriculteur : « Je veux acquérir des connaissances en agriculture pour enseigner aux autres et exercer le métier d’agriculteur», a-t-il confié sans complexe.

Pour sa part, Crépin Télenganou a encouragé les Congolais à la pratique de l’agriculture et à mieux produire pour contribuer à réduire les importations des produits agricoles : «Le développement de l’agriculture, c’est le développement du pays. Nous devons consommer ce que nous produisons, et cela est très important. On ne peut pas se passer de boire ou de manger.» Le président du Renape a, en outre souhaité qu’en matière d’agriculture, le pays retrouve sa place d’antan : « Dans le passé le Congo a brillé en matière d’agriculture, avec par exemple la station fruitière de Loudima, l’école d’agriculture de Sibiti. Nous avions des bons produits qui ont été exportés et dont les autres pays d’Afrique se sont appropriés mais que nous mêmes ne produisons plus», a-t-il déploré. 

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-Crépin Télenganou, à gauche pendant la formation/ crédit photo Adiac -Crépin Télenganou instruisons les participants à la formation/ crédit photo Adiac

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