Pêche : le cri d’alarme de la Coopérative des pêcheurs de Mpila-YoroSamedi 7 Janvier 2017 - 17:15 Parc à pirogues démoli à près de 90%, filets emportés, pêcheries réduites, siège endommagé, les membres de la Coopérative des pêcheurs de Mpila-Yoro, quartier situé à l’Est de Brazzaville, ne savent plus à quel saint se vouer. Un soutien technique et matériel du gouvernement ou des partenaires devrait leur permettre de respirer l’haleine. « L’activité de pêche n’est plus porteuse comme par le passé. Nous avons des jeunes qui viennent vers nous, mais s’interrogent sur leur sort vu les contreperformances du secteur. Pourtant, ces jeunes sont censés assurer notre relève », souligne le président de cette coopérative, Romuald Ekola. Selon lui, la coopérative a besoin d’une expertise extérieure pouvant lui permettre d’adapter son action par rapport à l’environnement de pêche actuel, marqué par l’ensablement des pêcheries, les faibles captures et d’autres tracasseries. Romuald Ekola explique que la chèreté du poisson sur le marché à Brazzaville est consécutive à la faiblesse de la productivité. « Nous pouvons bien inonder le marché en poisson mais nous sommes confrontés à des difficultés qui limitent notre action. D’où, la demande en poisson est plus importante que l’offre. Un appui logistique et en formation nous rendra plus efficaces », ajoute-t-il. Cette coopérative se trouve aussi confrontée aux problèmes liés à la rareté ou à l’extinction de certaines espèces de poisson (tilapia, etc.). Ainsi, elle souhaite un appui en matière de techniques de pêche, de conservation et de transformation de poisson. L’usage des bacs à glace et des cages flottantes, ainsi qu’une formation en gestion font également partie des approches de solution. Par ailleurs, en dépit des difficultés inhérentes à leur activité principale, les pêcheurs de Mpila-Yoro développent une autre activité secondaire portant notamment sur le gardiennage, la location et la commercialisation des pirogues. C’est cette dernière activité qui apporte un peu de l’eau à leur moulin. Vol de filets par des pêcheurs de la RDC Selon les membres de la Coopérative des pêcheurs de Mpila-Yoro, certains de leurs collègues, originaires de la République démocratique du Congo (RDC), s’adonnent à cœur joie aux actes de vol et de sabotage du matériel de pêche. « Sur 100 pêcheurs opérant sur le fleuve Congo, 80% sont ressortissants de la RDC. Ces derniers pêchent dans nos zones et font usage des méthodes inappropriées qui dégradent l’environnement. Ce jour, ils nous ont emportés 30 filets de pêche», déplore l’un des pêcheurs de la coopération. La belle époque Avant les troubles sociopolitiques de 1997, la coopérative possédait 85 embarcations, des moteurs hors-bord, plusieurs filets et autres instruments. Ses membres organisaient alors des campagnes de pêche de deux à trois semaines, voire un mois, dans la partie septentrionale du pays, vers la ville de Mossaka dans le département de la Cuvette (Nord). Les rendements étaient bien meilleurs. Malheureusement, tout l’arsenal de cette coopérative a été emporté pendant les troubles sociopolitiques de 1997. La coopérative ne possède plus qu’une dizaine de pirogues avec un nombre réduit de filets. A cela se sont ajoutées les conséquences des explosions des dépôts d’armes et de munitions de Mplila, survenues le 4 mars 2012 qui ont détruit le siège de la coopérative, situé à la lisière du débarcadère de Yoro. Historique Créée en 1981, la Coopérative des pêcheurs de Mpila-Yoro comptait plus de 130 membres, hommes et femmes y compris. Les hommes s’activaient dans la pêche, alors que les femmes s’occupaient des activités comme la cuisine, la vente du poisson et de boisson. La zone de Mpila-Yoro qui se trouve en bordure du majestueux fleuve Congo, était en fait un village des pêcheurs traditionnels. Le nom Yoro appartient à un pêcheur sénégalais qui s’était établi un peu en aval du débarcadère éponyme. En amont, le site était occupé par Bernard Ngamboué qui faisait partie des Congolais de Brazzaville expulsés du Congo-Kinshasa par Tshombé. Il fut d’ailleurs le premier président de la Coopérative des pêcheurs de Mpila-Yoro.
Christian Brice Elion Légendes et crédits photo :Une vue du débarcadère au port de Yoro ; Le parc à pirogues / photos ADIAC Notification:Non |