Pauvreté : manque de données statistiques pour l'AfriqueJeudi 15 Octobre 2015 - 17:45 En dépit des rares études très souvent non fiables réalisées dans le continent africain, il est difficile à ce stade de cerner l'ampleur exacte de la précarité des populations et même des éventuelles avancées en matière d'accès à l'éducation et aux soins de santé. La Banque mondiale (BM) a publié un rapport qui examine et offre une analyse unique des principales données statistiques. Il s'agit du premier tome disponible sur la pauvreté. Quant au second, il apportera des propositions des stratégies possibles pour réduire la pauvreté dans le continent. Le défi futur est d'arriver à développer des données statistiques sur la pauvreté dans la région. En effet, le niveau actuel est jugé insignifiant pour suivre l'évolution de la pauvreté dans le continent africain. Faut-il rappeler qu'il sagit d'une région qui a affiché une croissance positive ces dernières années. Comme l'explique la BM, le calcul de la pauvreté monétaire et des inégalités se base généralement sur des enquêtes comparatives rigoureuses, fiables et régulières de la consommation des ménages. "Ces trois caractéristiques font défaut en Afrique", insiste-t-elle. Selon les données disponibles, les pays africains ont réalisé près de quatre enquêtes de consommation en moyenne dont moins de deux étaient comparables. "En 2012, seuls 25 pays sur 48 avaient réalisé un minimum de deux enquêtes de consommation au cours de la dernière décennie". Malheureusement, ces enquêtes manquent de rigueur et ne sont pas comparables. Sinon l'on ne saurait expliquer que le Nigéria connaisse deux taux de pauvreté, en l'occurence 26% et 53%, après deux enquêtes réalisées la même année, en 2010. Parmi les leçons à retenir, il y a notamment l'insuffisance des moyens financiers et des capacités dans le fonctionnement des instituts de statistiques en Afrique. Au-delà, l'on y intègre également des aspects politiques. Beaucoup de pays en développement recourent désormais à des fonds privés mais les intérêts ne sont pas les mêmes. L'une des solutions durables est de repenser le modèle de financement en n'hésitant pas de recourir à la coopération régionale. Il faut dès lors assurer un meilleur apprentissage et établir des normes statistiques internationales plus rigoureuses. Pour certains experts de la BM, il y a peut-être moins de pauvreté en Afrique qu'on le pense ou que les rares études nous le montrent. Selon les estimations de la BM, la pauvreté a reculé mais le processus se heurte à la pression démographique et aux conflits qui viennent compliquer la donne et fragiliser les acquis. "L'Afrique comptait beaucoup plus de pauvres en 2012 qu'en 1990 (330 millions contre 280 millions". C'est justement la conséquence de la rapide croissance démographique. Cette situation est un véritable obstacle dans l'atteinte des objectifs du millenaire pour le développement. "Les indicateurs du bien-être non monétaires s'améliorent, mais à un rythme ralenti et restent faibles".
Laurent Essolomwa Notification:Non |