Parc des Virunga : Kinshasa décidé à arracher un accordMardi 17 Mars 2015 - 18:00 La décision devrait impliquer concrètement une modification mineure du tracé de la réserve naturelle figurant depuis 1994 sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité. Des contacts sont confirmés à cet effet par les autorités congolaises mais pas l'Unesco qui dément des négociations sur cette épineuse question. Les autorités de la RDC ont réaffirmé n’avoir donné aucun aval pour le début de l’exploitation pétrolière dans les limites du parc, en tout cas pour l’instant. Depuis cette mise au point de la primature qui date de janvier 2015, le débat a repris sans que les positions ne bougent. Le gouvernement de la République s’est dit, le 13 mars, une fois encore déterminé à tirer profit de ses ressources pour améliorer les conditions de vue des populations autochtones. En janvier 2015, la RDC n'a pris aucun engagement au sujet d'une exploitation des ressources pétrolières dans les limites du parc des Virunga, a tenu à rassurer à l'époque le Premier ministre, Matata Ponyo. Du côté de l’Unesco, l’on a démenti des pourparlers autour de cette question d’exploitation du pétrole dans la réserve. En effet, cette agence des Nations unies a plutôt fait état d’un dialogue d’information et de sensibilisation visant plus les décideurs politiques. À ce stade, il ne s’agit pas donc pas de « négociations », comme voudraient l’insinuer certaines analyses, mais plutôt des « discussions » et « échanges ». D’ailleurs, tout projet d’exploration ou d’exploitation est "incompatible" avec le règlement de l’Unesco. Elle a mis en garde contre les implications de cette décision sur le classement du parc des Virunga au patrimoine mondial. Toutefois, l’Unesco qui assure le secrétariat du Comité du patrimoine mondial a confirmé à son niveau n’avoir reçu à ce jour aucune demande formelle des autorités congolaises pour déclassifier une partie du parc. Pour la presse internationale, la plus vieille réserve naturelle, qui s’étend sur 800 000 hectares le long des frontières avec le Rwanda et l’Ouganda, est menacée. L’enjeu, selon elle, se limiterait à un choix entre "pétrole et gorille". En d’autres termes, le gouvernement doit faire le choix entre préserver un site classé au patrimoine mondial de l’humanité ou le sacrifier à l’autel des intérêts égoïstes. Même l’annonce de l’abandon des projets par la société pétrolière britannique, Soco, n’a pas vraiment fait disparaître les soupçons d’exploitation. Pour rappel, c’est en 2010 que l’on attribua au groupe français Total et à Soco des permis d’exploitation. L’État congolais les suspendit en 2011 suite à une pression internationale. Total jeta l’éponge, et Soco fit de même en 2014 après avoir réalisé une étude sismique dans le cadre d’une évaluation commandée par le gouvernement. Les deux opérateurs se sont finalement désengagés. Pour le comité du patrimoine mondial, le gouvernement congolais doit abandonner simplement le projet. En effet, Total serait intéressé encore à ses projets dans la zone de son permis ne couvrant pas le parc des Virunga. Peine perdue, la RDC cherche d'abord un compromis avec l’Unesco, et rien indique qu'elle hésitera de passer à la vitesse supérieure le cas échéant. Laurent Essolomwa |