Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo : le "doute" des communautés locales et de la société civile

Dans l’une de nos dernières livraisons, nous annoncions la tenue d’un dialogue multi-acteurs destiné à prendre en compte les droits des communautés locales dans la mise en œuvre des parcs agro-industriels. Pour sa part, le Premier ministre, Augustin Matata, a effectué une descente sur le terrain pour évaluer l’implémentation du projet du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, à plus de 200 km de Kinshasa. Érigé dans la nouvelle province du Kwango, dans l’ex-Bandundu, le parc a été  visité en trois étapes : inspection des silos modernes pour la conservation des graines, découverte de la filière manioc et visite des serres destinées à la production des légumes.

Du bilan à tirer

Lors du dialogue qui s'est tenu le 6 cotobre en présence des conseillers de la présidence de la République et des membres des ministères de l’Agriculture, des Affaires foncières, de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Environnement et de la Famille, les officiels ont réitéré le principal défi du pays d’arriver à mettre fin à la tendance aux importations massives des denrées alimentaires. Au-delà, il y a aussi la lutte contre la pauvreté des communautés locales et l’insécurité alimentaire. Le pays caresse toujours le rêve d’atteindre l’émergence d’ici à 2030, grâce à ce programme. À ce délai, il sera possible de réduire considérablement les importations alimentaires qui se situent actuellement à plus de 1,5 milliard de dollars américains par an. Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, avec une superficie de 75 000 hectares de terres arables, pourra créer plus de 17 000 emplois. Comme l'a réaffirmé la primature, rien n’empêche de servir les petits producteurs agricoles. L’on a appris que 1 000 hectares sont en train d’être ajoutés en faveur de cette catégorie d’opérateurs. Entre-temps, deux hectares économiques sont mis à la charge de plus de 500 ménages. L’objectif étant de faire de l’agriculture un véritable business.

Exprimant son point de vue, la société civile a expliqué que le projet est loin de rassurer, en raison du chômage, de la paupérisation des communautés locales, de l’accès difficile au parc, de l’irresponsabilité sociale et de l’absence d’indemnisation. L’on note surtout le sous-emploi des communautés locales. En effet, 99 % des employés viennent d’ailleurs. Profitant du dialogue, le secteur privé, les communautés locales et autres partenaires techniques et financiers ont exprimé des vives inquiétudes. Pour l’avenir, il faudrait composer avec les communautés locales pour les prochains parcs agro-industriels. Il serait intéressant de promouvoir un paysannat agro-industriel et de donner des moyens supplémentaires à des structures techniques comme l’Inera. Nous y reviendrons.