Ouesso 2015 - Alain Akouala Atipault : « la zone économique spéciale de Ouesso pourra créer entre 1000 et 1500 emplois par an »

Jeudi 13 Août 2015 - 14:41

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Alors encore ministre en charge des Zones économiques spéciales(ZES), Alain Akouala Atipault nous a présenté le 7 août les résultats des études relatives à la mise en place de la zone économique spéciale de Ouesso. À une semaine de la célébration de la fête nationale dans cette localité, il a élucidé le bien-fondé de la vision du président Denis Sassou N’Guesso en la matière.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Où en est-on aujourd’hui avec le projet de la  zone économique spéciale de Ouesso?

Alain Akouala Atipault : (AAA) ...Les études de faisabilité sont réalisées. Elles nous indiquent ce que nous pourrons avoir comme impact sur le PIB, la création d’emplois, les investissements à réaliser et la ville qui pourra naître autour des activités industrielles qui seront développées. La ZES de Ouesso a une superficie de 64 520 hectares. Les études montrent que les activités ou les filières industrielles que l’on pourrait y développer se centrent essentiellement autour de la transformation du bois  pour la fabrication des meubles, les constructions immobilières, etc. De ce point de vue, on peut demeurer optimiste. Il y a également la filière café et cacao, il ne s’agit plus de garder leur culture au stade primaire, mais plutôt d’exploiter toute la valeur ajoutée que donne la filière café-cacao. Cela signifie que, dans la vision prospective de ces études,  dans 20, 30 ou 40 ans, les Congolais et leurs enfants devront arriver à consommer la tablette de chocolat produite dans leur pays.

LDB : Et vous estimez donc que cette vision s’appuie aussi sur l’intégration régionale?

AAA : Bien sûr. Ce qui est intéressant c’est que Ouesso ouvre sur une partie de la sous-région CEEAC et Cémac et même sur toute l’Afrique. Il y a un potentiel d’un marché d’à peu près 15 millions et demi d’habitants. Par ailleurs, notez également qu’il y a la filière palmeraies qui pourrait également être développée. Au niveau des emplois, lorsque la ZES de Ouesso sera en activité, elle pourrait créer en moyenne 1000 à 1500 emplois chaque année jusqu’en 2032. Ensuite, en termes d’impact sur le PIB national, la zone économique spéciale de Ouesso pourra générer en moyenne un impact sur le PIB hors-pétrole de 700 millions de dollars chaque année. C’est là qu’on touche du doigt cette ambition du chef de l’Etat de diversifier l’économie de notre pays. Quant aux investissements, il nous faudra envisager environ 20 milliards FCFA.

L.D.B : Justement, l’on sait qu’actuellement les travaux du barrage de Liouesso sont presqu’arrivés à leur terme, les palmeraies sont relancées, l’industrie forestière retrouve ses marques... Comment entendez-vous lier tout cela avec le projet des zones économiques spéciales ?

AAA : Le chiffre que je viens d’évoquer concerne l’aménagement intérieur de la zone, en termes de route, de fibre optique, de téléphonie, d’électricité, etc. Le barrage de Liouesso qui est actuellement en construction est fait en prévision de cette évolution économique que l’on veut donner au département de la Sangha au pays. Et dans le cadre de ces études, nous avions organisé récemment une réunion avec les opérateurs économiques qui ont déjà un projet au niveau du département de la Sangha. L’une de leurs préoccupations est de savoir si la délimitation de la zone économique leur impose de se déplacer des sites où ils sont installés aujourd’hui, afin d’intégrer la zone et bénéficier des avantages fiscalo-douaniers. À ce sujet, je dois préciser que le président de la République a tenu à ce qu’il y ait une certaine souplesse sur le plan juridique. Même si à priori nous avons défini des espaces géographiques, les industriels qui sont déjà installés et travaillent bénéficieront, à travers un statut qu’on appelle le point front, des mêmes avantages sur le plan fiscalo-douanier comme prévoit la loi qui définit le statut de la zone économique spéciale en République du Congo. Ces sociétés qui créent de la richesse, des emplois, qui ainsi participent au développement de cette partie de notre pays doivent être allégées dans leurs charges. C’est un message important que nous leur adressions. Aujourd’hui, nous avons déjà les instruments qui définissent non seulement le statut de la zone économique spéciale, mais également les instruments qui réglementent la gouvernance économique et juridique de ces ZES.

L.D.B : Pour en venir à toutes les zones économiques spéciales du Congo de manière générale, cela fait quelques années qu’on en parle ; à quand le démarrage effectif des travaux de construction de ces zones ?

AAA : Nous comprenons l’impatience des populations, mais on ne structure pas une économie du jour au lendemain. Ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui va forcément nous survivre. Il s’agit de préparer l’avenir, nous avons  maintenant tous les éléments pouvant nous permettre de démarrer l’aménagement effectif des premiers parcs industriels d’une zone économique spéciale. Cela sera décidé par le gouvernement entre les zones de Ouesso, Brazzaville, Oyo-Ollombo et Pointe-Noire. Cependant, il y a quand même déjà une indication à travers la zone industrielle de Maloukou Tréchot qui a commencé parallèlement au lancement des études de faisabilité que nous avons engagées il y a quelques années. La zone industrielle de Maloukou est un pôle industriel qui va intégrer la zone économique spéciale de Brazzaville. Récemment, en accord avec le ministère des grands travaux, nous avons organisé une réunion de mise en cohérence avec les cabinets qui ont réalisé les études de faisabilité des ZES. Cela dit, au regard de notre planning de travail, nous pensons que d’ici l’année prochaine, on pourrait assister au démarrage des travaux d’aménagement des zones industrielles qui vont composer les zones économiques spéciales. Car une zone économique spéciale est composée d’une zone industrielle et autour des activités industrielles naissent des activités de promotion mobilière, de tourisme…

L.D.B : Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers la Sangha. Quel est votre message sur la portée socio-économique que pourrait avoir ce projet de zone économique spécial ?

Alain Akouala Atipault : Le développement économique a besoin de stabilité d’une manière générale. L’argent n’aime pas le désordre et l’investissement n’aime pas le chaos. Du point de vue de l’évolution politique de notre pays, nous arrivons dans une période que l’on peut considérer comme très passionnante, politiquement parlant, où nous avons la capacité d’inventer à nouveau la future politique de notre pays. Nonobstant la surenchère politique que l’on peut faire ici et là, pour les nouvelles générations et les populations de notre pays, le projet des ZES suscite l’intérêt de la Chine, de la France, des Etats-Unis, de Singapour, de la Malaisie, etc. C’est une vision stratégique  pour l'industrialisation que beaucoup de pays africains n’ont pas encore. Nous sommes sur la bonne voie et on a besoin du calme. Les zones économiques pourront créer d’une manière générale, en moyenne, 8500 emplois par an. Elles pourront avoir un impact annuel sur le PIB national d’environ 1 milliard et demi de dollars, hors pétrole. Que l’on soit un homme politique, de la majorité, de l’opposition, du centre, du Nord ou du Sud, on doit reconnaitre l’intérêt de ce processus.

Thierry Noungou et Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

Alain Akouala Atipault, Crédit Adiac

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