Opération « Mbata ya Bakolo » : objectif atteint à Brazzaville, selon la police

Samedi 14 Juin 2014 - 18:00

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La police congolaise présentera au moment opportun le rapport d’étape de l’opération lancée le 4 avril à Brazzaville. Mais le constat général à mi-parcours, fait au nveau des commissariats et des populations,  signale que les objectifs sont atteints

Lancée officiellement le 4 avril 2014, l’opération "Mbata ya bakolo" visait à lutter contre la criminalité et l’immigration clandestine. Elle se poursuit à Brazzaville, avec les départs des étrangers sans papiers, notamment les sujets de la RDC, même si leur nombre a baissé contrairement aux premiers jours de l'opération car, pour la police, l’un des motifs clé était de lutter contre le phénomène « Koulouna ». « Nous pouvons affirmer que depuis que l’opération a commencé, on assiste plus aux délinquants qui détroussent les paisibles populations avec les machettes. Le phénomène est éradiqué », déclare le colonel Jules Moukala-Tsoumou, directeur de la Sécurité publique, porte-parole de la police.

Au-delà du phénomène Koulouna qui a traumatisé les populations de Brazzaville, et dont les principaux assaillants étaient des ressortissants de l’autre Congo, des témoignages positifs sur le rétablissement de  la sécurité  dans  certains quartiers de la ville légitiment davantage le bilan sécuritaire de l’opération. Interrogés, les responsables de la plupart des commissariats de police et de gendarmerie reconnaissent, en effet, avoir enregistré une baisse considérable des plaintes sur des faits de criminalité. Les palabres liés aux viols et vols ont considérablement baissé, précise-t-on. Cependant, les statistiques pour illustrer ce tableau ne sont pas encore disponibles. De leur côté, les populations affirment jouir désormais d’une liberté de circuler, surtout dans les quartiers périphériques où hier il n'était plus possible de sortir à certaines heures du soir de peur d’être agressé.

Des artères libérées

Les avenues sont libres d’accès. L’époque où les arrêts de bus et les voies publiques souffraient d’encombrement dû à la présence des "Sans domicile fixe" est presque révolue. Même si aucune enquête pour l’heure ne donne des résultats officiels sur la rareté de certains produits alimentaires dans les marchés, ou sur leurs prix, les informations recueillies auprès de certaines populations, à Bacongo par exemple, soulignent une légère amélioration des prix des denrées, bien que certains produits, comme les légumes et les poissons d’eau douce, deviennent rares. L’opération "Mbata ya Bakolo" a réussi, par ailleurs, à briser les meutes de jeunes vendeurs à la sauvette qui proposaient des marchandises à la criée dans les principales artères de la ville avec les conséquences que cela entraînait.

Autre acte majeur non moins important de l’opération : la fermeture de plusieurs églises de réveil.

Selon le porte-parole de la police, la plupart de ces temples servaient de « refuge aux délinquants ». Leur fermeture, souligne-t-il, a aussi permis de « baisser les nuisances sonores dans la ville ». Dans ce registre, il faut également noter la satisfaction de plusieurs associations et ONG de lutte contre le Sida devant la fermeture de plusieurs « maisons closes » et la pénurie des prostituées sur les trottoirs. Le fameux « Nganda ya ba soso », dans le marché Moungali, et « Mabouaka » à Bacongo, où s’exposaient de jeunes femmes, presque nues, et où se troquaient quelques pincées de drogue, ne sont plus qu’un souvenir…

« Longwa na Nzela », l’autre face de « Mbata ya bakolo »

Derrière ces motifs de satisfaction, l’opération n’est pas finie. « À Brazzaville nous allons continuer à assainir parce qu’on a constaté qu’il y a beaucoup de sujets étrangers, en situation irrégulière, qui se sont cachés soit dans les quartiers de Brazzaville, soit dans les villages environnants », souligne le colonel Jules Moukala-Tsoumou.

« Il ya aussi le fait que ces sujets en situation irrégulière sont en train d’exercer le métier de chauffeur de taxi alors qu’il y a des dispositions réglementaires qui le leur interdisent. C’est pour cela que la décision qui a été prise est de poursuivre l’opération à Brazzaville et de l’étendre dans les départements parce que jusque-là l’opération était concentrée à Brazzaville », poursuit-il.

Cette deuxième phase pourrait s’appeler « Longwa na nzela » (ce qui signifie « Dégage ou libère la route »).  C’est, en effet, une partie de l’opération "Mbata ya Bakolo" qui vise à assainir les voies publiques. « Il y a des chauffeurs de taxi qui ont des comportements indécents. Il y a des voitures qui sont dans un état très défectueux et qui sont, comme on dit, des cercueils roulants », commente Jules Moukala-Tsoumou.

Dans quelques jours, précise-t-il, le directeur général de la Police va faire l’annonce de l’organisation de la deuxième phase de l’opération "Mbata ya Bakolo" à Brazzaville, à Pointe-Noire, Dolisie et Nkayi précisément. mais l’intérieur du pays n'est pas exclu. 

Sur le terrain, des étrangers sans papiers s’empressent déjà à rentrer chez eux de leur propre gré, à  en croire les témoignages provenant de plusieurs villes.  À Pointe-Noire, plusieurs ressortissants de la RDC ont entrepris volontairement des démarches de retour au pays. La plupart sont dépourvu de carte d’identité ou de passeport prouvant leur nationalité et capables de les aider à obtenir un titre de séjour en toute légalité. « Tous ceux qui sont partis à Kinshasa ne l’ont pas été seulement que par le fait de l’interpellation de la Police. Il ya bien des sujets en situation irrégulière qui rentrent d’eux-mêmes », témoigne le porte-parole de la Police.

 

Quentin Loubou