Les Dépêches de Brazzaville : Vous avez présenté deux collections au cours d’un même défilé. Pourquoi ce choix ?
Yannick Zambo : Tout d'abord, j'ai lancé ma marque, Davino, comme pour rendre un hommage à mon fils qui m'a beaucoup inspiré, car il est le fruit d'un mélange de plusieurs cultures très différentes – camerounaise, congolaise, russe et allemande. Pour mes collections Femme au foyer et Femme chic, j’ai choisi de mélanger les cultures européennes et africaines.
C'est inhabituel de consacrer une collection aux femmes au foyer !
Je crois que la femme africaine ressent toujours une grande fierté d'être la maîtresse de maison. J'ai choisi comme modèle principal de cette collection le pantalon Bobaraba. La femme se sent très à l'aise dedans et peut faire tous les mouvements ménagers, la cuisine et avec des enfants. Pour cette collection, j'ai utilisé principalement des pagnes très colorés, très joyeux, très gais qui caractérisent cette joie d'être dans son foyer, dans sa famille.
Le pantalon vient d'une tradition très ancienne, un habit des hommes du Nord-Ouest du Cameroun du pays Bamiléké et des Haussa au Nord. J'ai beaucoup modernisé le modèle pour correspondre au goût urbain. Chaque tenue est accompagné d'un sac à main du même tissu qui complète l’ensemble d’un haut très sexy et ouvert et du pantalon.
Et pourquoi Femme chic ?
Les deux collections sont complémentaires. Chaque femme a besoin de se sentir de temps en temps comme une vraie princesse. La base de cette collection est le mélange d'une matière festive extrêmement fine et e le bazin blanc avec une matière très brute, le jute qui est utilisé pour les sacs de cacao au Cameroun. J'ai grandi avec les sacs de cacao dans le village de mes parents au sud du Cameroun, à Emenevom. J'ai joué avec les sacs vides jetés après utilisation pour transporter le cacao. Cette matière ma toujours fascinée par sa texture sauvage. Le jute n’a jamais été utilisé dans la mode, et ça m'a donné envie de l'introduire. Je le décore avec de la broderie et des perles pour accentuer le contraste de ce mélange de matières. Dans une partie de cette collection, j'utilise le pagne tissé du Burkina Faso, le dan fani utilisé dans la tradition, surtout pour les tenues traditionnelles des hommes Mosi. J'ai en effet créé des minirobes de soirée très coquettes et sexy et une robe mariage.
C'est la première fois que vous présentez votre travail à Pointe-Noire ?
Oui, j'ai déjà présenté mon travail au Bénin et au Cameroun, mais c'est une première au Congo. Je suis très reconnaissante envers le collectif Kimosi, en particulier envers Suzanne Francisco pour cette occasion.
Plus d'info: yannick.magalie@gmail.com