Nord-Kivu : le M23 essuie un nouveau revers à Mbuzi

Le cessez-le-feu unilatéral décrété le 3 novembre par le M23 via son président Bertrand Bisimwa présent à Kampala est loin d’être respecté sur le terrain. Alors qu’elles semblaient en avoir accepté le principe, les deux parties tentent de consolider leurs nouvelles positions malgré le fait que les lignes aient bougé au regard des derniers développements. Si pour le M23, ce cessez-le-feu est censé permettre la poursuite des négociations de Kampala, le gouvernement estime, quant à lui, que toute cessation des hostilités devra impliquer le dépôt d’armes de la part des éléments du M23. « Il n'y aura pas de combats si le M23 cesse de se battre », avait réagi Lambert Mende au lendemain du cessez-le-feu unilatéral décrété par le M23 tout en le considérant comme un premier pas dans le processus d’arrêt définitif des combats. « Notre objectif est que le M23 se démobilise. Il n'est pas une force régulière, il n'est pas autorisé à porter des armes. Donc cesser les hostilités, c'est déposer les armes », ne cesse de marteler le porte-parole du gouvernement.

Les dernières nouvelles en provenance du front font état de l’intensification des combats entre les Fardc et le M23 à Bunagana alors que les envoyés spéciaux des Nations unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine et des États-Unis avaient demandé la veille au M23 à renoncer à sa rébellion et au gouvernement de « s’abstenir de toute action militaire à ce stade ». Les Fardc, qui tiennent à récupérer l’entièreté de cette cité considérée il y a peu comme le bastion du M23, ont entamé depuis le 3 novembre le pilonnage des dernières positions des rebelles en ciblant les collines de Chanzu. Les Fardc avaient pilonné pendant huit heures environ les positions du M23 situées à environ 80 km au nord de Goma, apprend-on des sources militaires.

Le M23 délogé de la colline de Mbuzi

Quoiqu’affaiblis en tant que force militaire, les éléments résiduels du M23 ont tenté de répondre, sans trop de conviction, par des tirs de mortiers. À Chanzu, Mbuzi et Runyonyi, derniers bastions des rebelles où ils se sont retirés, les forces loyalistes sont à leurs trousses. Face à la puissance de feu des Fardc, les rebelles du M23 ont fini par abdiquer le 3 novembre en abandonnant leur position sur la colline de Mbuzi, aux confins du Rwanda et de l’Ouganda. Depuis la chute de Bunagana mercredi dernier, c’est là où se sont repliés quelques centaines d’éléments du M23. Depuis diamnche en début d’après-midi, les Fardc ont conquis totalement le collectif montagnard de Mbuzi en atteignant le sommet à environ 2000 mètres d’altitude. Une victoire de plus pour l’armée nationale qui ne cesse de glaner des hauts faits d’armes depuis le déclenchement des hostilités.

 Entre-temps à Kampala, le gouvernement se montre de plus en plus intransigeant par rapport à sa position concernant notamment l’amnistie qu’il veut au cas par cas dans la perspective de la réintégration militaire des éléments du M23. Injonction est faite aux responsables du M23 visiblement déboussolés d’ordonner à leurs troupes de faire la reddition, de déposer les armes sans condition et de cesser toute activité militaire. En acceptant de renouer avec le fil du dialogue à Kampala, le gouvernement entend de chaque membre du M23, qu’il prenne un acte d’engagement ferme reconnaissant qu’il ne reprendra plus les armes. Mieux, le processus de la dissolution du M23 en tant que mouvement armé est déjà engagé dans la capitale ougandaise maintenant que les rapports de force ont radicalement changé sur le terrain.

Le médiateur ougandais des pourparlers de Kampala, de qui l’on attend la proposition d’un communiqué final à signer par les deux parties, est tenu d’adapter son projet d’accord de paix à la nouvelle donne.