Niari : les sages du département en appellent à la modification de la constitution

Lundi 24 Mars 2014 - 19:09

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Sous couvert des autorités et autres cadres de ce département, les sages du Niari ont exhorté sans tergiverser le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, à procéder à la révision de la constitution pour lui permettre de se positionner comme candidat en 2016, moment de la fin de son mandat conformément à la constitution du 20 janvier 2002

« Nous avons choisi de poser ce problème important car il ne peut être résolu que par vous. Il s’agit du fétichisme de la constitution », a précisé Justin Koumba en guise d’introduction, développée par la suite par le ministre Pierre Mabiala, natif du département. La rencontre qui avait un seul point à son ordre du jour, a suscité, en apparence, un étonnement de la part du chef de l’État qui s’attendait à un dialogue franc et direct sur les questions récurrentes qui minent le département du Niari.

Pour les sages et les cadres du Niari, ces questions pouvaient être directement posées et facilement résolues par les ministres. Ainsi, s’appuyant sur la mauvaise interprétation de l’article 75 de la constitution de 1992 qui a engendré les crises, le président de l’Assemblée nationale a estimé qu’il n’était pas question de revenir sur certains travers. D’où l’appel au changement de la constitution. « Le Niari, unanimement, pense que nous pouvons vous demander de ne pas hésiter à envisager le changement de la constitution », a précisé Justin Koumba.

Argumentant sur les raisons de cette décision de changer la constitution, les natifs du Niari pensent que l’ancienne constitution qui régit actuellement le pays, pose deux verrous : l’âge et le nombre de mandats, deux verrous qui ne tiennent pas compte du devoir républicain de continuité. «Le Niari rassemblé dans toute sa diversité, pose le problème réel et objectif de changement de constitution », a déclaré pour sa part le ministre Pierre Mabiala, l'un des principaux orateurs de la concertation entre le chef de l’État et les sages. Pour lui, le Congo ne doit pas perdre ses acquis au-delà de 2016 et l’unique alternative.

« La pensée du Niari nous permet de dire qu’il n’y a pas plusieurs Congolais qui puissent avoir les capacités à la fois historiques, politiques, économiques, sociales et diplomatiques. Puisque, c’est vous qui conduisez et déterminez la politique de la Nation, répondez à cette question que nous vous soumettons », a-t-il ajouté.

Remerciant avant tout les cadres et sages du Niari pour leur chaleureux accueil, le président de la République qui retrouvait, une fois de plus sa terre de jeunesse, a fait savoir à l’auditoire que son séjour à Dolisie n’était pas seulement lié à l’inauguration de la cimenterie, mais qu'il lui était aussi utile pour écouter et constater ce qui marche et ne marche pas dans ce département. « Même si vous ne parlez pas, j’ai mes enquêtes et je connais la réalité », a signifié le président aux cadres et sages du Niari.

Afin de les rassurer sur un certain nombre de réalisations qui seront faites, le chef de l'État leur a consenti toute la liberté de dire ce qu’ils pensent. « J’écoute tout ce que vous dites, bon ou mauvais. Un jour viendra où je vais décider. Une seule hirondelle ne fait pas le printemps. Vous avez parlé, le président a entendu. Je tiens à vous remercier de votre franchise et courage parce que ce problème est crucial et capital pour l’avenir de notre pays », a conclu le président en réponse à l’exhortation faite par les natifs du Niari. La révision ou non de la constitution suscite, à l’orée des échéances des élections présidentielles de 2016, une vive préoccupation de la classe politique, tant de l’opposition, de la majorité que de la société.

À l’intérieur du pays, le Niari est le deuxième département après la Likouala à pouvoir demander ouvertement le changement de la constitution. Outre les cadres et sages du Niari, le ministre Isidore Mvouba a également fait entendre sa voix, à l’occasion des cérémonies d’inauguration de la cimenterie de Dolisie et lors de la pose de la première pierre à Hinda, dans le département du Kouilou. « 2016 n’est pas une borne infranchissable. Loin s’en faut. 2016 est un passage vers une synthèse dialectique, en vue de consolider nos acquis et avancer sans coup férir sur le chemin de l’émergence. Il faut atteindre l’autre rive, faire le grand bond en avant et établir le nouveau deal avec le peuple du Congo », déclarait-il à Dolisie.   

 

 

 

 

Guy-Gervais Kitina