Mode : les nostalgiques des années 70 exhument l’Abacost

Vendredi 2 Octobre 2015 - 22:30

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La mode demeure un éternel recommencement comme en témoigne la ré-visitation récurrente du passé vestimentaire de nos peuples et de nos civilisations. Autrefois banni à la faveur de la réforme identitaire imposée dans les années 70 aux Zaïrois de l’époque par le feu Maréchal Mobutu au nom de la politique de l‘authenticité, l’Abacost - une contraction du slogan « à bas le costume » - est en train de reprendre son droit de cité à Kinshasa. Lentement mais sûrement, cette tenue qui, autrefois, signait l’élégance élitiste des RD-Congolais, en marquant leur rupture avec le costume-cravate jugé trop proche du modèle colonial hérité des belges, gagne du terrain.

Il est vrai que les nostalgiques de ce style vestimentaire sont encore loin de peser sur la balance pour influencer les habitudes des Kinois, mais la tendance se dessine déjà. Elle prend progressivement du relief au fur et à mesure que la tenue cesse d’émouvoir les consciences pour rentrer dans la normalité. En bons chantres de l‘élégance, certains Kinois n’hésitent plus à s’afficher avec leur veston taillé sur mesure dans un tissus léger sans col, à manches courtes ou longues. Dans cette architecture vestimentaire, le foulard ou l’écharpe noué autour du cou fait vieux jeu. Le motif du tissu compte beaucoup dans cette mixture reposant généralement sur un pantalon de couleur différend. À défaut, un ensemble uniforme passe mieux chez certains prototypes.           

Porté avec un simple T-shirt ou une chemise légère, et définitivement sans cravate, l’Abacost singularise son porteur, surtout par rapport au costume trois pièces à l’occidental arboré par le commun des mortels. Cette tenue s’invite dans toutes les circonstances. Lors des dernières consultations présidentielles pré-dialogue organisées au Palais de la Nation, un cadre du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) d’Azarias Ruberwa ne s’était pas gêné d’arborer son veston Abacost en pagne manche courte. L’intéressé n’a pas pour autant été recalé par le protocole d’État. La tenue est considérée par des esprits alertes presque comme une variante du célèbre « Safari » prisé par feu Laurent-Désiré Kabila et qui avait autrefois crée de nombreux émules dans les milieux politiques. Le nouveau ministre entrant des Sports et Loisir, Denis Kambayi, ne s’est pas empêché d’arborer son constume Abacost lors de la cérémonie traditionnelle de remise et reprise.     

Dans cette dynamique, les couturiers ne sont pas en reste et tentent, à leur manière, de restituer l’aire du temps en apportant leur touche créatrice à cette tenue chargée d’histoire. « Zico création », l’habilleur de l’animateur-télé Papy Mboma sur B-one est un cas d’école. Entre-temps, les célébrités kinoises et, particulièrement, les artistes musiciens ne sont pas prêts de promouvoir ce style d’habillement aujourd’hui formaté à la sauce moderne. Si l’habit ne fait pas le moine, ce que les sapeurs des deux rives peuvent considérer comme une « transgression vestimentaire » a pourtant besoin de leur coup de pouce pour s’affirmer…

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Costume Abacost

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