Marches de catholiques : au moins un mort selon l'épiscopat

Lundi 26 Février 2018 - 15:00

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La répression de nouvelles marches de catholiques dimanche contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila a fait au moins un tué et plusieurs blessés en RDC, selon l'épiscopat.

La répression de nouvelles marches de catholiques dimanche contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila a fait au moins un tué et plusieurs blessés en RDC, selon l'épiscopat, alors que la police estime avoir tenu son objectif de "zéro mort". Pour la troisième fois en deux mois, les fidèles ont persisté à vouloir défiler contre la "dictature" de Joseph Kabila, dont le mandat a expiré depuis fin décembre 2016, à la sortie de la messe, mais ils se sont heurtés aux forces de l'ordre. "Nous avons enregistré un mort à Kinshasa qui est certifié et plusieurs blessés" dans le pays, a déclaré à l'AFP l'abbé Donatien Nshole, porte-parole de l'épiscopat.

Un peu plus tôt, le médecin directeur de l'hôpital Saint-Joseph de Kinshasa avait annoncé à l'AFP le décès d'un jeune activiste d'un mouvement citoyen "Collectif 2016", Rossy Mukendi Tshimanga, "qui a reçu une balle à la poitrine". Un agent "a tiré sur mon frère à bout portant dans l'enceinte de la paroisse Saint-Benoît (centre). J'étais près de mon frère", a expliqué le frère du défunt entre deux sanglots. Le corps de la victime a été emporté par une équipe du Comité international de la Croix-Rouge, ont constaté des journalistes de l'AFP.

À Kisangani, grande ville du nord-est du pays, des centaines de fidèles qui sortaient de la messe ont commencé à marcher avant d'être dispersés par les forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles, blessant deux personnes, selon un correspondant de l'AFP. Dans plusieurs villes, les marches ont été étouffées par les forces de sécurité qui se sont déployées massivement devant toutes les églises catholiques. C'est le cas à Kikwit (sud-ouest) et à Goma (est), tandis qu'à Bukavu (est), toute tentative d'attroupement a été systématiquement dispersée à coup de gaz lacrymogènes.

Internet rétabli

À Lubumbashi, deuxième ville du pays dans le sud-est, des jeunes ont brulé des pneus dans les rues avant d'être dispersés par la police anti-émeute. Ces marches sont organisées à l'appel du Comité laïc de coordination (CLC), un collectif d'intellectuels proche de l'Église catholique, qui demandent à M. Kabila de dire publiquement qu'il ne sera pas candidat aux élections prévues pour le 23 décembre 2018. Le CLC a reçu dimanche le soutien de 85 intellectuels francophones.

L'accès à internet a été rétabli en début de soirée, après dix heures de coupure, une coupure intervenue au moment de la sortie de la messe. ​Les échanges SMS et le système de messagerie WhatsApp ont également repris, alors que le réseau 3G se redéployait. Malgré une faible affluence, les manifestants se sont montrés déterminés et dans plusieurs paroisses de Kinshasa, les fidèles ont commencé à marcher avant d'être dispersés par les forces de l'ordre. A Saint-François-de-Sales, des policiers cagoulés étaient postés devant la rue qui donne sur cette paroisse du centre de Kinshasa, où une femme de 24 ans, aspirante à la vie religieuse avait été tuée par un tir lors d'une précédente marche le 21 janvier. Ils ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Des militaires arrivés sur les lieux ont ensuite fait usage des tirs de sommation pour disperser les manifestants. À Kinshasa, où la marche avait été interdite, la police s'était donné pour objectif de faire "zéro mort". La répression des deux marches précédentes avait fait une quinzaine de morts selon l’Église, deux d'après les autorités. Le dimanche, "le consigne zéro mort a été respecté avec professionnalisme par les forces de l'ordre déployées sur le terrain", s'est félicité le porte-parole de la police, le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu.

Dans l'ensemble du pays, vingt-deux personnes ont été blessées dont 13 policiers, tandis que huit personnes ont été interpellées, selon un bilan provisoire donné à la télévision publique. Vendredi, l'Union européenne, la Suisse et le Canada avaient rappelé dans un communiqué conjoint "l'importance du respect des libertés fondamentales, en particulier de la liberté de manifester et de la liberté de culte". En fin d'après-midi, le calme était revenu à Kinshasa, où les barrages de police ont été levés et que la présence policière et militaire se faisait discrète. Le Premier ministre congolais, Bruno Tshibala, a fait la ronde de quelques quartiers de la capitale, distribuant des billets de 100 dollars aux habitants, ont constaté des journalistes de l'AFP.

AFP

Légendes et crédits photo : 

Un seul mort enregistré à Kinshasa et plusieurs blessés, à en croire l'épiscopat catholique

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