Lutte contre le blanchiment d’argent : l’évaluation démarre pour le Congo

Mercredi 10 Septembre 2014 - 19:30

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Dans la perspective d’une reconnaissance internationale, la République du Congo entrera à partir du 22 septembre dans le processus d’évaluation de son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L'opération va aller jusqu’en juin 2015.

Cette évaluation a été autorisée par le gouvernement du Congo à travers le ministre d’État, ministre des Finances, Gilbert Ondongo. Elle est conduite par le groupe d’action contre le blanchiment en Afrique centrale (Gabac). À cet effet, l’agence nationale d’investigation financière du Congo organise du 22 au 26 septembre à Brazzaville, avec l’appui technique du Gabac, diverses activités liées au processus d’évaluation.

Celui-ci s’effectuera en deux étapes : la première est théorique et la seconde pratique. Durant la première, un questionnaire sera remis aux assujettis selon le règlement de la Cémac révisé  en 2010, portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et financement du terrorisme. Ce questionnaire devra être complété puis remis aux experts du Gabac avant novembre prochain. Il s'agit ici d'un moyen par lequel les autorités congolaises, concernées par l’évaluation, fournissent les informations détaillées nécessaires au processus d’évaluation avant la mission des évaluateurs.

Qui sont les assujettis ?

C'est toute personne physique ou morale qui, dans le cadre de sa profession, réalise, contrôle et conseille des opérations entraînant des dépôts, des échanges, des placements, des conversions ou tous les autres mouvements de capitaux. La deuxième étape porte sur la confrontation entre le contenu du questionnaire et la réalité sur le terrain. Les établissements financiers, banques, les micro-finances, les agences de transfert et changeurs de monnaie sont particulièrement impliqués. Situés au cœur des échanges financiers, ils contribuent à la détection d’opérations qui pourraient constituer des actes de blanchiment ou de financement du terrorisme.

Pour cette évaluation, le point focal du Congo, l’Anif, a sélectionné les meilleures. Selon cette agence, le choix détermine la note. « La revue des experts sur place se terminera en mars 2015. La fin dépend de notre capacité d’être forts ou faibles. Dans le second cas, on devra corriger les imperfections le plus vite possible pour laisser la place au pays suivant. », a expliqué le directeur général de l’Anif, André Kanga.

Les banques, cibles de l’Anif

L’Anif travaille le plus souvent avec les banques auprès desquelles converge tout flux financier. En plus, elles ont en leur sein des logiciels anti- blanchiment. Ces outils signalent sur le   client si le flux dépasse le volume de son activité. Si tel est le cas, la banque doit informer l’Anif après avoir bloqué le compte. À son tour, l'Anif saisit le procureur de la République. Cette évaluation est importante pour le Congo ( les autres pays ne la connaissent pas encore). Après cette épreuve, le pays pourra adhérer au groupe mondial Egmont qui rassemble toutes les cellules des renseignements financiers à travers le monde. Elle compte 135 pays.  

« L’enjeu est de faire partie de la coopération internationale et de montrer qu’on a un dispositif qui peut permettre de lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme  qui est déjà enclenché au niveau international », a expliqué André Kanga. «  Il ne faut pas que nos pays deviennent comme des bases arrières. Il faut entrer dans ce moule mondial, avoir la technicité et échanger les expériences avec les autres. Tous les pays doivent coopérer. Le phénomène est dangereux et prend de l’ampleur », a-t-il ajouté.

Le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive constituent des menaces pour la sécurité mondiale et l’intégrité du système financier. Notons que le blanchiment d’argent est un processus consistant à intégrer les produits financiers issus des activités illégales. En un mot, il consiste à occulter la provenance des fonds et à éviter la détection par les autorités et les organismes de règlement.

Programme des rencontres de Brazzaville 

22 septembre : 2ème  module de formation des évaluateurs couplé au séminaire de lancement de l’évaluation mutuelle du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme de la République du Congo ;

23 septembre : réunion du Groupe de Revue des Experts (GRE) ;

24 et 25 septembre : réunion de la Commission technique ;

26 septembre : plénière des Agences Nationale d’Investigation Financières (ANIF) des six Etats membres de la Cémac.

La cérémonie d’ouverture de ces évènements sera placée sous les auspices du ministre d’État, Gilbert Ondongo. 

Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

Photo : photo de famille, Anif et l’association professionnelle des établissements de crédit