Lucien Ebata : « les discussions avec le FMI permettront de connaître le taux réel de la dette nationale par rapport au PIB »

Mercredi 27 Septembre 2017 - 19:00

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Le conseiller spécial du chef de l’Etat aux financements extérieurs, président du comité technique de la commission chargée des négociations avec le Fonds monétaire international, Lucien Ebata, estime que les discussions relancées le 26 septembre dernier avec le Fonds permettront de connaître le taux réel de la dette publique par rapport au Produit intérieur brut (PIB).

Les Dépêches de Brazzaville(LDB) : Le Congo a repris les discussions avec le FMI. Que peut-on attendre de celles-ci ?

Lucien Ebata (LE) : Le FMI est là dans le contexte économique et financier difficile que vous connaissez. Cela fait suite aux conclusions de la réunion des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), tenue le 23 décembre 2016, qui avait fixé un certain nombre d’objectifs. Parmi ceux-ci, il y a les discussions bilatérales que le Fonds devrait avoir avec chaque pays pour examiner la possibilité de faire des ajustements et donc d’avoir un appui budgétaire.

 Le FMI est à sa troisième visite après la réunion des chefs d’Etat de décembre dernier. Nous attendons que ces discussions puissent faire une analyse sur la viabilité de la dette. Contrairement à ce qui est annoncé par les médias, cette fois-ci, nous allons pouvoir arriver aux conclusions qui puissent nous permettre de connaître le taux réel de la dette du Congo versus le Produit intérieur brut (PIB).

LDB: Il y a quelques mois certains médias parlaient de ce que le Congo avait caché une partie de sa dette au FMI. Qu’en dites-vous ?

LE:Personne parmi nous n’est au courant du moment où le Congo avait caché sa dette au FMI. Parce qu’il y a eu des équipes du ministère des Finances qui se sont rendues au FMI pour lui partager la gravité, la sensibilité de la situation. La dette que d’aucuns estiment cachée, n’était que celle dont les éléments ont été partagés par les autorités congolaises au FMI en juin dernier. Donc, la dette des traders.

Je ne sais pas pour quelle raison on dit qu’il y a une dette que nous avons cachée. A ce que nous sachions à aucun moment personne au FMI n’est venue vers nous pour dire qu’il y a une dette qui serait cachée. Parce que toutes les informations que le Fonds possède lui ont été transmises par le Congo.

LDB: Le Congo se montre déterminé à conclure un programme avec le FMI. Pensez-vous qu’il pourra atteindre cet objectif ?

LE: Le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, avait, dans son adresse à la nation (en août dernier NDLR), indiqué au peuple congolais qu’une mission du FMI allait arriver et qu’on allait discuter dans le but d’entreprendre les négociations. Donc, il avait déjà exprimé son engagement à cet effet.

L’engagement du chef de l’Etat et du Premier ministre, Clément Mouamba, qui a également abordé dans le même contexte et toutes les réunions successives qui ont eu lieu après la rencontre des chefs d’Etat du 23 décembre 2016, concourent vers un même objectif : celui de négocier avec le Fonds pour pouvoir arriver à un programme, et donc à l’appui budgétaire. Mais, avant cela, il faut qu’il y ait un cadrage macroéconomique qui soit fait au terme de toutes les discussions techniques qui vont être menées.

LDB: Le Congo est-il en mesure de mettre en œuvre les mesures d’ajustement qui seront préconisées dans le cadre des négociations avec le FMI ?

LE: Le Congo est un membre du FMI. Il ne s’agira pas des recommandations ou des conclusions à sens unique. C’est de la négociation qui se fait entre le Congo et le FMI. Ces négociations ne vont pas sacrifier la question sociale ; elles vont préserver les acquis sociaux, les salaires et autres situations sociales du Congo. Je ne vois pas pourquoi on ne devrait pas travailler avec le Fonds dans le but d’améliorer la situation macroéconomique de notre pays.

LDB: Les Congolais attendent beaucoup de cette mission du FMI. Que leur dites-vous ?

LE: Les Congolais doivent être rassurés que le gouvernement travaille pour eux. Le chef de l’Etat a montré sa détermination en annonçant les négociations afin de conclure un programme avec le FMI qui tienne compte des intérêts des Congolais. La question sociale et les acquis sociaux doivent être préservés. Vous pouvez être rassurés que les équipes technique et politique de la commission qui a été mise en place veilleront à ce que soient préservés avant tout les intérêts du peuple congolais.   

Propos recueillis par Christian Brice Elion

Légendes et crédits photo : 

Lucien Ebata (photo Adiac)

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