Les économies africaines doivent exploiter plus efficacement les marchés mondiaux pour monter en puissance, selon la BADMercredi 21 Mai 2014 - 15:50 Selon le dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique, publié à l’occasion des assemblées de la Banque africaine de développement (BAD) qui ont lieu à Kigali, au Rwanda, du 19 au 23 mai, l’Afrique pourrait transformer son économie et réaliser une véritable percée en matière de développement à condition de mieux s’intégrer dans la production mondiale de biens et de services Réalisé conjointement avec le centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le rapport 2014 dresse le bilan d’une « Afrique résistante aux chocs intérieurs et extérieurs et sur le point de connaître une solide croissance économique ». La croissance du continent devrait s’accélérer à 4,8% en 2014 pour atteindre 5 à 6% en 2015, des niveaux jamais atteints depuis la crise économique mondiale de 2009. Le rapport salue la diversification de la croissance économique africaine, tirée par la demande intérieure, les infrastructures et des échanges de produits manufacturés de plus en plus soutenus à travers le continent. Pour le chef économiste et vice-président de la BAD, Mthuli Ncube, si les pays africains veulent inscrire la croissance économique dans la durée et s’assurer qu’elle profite au plus grand nombre, ils doivent poursuivre leurs efforts visant à restaurer les soupapes du moteur économique et continuer à gérer les facteurs macroéconomiques avec précaution. « La moindre imprudence de leur part peut nuire aux perspectives de croissance », avertit-il, ajoutant que les pays africains devraient considérer sur le moyen et le long terme l’opportunité de contribuer aux chaînes de valeur mondiales comme une composante intégrante de leur stratégie pour une croissance robuste, durable et inclusive. Selon les auteurs du rapport, une participation plus efficace aux chaînes de valeur régionales et mondiales pourrait servir de tremplin à l’Afrique pour diversifier son économie, mobiliser ses ressources intérieures et investir dans les infrastructures critiques. Pour y parvenir, l’Afrique doit toutefois éviter de s’enliser dans des activités à faible valeur ajoutée. Si les exportations africaines à destination du reste du monde ont augmenté plus rapidement que celle des autres régions en 2012, par exemple, elles sont restées malheureusement dominées par les produits de première nécessité qui n’ont pesé que 3,5% dans les exportations mondiales de marchandises la même année. Contourner cet écueil implique d’investir dans de nouveaux secteurs plus productifs, de développer les compétences, de créer des emplois, d’acquérir de nouvelles technologies, savoirs et informations sur le marché. Ce qui exige des pouvoirs publics des politiques saines, une volonté et une capacité de concourir à l’obtention de tels bénéfices de la part des entrepreneurs. Le rapport prend l’exemple de l’Afrique du Sud qui est parvenue à redresser son industrie automobile après avoir éliminé les obstacles et proposé des mesures incitatives à l’égard des producteurs. Il montre également que le développement des chaînes de valeur agroalimentaires au Ghana, au Kenya et en Éthiopie a concouru à la création d’emplois et servi de moteur pour la croissance économique. Pour le directeur du centre de développement de l’OCDE, Mario Pezzini, les politiques doivent s’articuler dans le cadre d’une stratégie ciblée qui encourage une transformation économique et sociale plus équitable, ainsi qu’un développement rationnel sur le plan écologique. Le rapport souligne les progrès remarquables réalisés dans le développement humain qui se traduisent par des taux de pauvreté plus faibles, une hausse des revenus et de meilleurs taux de scolarisation et de couverture médicale. Il conclut également que ces avancées passent par l’autonomisation des citoyens et la viabilité environnementale afin que tous puissent en tirer parti. Noël Ndong |