Les cours du marché : quelle politique pour le coco ?Jeudi 27 Février 2014 - 19:01 Le Bassin du Congo constitue le deuxième grand massif de forêts tropicales denses et humides au monde. Avec près de 235 millions d’hectares, outre le bois d’œuvre, il regorge de nombreux produits forestiers non ligneux (PFNL). En Afrique centrale, 80% de la population utilisent ces produits pour satisfaire leurs besoins de subsistance et comme source de revenus et d’emploi. Tel est le cas du gnetum africanum, appelé coco au Congo Poussant à l’état naturel dans les zones forestières, le coco est disponible dans la majorité des départements du Congo. Cependant, ce sont les plus grands bassins qui alimentent régulièrement le marché local, voire international (pour des ressortissants africains ou congolais). Il s’agit de la zone d’Abala (Plateaux) qui approvisionne à 60% les marchés de Brazzaville. Viennent ensuite Madingou-Kayes et ses environs qui envoient leurs récoltes à Pointe-Noire. Les départements de la Lékoumou, de la Cuvette-Ouest, de la Sangha et de la Likouala constituent aussi de grands foyers de production, même si, à cause de leur éloignement, le produit n’arrive pas à Brazzaville. La commercialisation Dans le cadre du projet renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique, la coordination du PFNL du Congo avait mis en place vingt groupements d’intérêt communautaire, notamment à Abala et à Madingo-Kayes. Leur mission : fournir la marchandise aux acheteurs potentiels, pour les marchés national et international. « Lors des séances de vulgarisation de la politique de domestication, nous avions décidé de faire passer le prix du paquet de 50 à 100 FCFA pour permettre aux villageois de se retrouver. Rester dans la forêt pendant trois à quatre jours pour amasser le coco est un travail pénible », a souligné le coordonnateur national. Quand le marché étranger prime sur le local Prisé par les pays de la sous-région, le coco de la République du Congo est exporté presque chaque jour vers la République démocratique du Congo, l’Angola, le Bénin et le Nigeria. Des centaines de tonnes de coco sont aussi envoyées vers des pays de l’Union européenne (France, Belgique, Grande-Bretagne) et les États-Unis pour les consommateurs africains. « Quand le coco est disponible, cinq paquets sont vendus 1 000 FCFA. Par contre, lorsqu’il se fait rare, trois paquets reviennent à ce prix et cinq paquets sont vendus à 2 000 FCFA. D’où la difficulté de trouver du coco à 50 FCFA », a expliqué Jeanne, une vendeuse au marché Thomas-Sankara. « En plus, ce sont les grossistes qui viennent de l’étranger qui sont privilégiés parce qu’ils passent leurs commandes en avance aux groupements des paysans. Pour avoir ne serait-ce que 10 paquets à vendre aujourd’hui, je me suis vraiment battue », s’est plainte une vendeuse au marché d’Ouenzé. En réalité, faute d’une mercuriale fixant les prix officiels de vente de ce produit, les fournisseurs des marchés se « remplissent les poches » en augmentant les prix à leur guise. « Une mercuriale est en cours d’élaboration. Elle permettra de fixer les prix et d’évaluer la quantité de coco qui sera exportée », a indiqué le chef du bureau conditionnement et conservation des PFNL, Ewossaka Arsène. Existe-t-il une méthode de conservation du coco ? Cette question reste entière au Congo, car aucune méthode d’entretien n’a encore été développée pour permettre aux commerçants de stocker leurs marchandises durant des jours. Engagé à encadrer la population locale sur la domestication du gnetum, le ministère de la Recherche scientifique devrait s’inspirer de l’expérience camerounaise. Le coordonnateur national du PFNL, Félix Koubouana, déconseille d’étaler le coco à l’air libre et propose plutôt de le couper et le sécher au soleil. « C’est de cette manière que les autres conservent le coco. Bien emballé sous cette forme hachée, le coco peut mieux se conserver et atteindre ainsi certains marchés éloignés. » Une expérience de domestication réussie Comme toute ressource naturelle, le coco est appelé à s’épuiser. Dans le souci de sécuriser la ressource et de la rendre pérenne, une formation sur la domestication a été organisée en août-septembre 2011 par la FAO au bénéfice des populations des sites pilotes du projet : Abala et Madingo-kayes. À l’issue de cette sensibilisation, deux pépinières ont été créées avec pour tâche d’alimenter les groupements d’intérêt communautaire qui désirent planter du gnetum. Ainsi, la pépinière d’Abala compte-t-elle actuellement 471 plants sevrés, et 97 plants sont présents dans le propagateur de sevrage. Celle de Madingo-Kayes compte environ 600 plants. Le coordonnateur national des PFNL a relevé que si des moyens financiers étaient disponibles, cette formation se poursuivrait dans d’autres départements. Lopelle Mboussa-Gassia Légendes et crédits photo :Photo : Un échantillon de coco. (© DR) |