Le Vatican veut engager le débat sur l'extraction minière

C’est une conférence originale que le Vatican va organiser samedi, car elle sort des thèmes de réflexion que l’Église catholique aborde de temps en temps. L’activité minière mondiale, ses défis et ses problématiques, tel est le centre d’intérêt de la rencontre qui s’annonce avec fracas. Initiative du Conseil pontifical Justice et paix, dont le président est l’un des Africains les plus en vue au Vatican, le cardinal ghanéen Peter Appiah Kodwo Turkson, cette conférence est l’aboutissement logique de réflexions menées ici et là par des évêques et des conférences épiscopales autour des dommages importants que cause l’extraction des minerais en Afrique et pas seulement.

Pendant longtemps, seul le pétrole a été mis à l’index et notamment pour les déséquilibres sociaux que pouvait induire son extraction, rarement pour les dommages à l’environnement. Il se trouve de plus en plus de consciences africaines pour dénoncer aujourd’hui les graves injustices que suscitent les mines d’or, les puits artisanaux de coltan, de diamant ou les pollutions et problèmes sanitaires liés à l’extraction d’uranium au Gabon ou au Niger. Pour l’Église catholique, beaucoup de guerres ont été suscitées ou sont entretenues avec l’argent de ces industries souvent illicites, au point d’inviter à localiser les points d’extraction des minerais pour situer les lieux de conflits africains.

La persistance de la guerre à l’est de la République démocratique du Congo serait l’illustration de cette donnée, selon elle. Vrai ou faux, le problème y a bien ses racines. Mais ce que le Vatican a obtenu avec la conférence de samedi, c’est une pleine adhésion des majors de l’industrie extractive minière mondiale souvent accusés de s’en mettre plein les poches et de ne pas s’occuper du reste. Ils veulent, eux aussi, participer à la recherche des solutions. Ainsi Anglo American, AngloGold Ashanti, la société Areva, Baker Hughes, BHP Biliton, Curis, Fortescu, Rio Tinto et même la China Minmetals corporation ou Zamin Resources annoncent leur participation.

Ils vont confronter leurs points de vue avec ceux des experts et représentants d’institutions spécialisées de l’Église catholique comme Caritas Internationalis (qui centralise la charité catholique), Oxfam America (organisme de lutte contre la faim dans le monde), et des centres de réflexion spécialisés comme le Conseil mondial de l’or ou des Mines et métaux qui seront également présents.

Le texte d’annonce de cette conférence d’une journée précise qu’au début des travaux, les parties prenantes diffuseront un texte conjoint. Elles devraient y proclamer leur volonté de poursuivre une activité aussi essentielle à la santé économique de la planète, dans le souci d’en faire des points de prospérité. La rencontre du Vatican fait suite à d’autres réflexions du genre ayant visé l’analyse des trop nombreux problèmes que suscite ici et là la poursuite de l’activité minière. Un accent sera particulièrement mis sur le défi de la sauvegarde de l’environnement, un sujet sur lequel l’Église catholique commence à prendre une position en pointe.