Le pape veut secouer les décideurs économiques afin qu’ils combattent la pauvretéMercredi 22 Janvier 2014 - 17:10 Le chef de l'Église catholique rappelle, au Forum économique mondial de Davos, que la richesse doit servir le monde, pas le gouverner C’est une délégation « poids lourd » que le Vatican a dépêchée vers la ville suisse de Davos où se tient depuis mercredi, comme chaque année, le Forum économique mondial. Conduite par le cardinal ghanéen Peter Kodwo Turkson, président au Vatican du Conseil (ministère) pontifical Justice et Paix, la délégation comprend aussi le cardinal nigérian John Onayekan ou encore l’archevêque de Dublin (Irlande), Diarmuid Martin, grand spécialiste des questions de développement qui a longtemps été un conseiller des papes au Vatican. Complète la délégation catholique le cardinal de Manille (Philippines), c’est-à-dire le pays le plus catholique de l’Asie. Ainsi caractérisée, une telle délégation ne pouvait être porteuse que d’un message lui aussi de poids. Un message dans lequel le pape François invite directement les décideurs économiques mondiaux à réfléchir profondément sur les causes véritables de la crise qui vient de toucher la planète. Alors que les effets de cette crise ne font que s’esquisser ici ou là, le souverain pontife précise que son message se veut une contribution à la nécessaire réflexion d’ensemble, attirant l’attention notamment sur le thème lancinant de la pauvreté. La pauvreté a, certes, reculé dans diverses parties du monde, relève le pape, mais elle reste un sujet de grave préoccupation pour un nombre non indifférent de personnes sur la planète. Pour lui, la recherche du bien commun « devrait empreindre tout choix politique et économique », alors qu’il « semble parfois n’être qu’un rajout pour compléter un discours. On ne peut tolérer que des milliers de personnes, chaque jour, meurent de faim, alors que des quantités considérables de nourriture sont disponibles et souvent simplement gaspillées », dénonce le chef de l’Église catholique. « Ce qu’il faut, poursuit-il, c’est un renouveau large et profond du sens de la responsabilité de la part de tous. Beaucoup d’hommes et de femmes peuvent servir avec davantage d’efficacité le bien commun et rendre plus accessibles à tous les biens de ce monde. Cependant, la croissance de l’équité demande quelque chose de plus que la croissance économique, bien qu’elle la suppose. Elle exige avant tout “une vision transcendante de la personne” puisque “sans la perspective d’une vie éternelle, le progrès humain demeure en ce monde privé de souffle” », rappelle le pape argentin, citant notamment son prédécesseur, Benoît XVI. « Cela demande aussi des décisions, des mécanismes et des processus tournés vers une distribution plus équitable des richesses, la création d’opportunités de travail et une promotion intégrale des pauvres qui dépasse le pur assistanat », précise le pape. Avant de bénir les travaux de Davos et de prier pour leur succès, le pape François qui dit ne pas vouloir « ignorer la spécificité scientifique et professionnelle de chaque situation », appelle les participants au Forum à « faire en sorte que la richesse soit au service de l’humanité au lieu de la gouverner ». Lucien Mpama |