L’après-concertations nationales: « Joseph Kabila doit s’approprier les résolutions prises et veiller à leur application ».

Lundi 21 Octobre 2013 - 18:15

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Tout en relativisant l’approche liée à la cohésion nationale qui demeure une gageure, le secrétaire général du MLC, Thomas Luhaka, estime que le plus important « est que tous les Congolais se sentent concernés par ce qui se passe dans leur pays ».

À la veille du discours très attendu du chef de l’État prévu pour le 23 octobre devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) tente de commenter le sujet en livrant la position de son parti en rapport avec l’évènement. Pour Thomas Luhaka qui s’exprimait lundi dans un média local, son parti politique attend deux choses: que Joseph Kabila puisse s’approprier les résolutions issues des concertations nationales et qu’il s’engage à veiller à leur application. Tout en estimant que ce débat démocratique a notamment permis de mettre sur la table des pistes de solution susceptibles de sortir le pays du gouffre, il relativise cependant sur l’approche liée à la cohésion nationale qui demeure une gageure. Le plus important, estime-t-il, « est que tous les Congolais se sentent concernés par ce qui se passe au pays ».

La difficulté, précise-t-il, tient au fait que nombre des partis politiques, tant de la majorité que de l’opposition, n’ont pas le même entendement du dialogue incarné par les fameuses concertations nationales. Pour le MLC, il s’est agi de se mettre ensemble en dressant l’état des lieux du pays avec, en toile de fond, la formulation des critiques sur le fonctionnement de l’État devant aboutir à la recherche des pistes de solution pour une requalification des méthodes de gestion. Une approche que ne partagent pas l’UNC, l’UDPS et d’autres partis de l’opposition qui tenaient à faire des concertations nationales un tribunal politique censé vider les contentieux électoraux de 2011 qui, à leurs yeux, restent entiers. Une façon de régénérer des scenarii déjà expérimentés tels que la Conférence nationale souveraine (CNS) ou encore le Dialogue inter congolais de Sun City lesquels ont abouti à des engagements et des garantis pris par des acteurs politiques congolais sous la houlette de la communauté internationale.

Pour Thomas Luhaka qui refuse de s’inscrire dans des tels schémas, 2011 étant déjà bien loin, l’enjeu aujourd’hui consiste à laisser Joseph Kabila terminer son mandat de cinq ans jusqu’à l’horizon 2016 et se préparer aux prochaines échéances électorales tout en espérant que, entre-temps, le processus électoral sera amélioré. Faire les choses autrement en forçant un compromis politique sur la base de nouveaux arrangements, pense-t-il, poussera inévitablement à une transition en attendant l’organisation des nouvelles élections avec comme conséquence la mise en veilleuse du processus démocratique et le prolongement de facto du mandat de Joseph Kabila.                   

Ce proche collaborateur de Jean Pierre Bemba dénonce, par ailleurs, cette vile pratique consistant à faire de la RDC la chasse-gardée d’une certaine aristocratie qui gère le pays à tour de rôle au mépris du principe d’alternance censé réguler un État démocratique. Jusque-là, fait-il remarquer, le pays est sous la coupe des groupes d’amis qui le gèrent conformément à leurs propres intérêts à l’image de la deuxième République sous le règne du défunt Maréchal Mobutu et de l’époque de Mzee arrivé avec ses lieutenants bombardés à divers postes. Ce cadre du MLC pense que l’histoire se répète lorsqu’il considère l’appropriation de la RDC par la majorité AMP-PPRD et alliés qui ont tendance à privatiser l’État. D’où, estime Thomas Luhaka, Joseph Kabila devra, au cours de son discours du mercredi, donner des signaux forts pour dire « non » à ces mœurs politiques tout en martelant sur le fait que la gestion du pays n’est pas le seul apanage d’une clique d’individus, mais une affaire de tout le monde. Par ailleurs, la formule « Gestion consensuelle » de l’État brandie ces temps derniers semble ne pas émouvoir Thomas Luhaka qui estime qu’on n’est pas obligé d’être membre du gouvernement pour se sentir concerné par la gestion de la res publica.  

Enfin, concernant l’implication du gouvernement dans le processus de libération du sénateur Jean Pierre Bemba tel que recommandé par les concertateurs, Thomas Luhaka précise que l’exécutif national est bien dans son rôle. Les institutions de la République devraient s’engager à faire le suivi du dossier en veillant à ce que les choses se déroulent de manière orthodoxe, sans interférence.       

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Thomas Luhaka