La lutte contre la faim dans le monde a besoin des efforts de tous

Vendredi 30 Mai 2014 - 17:06

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Pour Mani Tese, organisation non gouvernementale, aider la planète à se nourrir passe aussi par la lutte de tous contre le gaspillage

Si le réchauffement climatique est désormais dans la conscience mondiale et la lutte contre ses effets un combat partagé, les moyens pour y arriver ne passent pas tous par de coûteuses politiques écologiques. C’est ce qu’affirme l’ONG italienne Mani Tese (Mains tendues, en italien), qui, graphiques et courbes à l’appui, soutient que même les gestes les plus anodins peuvent contribuer à lutter contre la faim. Parce que, plus que jamais, modes de consommation et effets durables sur l’environnement sont de plus en plus liés.

Textes, graphiques, chiffres et illustrations produits par l’organisation montrent avec netteté la corrélation, par exemple, entre le gaspillage et la lutte contre la faim. Car ce n’est pas parce que la ville de New York, aux États-Unis, par exemple, est située à plusieurs milliers de kilomètres de Bamako que la manière de vivre de l’une n’a pas d’implication dans l’existence au quotidien de l’autre.

Chaque année, un tiers des aliments produits ou importés dans les pays riches finissent dans les poubelles. Soit que leurs délais de péremption n’en permettent plus la consommation, soit qu’une fois sur les marchés des nations développées, ils sont jugés non conformes à leurs standards. Mais pour produire ces biens, agricoles ou manufacturiers, le monde doit consommer 250 milliards de litres d’eau. C’est la quantité dont New York aurait besoin pour satisfaire au quotidien ses besoins en eau domestique pour les 120 prochaines années !

Les biens agricoles ainsi gaspillés ont été produits sur 1,4 milliard d’hectares de terre, soit 30% de la superficie totale des terres arables dans le monde. On sait que, progressivement, le monde entre dans une phase de stress foncier. Cette réalité est aussi synonyme de 3,3 milliards d’anhydrides carboniques de plus rejetés dans l’air (qui n’a ni passeport ni carte d’identité) pour lesquels il faudra « brûler » 750 milliards de dollars américains pour en contrer les effets de serre.

Cela équivaut au produit intérieur brut de la Suisse, affirme Mani Tese ! C’est un prix trop élevé à payer si l’on veut résolument s’attaquer au problème de la faim dans le monde qui affecte près d’un milliard d’individus. Car produire les causes des sécheresses, des trop persistantes pluies, des érosions et des acidités des terres d’un côté de la terre alors qu’ailleurs on réclame précisément de l’eau (ou moins d’eau) est carrément du non-sens. Cela revient à cracher en l’air.

Tout comme la FAO, l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, Mani Tese estime donc que le gaspillage des biens peut se contrer dès qu’ils franchissent la porte et les bénéfices de cette lutte s’étendre à la planète. Les chiffres comparatifs montrent d’ailleurs que ce qui est rejeté ici pourrait sauver bien des vies là, sans même parler des effets induits par le rejet et la résorption des nourritures envoyées à la poubelle. L’Afrique rejetterait chaque année 6 kg de nourriture par an et par personne ; les Européens, 95 kg, et les Américains du nord… 115 kg. Il y a du bon sens à rattraper !

Lucien Mpama