La FAO veut mobiliser contre la jaunisse de la banane

Lundi 14 Avril 2014 - 19:25

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La maladie jadis disparue, a tendance à revenir au galop. L’agence des Nations Unies affirme qu’elle est déjà en progression en Afrique

Cela peut sembler incroyable mais une maladie touchant à la banane serait une menace sérieuse contre la sécurité alimentaire de la planète. L’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’alimentation, la FAO basée à Rome, estime que l’épidémie de jaunisse de la banane en cours constitue une menace à prendre au sérieux. La jaunisse de la banane, appelée jaunisse fusarienne, est des plus virulentes. Or la banane est un fruit consommé dans les cinq continents ; des pans importants de l’économie mondiale reposent sur sa production et son exportation.

Le Dr Gianluca Gondolini, secrétaire du Forum mondial de la banane auprès de la FAO est très clair : « Toute maladie ou contrainte qui touche les bananes, frappe une importante source de nourriture, de moyens d'existence, d'emploi et de recettes publiques. » D’où l’alarme de la FAO qui invite les pays producteurs à « intensifier la surveillance, la notification et la prévention » de la maladie qui s'est d'ores et déjà « propagée de l'Asie à l'Afrique et au Moyen-Orient et menace de s'étendre aux pays d'Amérique Latine ».

Même si pour l’instant le plus gros des producteurs à grande échelle que sont des pays comme la Colombie ou l’Equateur n’est pas encore atteint, l’avancée du mal ne laisse aucun doute : sans mesures rapides de prévention, les bananeraies du monde sont à risque. Il est précisé que la maladie ne représente pas un danger pour la santé de l’homme, mais qu’elle réduit fortement la production du bananier. En plus, est-il souligné, la souche dite TR4 de la maladie qui se développe actuellement, infecte plus particulièrement les bananes Cavendish, plus connues au Congo sous le nom de « gros-michel » ou de « banane-dessert ».

Or c’est cette variété qui est la plus commercialisée au monde. La jaunisse fusarienne se transmet à travers le sol par le biais d'un champignon qui peut survivre pendant des décennies, disent les scientifiques. Seule parade pour l’instant : éviter le transbordement des plants infectés et les va-et-vient des personnes et même des véhicules à travers les champs malades. Cela peut éviter la contamination des surfaces saines. La FAO a d’ores et déjà prévu des rencontres de concertation de haut niveau au Kenya et en Afrique du Sud dans les jours qui viennent pour ce qui est du continent africain. D’autres sont programmées pour l’Asie et les Amériques.

L’organisation rappelle avec insistance : « la banane est la huitième culture alimentaire mondiale, la quatrième dans les pays moins avancés. » Aussi la jaunisse fusarienne, également appelée ‘maladie de Panama’, doit-elle être contrée au plus vite. Une épidémie à l’échelle mondiale se traduirait par « de sérieuses conséquences pour les planteurs, les négociants et les familles qui tirent leurs moyens d’existence de la filière bananière », estime le Dr Fazil Dusunceli, phytopathologiste de la FAO.

Il n’y a pas que les grandes multinationales, surtout cantonnées au Kenya, en Afrique du Sud, en Amérique latine et dans les Caraïbes qui sont concernées. Le petit planteur de village peut aussi, sans le savoir, propager la maladie si on n’y prend garde. La banane, objet de tractations ardues pour les pays dits ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) entre pour 19% dans les importations européennes de cette zone. Elle est au centre d’un accord de préférence avec l’Union européenne qui a tendance toutefois à privilégier de plus en plus les autres provenances.

Dans la sous-région, des pays comme le Cameroun (exportation), le Burundi, l'Ouganda et surtout le Rwanda, ont la banane comme aliment de base. Elle entre dans la composition de breuvages alcoolisés comme la bière de banane. La diversité et la variété de ce fruit va de la banane naine et verte à la banane dodue violette, dite des missionnaires anglais en passant, bien entendu, par la banane plantain. Au Congo, la Vallée du Niari est la terre de prédilection de cette dernière variété même si, en principe, tous les sols du pays se démontrent propices à sa culture. Des plants améliorés et résistants sont actuellement en cours de distribution.

 

Lucien Mpama