La faim en nette régression dans le monde, mais…

Mardi 16 Septembre 2014 - 20:00

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L’objectif de diminuer de moitié le nombre des affamés d’ici à 2015 ne sera pas atteint mais la tendance amorcée depuis 20 ans est à accentuer

Faut-il voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine? Les données libérées par le dernier rapport annuel FAO-PAM-FIDA, mardi, incitent surtout à redoubler d’efforts, puisque mourir de faim dans une planète qui n’a jamais autant produit des biens de consommation est un paradoxe qui ne peut laisser les consciences tranquilles. En dix ans, le nombre de personnes souffrant de la faim a bien diminué de 100 millions depuis une décennie, et même de 209 millions depuis  20 ans.

Mais il ne s’agit là, à peine, que de la population réunie de trois à quatre pays africains. Ces résultats, soulignent les experts de la FAO réalistes, ne permettront pas d’atteindre l’objectif de diminuer de moitié d’ici à 2015 le nombre des personnes qui dorment sans rien dans le ventre chaque soir. Le monde en compte encore 800 millions : toujours trop ! « Nous pouvons faire beaucoup plus », reconnaît la FAO.

« Il nous faut intensifier nos efforts en direction des populations les plus isolées », car en Afrique sub-saharienne notamment, « une personne sur cinq souffre encore de la faim », rappelle Ertharin Cousin, directrice générale du  Programme alimentaire mondial(PAM) ayant lui aussi, comme les deux autres organismes, son siège à Rome. Pour Mme Cousin, pour éradiquer totalement la faim dans le monde, il faut affronter « les conflits qui se transforment en crises alimentaires, comme c'est le cas en Irak, en Syrie, au Soudan du Sud et en Centrafrique ».

Les organismes de l’ONU attirent aussi la sonnette depuis quelques temps sur les graves dommages que causera à la sécurité alimentaire en Afrique l’expansion de l’épidémie du virus Ebola. « L'urgence sanitaire due au virus Ebola, qui affecte la Guinée, le Nigeria et la Sierra Leone », devient peu à peu une crise alimentaire qui affecte quelques 1,3 million de personnes, indique-t-on.

Mais, pour une fois, toute les mauvaises nouvelles et les mauvais chiffres ne se concentrent pas sur la seule et unique Afrique de toujours. Le continent présenterait même un tableau global en amélioration constante concernant la lutte contre la faim, même si les quelques bons exemples ne doivent pas cacher la masse des autres pays qui peinent à nourrir leurs propres populations. Le Malawi s’est hissé, à coup de volontarisme politique, au tableau de l’excellence.

FAO, PAM et Fida soulignent que ce pays, « grâce à un gros investissement dans l'agriculture, a diminué la part de sa population souffrant de la faim de 45 à 20% ».  Et cela même si par ailleurs, malnutrition et retards de croissance « affectent encore la moitié des enfants de moins de 5 ans », selon Mme Cousin. Mais il reste louable que les efforts engagés dans un pays où 84% de la population vit dans les campagnes, ont permis les résultats notables  fortement augmenter la production de maïs, base alimentaire vitale des Malawites.

Le directeur de la FAO, M. Graziano da Silva, insiste : pour vaincre la faim il faut un engagement politique fort comme cela s’est vu en Amérique latine. Et particulièrement dans son pays, le Brésil, où « la famine n'existe plus grâce à une politique nationale cohérente malgré les changements de gouvernements ». Ainsi, l’engagement politique doit aussi se mettre au service de la stabilité. Car, a relevé le vice-président du FIDA John McIntire, les gens qui souffrent de la faim « n'ont  besoin ni de pitié, ni de charité, mais de sécurité pour travailler et cultiver leurs terres ».

Lucien Mpama