La disparition des ceintures maraîchères à Brazzaville joue sur le coût de la vie

Mercredi 23 Juillet 2014 - 19:03

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Depuis le début des travaux de construction des échangeurs, les ceintures maraîchères du nord au sud ont été complètement détruites. L’approvisionnement notamment en légumes est devenu un casse-tête pour les commerçantes. D’où la rareté et la cherté des produit sur le marché

Les quelques champs qui résistent encore dans la zone nord ne suffisent pas à la demande des consommateurs. Ces ceintures maraîchères alimentaient tous les marchés de Brazzaville. Du coup, des champs aux marchés, les prix ont doublé voire triplé.

« Le sillon de légumes qu’on achetait à 10 000 FCFA ou 15 000 FCFA est actuellement vendu à 30 000 voire 35 000 FCFA. Comme je ne peux pas acheter à ce prix, je suis obligée d’aller m’approvisionner au marché Total où je peux trouver un petit paquet à 700 FCFA », explique une commerçante du marché Massa, exprimant son désarroi.

« C’est avec peine si je retire un revenu à cause des pertes dues aux invendus. On a l’impression que nos clients préfèrent désormais consommer du coco à la place des légumes », renchérit une autre.

Autrefois vendu à 100 FCFA, le prix d’un petit paquet de légumes est passé à 200 FCFA, et n’est plus accessible à toutes les bourses. La consommation de légumes est-elle désormais réservée aux familles nanties ?, s’interroge une ménagère : « Actuellement, pour nourrir mes cinq enfants, je dépense au moins 1 000 FCFA pour acheter des légumes. Avant, je les achetais à 300 FCFA car je m’approvisionnais directement dans les jardins. »

Actuellement, les marchés de la ville de Brazzaville sont livrés en légumes en provenance de Djiri, situé dans l’arrondissement 9 de Brazzaville, et d’autres zones périphériques.

Cette situation apparaît comme un obstacle aux mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la vie chère. La solution pourrait consister à délocaliser sur un autre site pour permettre aux agriculteurs de relancer leur activité et d’approvisionner Brazzaville comme auparavant.

Les indemnités ne répondent pas aux attentes

Outre la disparition des ceintures maraîchères, un autre problème se présente. Le gouvernement, avant de commencer les travaux de construction des échangeurs, a indemnisé toutes les personnes ayant des activités dans ces différentes zones. Cependant, des quelques témoignages recueillis sur place, il ressort que l’État a fait une mauvaise évaluation des biens.

« Je n’occupais pas ce terrain gratuitement. Je l’ai acheté à un propriétaire foncier il y a vingt ans. C’est pourquoi, au-delà de l’argent qu’on donne pour compenser nos plantations, l’État devrait aussi rembourser l’argent de nos terrains », se plaint une maraîchère.

Et à une autre d’ajouter : « La somme que j’ai perçue est inférieure à ce qui était convenu lors de l’évaluation de mes plantations. Outre les légumes, j’ai des bananiers, des avocatiers, des manguiers, des safoutiers et bien d’autres plantations. C’est injuste ! »

L’agriculture figure au Plan national de développement du Congo. Elle est aussi considérée comme l’un des piliers de la diversification de l’économie nationale. Sur les 10 000 hectares de terres cultivables dont le Congo dispose, seulement 2% sont exploités. Cela explique sa faible contribution au produit intérieur brut (PIB) : de 15% au début des années 1960, elle est passée à moins de 8% dans les années 1980. Actuellement, on estime sa contribution au PIB à un pourcentage encore plus bas.

Lopelle Mboussa Gassia

Légendes et crédits photo : 

Quelques sillons de légumes en passe d'être détruits au niveau de la ceinture maraichère de Talangaï, au nord de la ville (© Adiac).