Interview. Sébastien Migné: "Mes joueurs ont répondu présents"Lundi 26 Mars 2018 - 20:00 Au lendemain de sa première victoire sur le banc du Congo, face à la Guinée Bissau le 25 mars (2-0), Sébastien Migné loue l'état d'esprit affiché par ses joueurs, malgré un stage compliqué. Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Coach, vous tenez enfin cette première victoire sur le banc du Congo, après le succès de dimanche face à la Guinée Bissau… Sébastien Migné (S.B.): Oui, après une semaine de péripéties, ce qui confirme qu’il n’y a pas de vérité absolue en football : on n'a pas eu la meilleure préparation possible et ça se termine par une victoire, alors qu’il nous est arrivé de mordre la poussière après de très bonnes préparations. C’est en tout cas une belle satisfaction de se remettre dans une bonne dynamique avant l'échéance de septembre. L.D.B. : A Mantes-la-Ville, on a vu des joueurs appliqués, un Thievy Bifouma décisif, un Prince Oniangué combatif, des entrants au niveau. Tout ne fut pas parfait, mais le bilan est positif ? S.B. : C’est ce que je veux retenir : le terrain, le comportement des joueurs, l’état d’esprit collectif… Vu l’état du terrain, il était compliqué de produire un meilleur jeu, mais dans les intentions et attitudes, c’était très satisfaisant. Mes joueurs ont répondu présents, avec deux buts inscrits par les leaders de l’équipe. Une belle preuve de caractère, car avec le scénario de la semaine, ils auraient pu lâcher prise. L.D.B. : Après vingt premières minutes difficiles, le Congo a eu des temps forts et au sein du collectif, on a vu de belles prestations de la part de Mboungou et Kibamba. Leur intégration réussie, c’est aussi un motif de satisfaction pour vous ? S.B .: C’est gratifiant de voir les jeunes pousses locales confirmer les attentes placées en elles. S’ils sont convoqués, c’est qu’ils en ont les qualités, mais ce n’est pas toujours évident de franchir les paliers. Jouer avec Bifouma, ce n’est pas la même chose que de jouer le Championnat d'Afrique des nations (Chan). Ils ont montré de très belles choses. S’il ne se perd pas en route, s’il fait les bons choix, je pense que Prestige Mboungou a un avenir très intéressant devant lui. Il a un gros potentiel, des qualités indéniables. Il ne doit toutefois pas oublier, comme un Mbappé ces derniers temps, de privilégier le collectif : avec un peu plus de lucidité, il aurait pu compter deux passes décisives pour Thievy, mais la deuxième fois, il a tenté sa chance au lieu de la donner. Il doit continuer à travailler, mais c’est clairement une bonne nouvelle pour le Congo d’avoir un tel jeune. L.D.B.: Rassurant sur les quelques occasions adverses, Christoffer Mafoumbi a souvent donné de la voix pour placer et encourager ses coéquipiers. On a l’impression qu’il a retrouvé sa place dans le groupe et sur le terrain. S.B. : Quel que soit l’adversaire, c’est toujours bien pour un gardien de rendre un clean sheet (ndlr: littéralement feuille propre, soit un match sans but encaissé). Après, Christoffer pourra vous confirmer que quand je l’ai sorti de l’équipe, je lui ai dit :« l’avenir est pour toi, quoique tu entendes sur l’arrivée de Brice Samba ou d’un autre ». A ce moment, il avait du mal à revenir de sa blessure (ndlr: rupture du tendon d'Achille en août 2016), il manquait de confiance à un poste où il est difficile d’en retrouver sans temps de jeu. C’était le meilleur service que je pouvais lui rendre. Maintenant, même si sa situation n’est pas parfaite en club, c’était le bon moment pour le relancer. Il s’est étoffé physiquement avec les entraînements anglais et des régimes protéinés. On voit qu’il met davantage d’impact dans ses sorties aériennes. Il arrive à maturité. L.D.B. : Cela veut-il dire que l’intérim Mouko touche à sa fin ? S.M. : En football, la vérité du match d’hier n’est pas forcément celle de septembre. L’important, c’est que la porte reste ouverte, tant pour entrer que pour sortir, et que la concurrence soit saine. C’est ce qui fait progresser une équipe. Je ne souhaite qu’une chose, que la concurrence soit acharnée à chaque poste, dont celui de Thievy. Pour amener chacun à dépasser ses propres limites. L.D.B. : Les péripéties de ce stage ont un peu occulté les questions relatives à votre liste : Bryan Passi aurait dû être présent, mais s’est blessé, par contre d’autres joueurs réfléchissent encore. Ce renouvellement n’est pas si simple à effectuer ? S.M .: Non, et peut-être que les aléas de ce stage ne vont pas envoyer les meilleurs signaux possibles aux joueurs visés. Mais je reste pugnace pour ne pas lâcher mes proies. Effectivement, Bryan Passi, qui avait montré sa volonté de venir depuis quelques temps, a dû renoncer à cause d’une blessure. C’est un profil parmi d’autres. Mais on doit faire attention à l’état d’esprit des nouveaux : il faut des garçons réellement motivés à l’idée de nous rejoindre, capables de surmonter les vicissitudes inhérentes à la sélection, comme nous avons pu en vivre cette semaine. Au-delà des qualités footballistiques, il est primordial de bien choisir les états d’esprit. L.D.B.: Septembre, c’est à la fois proche et éloigné avec l’aménagement du calendrier par la Confédération africaine de football. Comment comptez-vous préparer ce match face au Zimbabwe ? S.M. : Tout d’abord, en nous rencontrant rapidement avec les dirigeants, de manière à ce que les couacs ne se reproduisent plus. Le football de haut niveau se joue sur des détails. Et toute l’organisation qui entoure l’équipe, pour que cette dernière n’ait qu’à se consacrer au jeu, c’est une somme de détails à la fois infimes et primordiaux. Ensuite, continuer l’observation du football local pour permettre à certains de se révéler ou à d’autres de revenir. Contre la Guinée Bissau, Dimitri Bissiki a été précieux. Césair Gandzé a été bon au Chan. Je garde bien entendu un œil sur les joueurs de la diaspora. Lorsque je vais à Angers (le 17 mars face à Caen), c’est pour voir mon capitaine, Prince, pour échanger avec Brice Samba. Mais aussi pour parler à Fodé Doré, lui expliquer les raisons de sa non-sélection et pour entretenir un lien avec un garçon qui a beaucoup apporté au pays. En ce moment, il est moins bien, mais une carrière n’est pas toujours linéaire et je garde le contact avec eux. D’ici à septembre, il y aura un mercato, avec les habituels problèmes que ça peut engendrer : pression des nouveaux clubs, évolution du temps de jeu. Vous avez pu remarquer que le duo Ndinga-Oniangué, avec du temps de jeu dans les jambes, c’est autrement plus concluant que celui de l’époque Wolverhampton-Lokomotiv Moscou. Il faut avoir un maximum d’options possibles pour faire face à tous les scénarios. Propos recueillis par Camille Delourme Légendes et crédits photo :Sébastien Migné félicite Thievy Bifouma, auteur d'un but et d'une passe décisive, lors de sa sortie, dimanche à Mantes-la-Ville (CD/Adiac) Notification:Non |