Interview: Roger Ndokolo à coeur ouvertSamedi 10 Février 2018 - 13:15 De passage à Brazzaville où il y a séjourné pendant quelques jours, le président de l’Union pour la refondation républicaine, parti du centre, a bien voulu répondre aux questions des Dépêches de Brazzaville. Dans cette interview, il présente sa vision du « nouveau Congo » en insistant sur la gouvernance financière et économique ; ainsi que les réformes des entreprises étatiques et paraétatiques Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Congolais de la diaspora et chef d’un parti politique, vous suivez avec attention l’actualité nationale en cette période où le pays fait face à une crise économique et financière. Comment appréciez-vous les réformes entreprises par le gouvernement ? Roger Ndokolo (R.N.) : Dans le cadre de la réflexion menée par notre parti sur les perspectives de la relance de notre économie, il était important de mettre en pratique les mesures de sortie de crise annoncées par le chef de l’Etat en fin d’année dernière. Cette feuille de route émanant du sommet de l’Etat devient à la fois le guide, la boussole, le creuset d’une gestion efficace et de la moralisation des environnements institutionnels connus jusqu’alors, avec leurs grammaires et leurs contraintes propres, configurant les intérêts affectifs à tenir pour une telle conduite plutôt que telle autre. L.D.B. : Avez-vous un schéma à proposer aux autorités congolaises pour la sortie de la crise ? Pensez-vous que la réduction du train de vie envisagée constitue l’une des pistes de solutions ? R.N. : Nos propositions s’inscrivent dans le respect de nos institutions : du chef de l’Etat vers le chef du gouvernement. En accord avec le président Denis Sassou N’Guesso, il nous faudrait rompre avec la corruption, la fraude, la concussion, le trafic d’influence, le laxisme. Ce sont des maux intrinsèquement liés aux individus et aux responsables politiques eux-mêmes. Veillons de manière à ce que les enjeux industriels, financiers et politiques étroitement liés soient placés sous le contrôle de la démocratie et des citoyens pour éviter toute dérive préjudiciable à la collectivité. Ce programme exige des pouvoirs publics d’adopter en priorité un comportement exemplaire. Ainsi, la réduction des dépenses improductives ou somptuaires de l’État s’impose pour redonner confiance à l’ensemble de notre peuple. Faut-il continuer à engloutir les deniers publics pour certaines missions à l’étranger composées de délégations pléthoriques où, quelquefois, la présence de l’homme d’Etat n’est pas utile, par exemple ? De même, est-il vraiment nécessaire d’attribuer systématiquement des véhicules de fonction, des chauffeurs, à des élus, hauts dignitaires de l’Etat et une garde militaire, telle que pour nos parlementaires, par exemple ? Leur sécurité est- elle menacée dans un pays de paix comme le nôtre ? Ne pouvons-nous pas faire abstraction de certaines nominations, entre autres des conseillers, des hauts fonctionnaires de l’Etat, sans y adjoindre pour autant le titre « rang de ministre » ? Non ! Il nous faudrait impérativement le changement « des règles du jeu » si l’on veut faire évoluer les comportements. L.D.B : Quelle est votre vision, à court, moyen et long termes pour voir le Congo sortir de la dépendance pétrolière ? R.N. : La baisse des cours du pétrole est un des facteurs qui devrait conduire, à terme, à une réorientation des activités productives de notre pays. C’est l’ensemble du tissu économique et social qui est en question mais également la qualité de nos institutions. Il faut produire les richesses de manière plus sobre et écologique puis les redistribuer plus équitablement. L.D.B. : On parle de la diversification de l’économie congolaise. Quels peuvent être, à votre avis, les secteurs sur lesquels doit reposer cette mutation quand on sait que cela intègre les recommandations formulées par les institutions de Bretton Woods, notamment le FMI et la Banque mondiale ? R.N. : Notre pays abrite, depuis la fin de l’année dernière, les négociations soutenues entre les institutions économiques internationales et le gouvernement. La relance du Congo exige une croissance diversifiée et constante. Celle-ci repose sur des secteurs hors pétrole à mettre en valeur. Nous pensons à intensifier l’économie verte pour une agriculture écologique, en encourageant l’économie circulaire. Le Congo, depuis les sommets sur le climat de Copenhague, Paris, Casablanca et Bonn, réitère son engagement pour la lutte contre le réchauffement climatique. Brazzaville est le siège du Fonds bleu pour le Bassin du Congo. Autant d’actions pour soutenir l’économie verte. Etant membre des Congolais de l’étranger, nous proposons également la participation active des hommes et des femmes de la diaspora à la relance de l’économie. L.D.B. : Sur le plan politique, quelles sont les réformes souhaitées pour consolider la démocratie et la paix au Congo ? R.N. : Le Congo, aujourd’hui, assure la sécurité et la stabilité de la sous-région. Nos institutions fonctionnent dans la mise en place progressive de la Nouvelle République. Gardons-nous d’attiser des haines de géopolitiques inutiles dont nous aurons tous à supporter les conséquences. Nous démarrons dans l’ère de la « Rupture » préconisée par le chef de l’Etat ; soutenons l’application de ces préconisations. Notre parti les soutient en appelant sans relâche à l’esprit du « Mbongui », en refus de la montée des démons du tribalisme et du régionalisme qu’alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion de tout Congolais où qu’il se trouve dans le monde. L.D.B. : Vous considérez-vous comme un homme d’ambitions ou d’actions ? R.N. : J’ai milité aux côtés de leaders politiques dont la seule ambition a toujours été l’amélioration du bien-être de leur peuple. J’ai accepté de rentrer en politique pour suivre leur idéal. Je suis un homme de missions et non un homme d’ambitions.
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