Interview. Nicole Sulu : « J’espère que le Congo Brazzaville sera le premier pays où les synergies vont s’installer »

Jeudi 14 Septembre 2017 - 17:16

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Nicole Sulu, fondatrice et présidente du réseau d’affaires « Makutano », a fait le choix délibéré de ne parler que du meilleur de son pays, la RDC. Il n’y a pas que la crise économique ou l’actualité politique brûlante, s’empresse-t-elle de rappeler. Pour booster l’économie nationale, elle compte sur sa plate-forme « Makutano » pour rapprocher les entrepreneurs de divers horizons et promouvoir des connexions. Par rapport à la troisième édition qui se tient à Kinshasa du 14 au 16 septembre, elle annonce des innovations majeures, notamment la mise en place d’une application qui permet désormais aux entrepreneurs inscrits d’entrer en contact. Nicole Sulu a accordé un entretien  exclusif au Courrier de Kinshasa avec une invitation à l’adresse des milieux des affaires du Congo Brazzaville.

 

Le Courrier de Kinshasa : Nous sommes à la veille du démarrage de la troisième édition de la rencontre du Réseau d’affaire « Makutano ». Quel est l’état des lieux que vous pouvez faire en cet instant précis sur les préparatifs ?

Nicole Sulu : Nous avons effectivement beaucoup avancé. Il y a toujours le stress de l’avant-évènement. D’ailleurs, nous aimons bien ce stress qui nous permet d’atteindre des résultats extraordinaires. Sur le plan de la logistique par exemple, tous les techniciens, y compris ceux qui viennent directement de l’intérieur du pays, sont déjà à leurs postes. Nous avons eu la chance de commencer le montage des scènes plus tôt, par rapport à l’année passée. Même les répétitions avec les différentes chorales vont bon train. Dans l’ensemble, les préparatifs se passent très bien.

 L.C.K. : Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette phase des préparatifs ?

N.S. : Déjà nous travaillons avec la « Chorale sans frontière » composée essentiellement des personnes qui travaillent. C’est très intéressant. Ensemble, nous sommes déterminés à bien faire les choses. Les personnes avec lesquelles nous travaillons tiennent à préserver la qualité du produit « Makutano". Toutefois, il est vrai que les répétitions sont un peu tardives. Par ailleurs, nous aurons pas mal d’intervenants. Il a fallu les regrouper en tenant compte de certains paramètres essentiels comme leurs lieux d’habitation. Certains parmi eux habitent les coins reculés de la ville ou travaillent sur un laps de temps bien déterminé. Il faut impérativement prendre ce paramètre essentiel dans la gestion du temps. C’est un challenge pour nous. Pour le reste des défis à relever, nous en avons l’habitude.

L.C.K. : Qu’en est-il de la participation, attendez-vous toujours plus de 300 personnes ?

N.S. : Tout-à-fait. Nous avons gardé le nombre de 350 personnes par rapport à l’espace du site d’organisation du Makutano. Nous devons avant tout sécuriser ce site. Le programme prévoit une croisière en bateau. Nous n’avons pas deux ou trois bateaux à louer en même temps. Enfin, nous sommes limités par la logistique. Malgré ces contraintes, nous ne pouvons pas éluder le fait que la demande est très forte. Nous observons un fort engouement. Cela nous rassure finalement sur le choix judicieux de notre débat. Nous cherchons à répondre à un besoin réel de la nouvelle génération d’entrepreneurs fédérés de s’asseoir autour d’une table pour trouver des solutions concertées. Nous réservons à nos participants un très bon accueil.

L.C.K. : Comment ont réagi globalement vos partenaires à cette nouvelle édition ?

N.S. : Nous parlons de l’industrialisation. J’insiste sur l’intérêt de ce thème. Vous connaissez le contexte du Congo d'aujourd’hui. Il y a tellement des paramètres et des pré-requis qui doivent être mis en place avant de parler réellement d’industrialisation. En osant en parler d'industrialisation, nous voyons déjà la RDC au-delà de la réalité d’aujourd’hui. En dépit de l’actualité politique, nous voyons la RDC continuer à avancer. C’est la RDC de la réussite, un pays qui gagne. Et l’on veut partager cet enthousiasme avec tout le monde. Le fait d’avoir des partenaires permet justement de montrer qu’il y a effectivement des gens qui croient à l’industrialisation dans le contexte actuel du pays. Ces gens ne renoncent pas et croient toujours en l’avenir de la RDC. Beaucoup voient déjà le pays au-delà de la crise économique ou de l’actualité politique. Tout finit par passer. C’est quoi la suite ? Nous voulons développer le pays pour le rendre grand et magnifique. Le demain de la RDC dépendra de ce qu’on aura décidé aujourd’hui. Nous faisons le choix de parler du meilleur de la RDC.

L.C.K. : Qu’est-ce qui va différencier la troisième édition des deux précédentes, avez-vous apporté quelques innovations ?

N.S. : Cette année, il y a deux ou trois touches particulières. D’abord, il y a bien entendu le thème. Dans la première édition, nous avons identifié les Congolais chefs d’entreprises. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ?  Que font-ils ? Lors de la deuxième édition, nous avons vogué sur la sous-région et l’Afrique. L’environnement reste quasiment le même. Il faut mutualiser les expériences. Pour y parvenir, nous commençons par la sous-région et plus tard l’Afrique. C’est notre focus. Cette année, nous revenons sur les problématiques de la RDC. Nous allons parler de l’industrialisation en portant une attention particulière sur les réalisations concrètes, après avoir identifié les acteurs et mutualiser les expériences. Pour cette nouvelle édition, deux groupes vont nous présenter ce qu’ils ont fait. Ils ne sont encore qu’au début mais il est important de parler du concret du Makutano. En deuxième lieu, il y a une nouvelle application qui répond au standard international. Les gens inscrits peuvent désormais se connecter via cette application. Ils peuvent aussi prendre des rendez-vous via toujours cette application. En troisième lieu, il y a les prix que nous remettrons aux nôtres qui brillent. Parmi nous, il y a des gens qui font exception et méritent ainsi d’être récompensés. Cette marque de reconnaissance inspire forcément. Nous avons envie de montrer des modèles. Malgré la faible industrialisation, il y a des entrepreneurs qui se démarquent sans attendre les paramètres et pré-requis que nous mettons en place. Il faut montrer des exemples des gens qui ne renoncent pas. Nous avons l’ambition de mettre en lumière ces Congolais.

L.C.K. : Vous avez parlé du Réseau Makutano dans plusieurs villes du monde dont Paris, Bruxelles, Genève et Dubaï. Qu’en est-il de l’Afrique et plus particulièrement du Congo Brazzaville, le plus proche pays voisin de la RDC ?

N.S. : L’Afrique est bien au programme. Mais avant de sortir de nos frontières, nous devons réussir à nous étendre suffisamment dans les régions de la RDC. Avant l’Afrique, le prochain programme n’est pas Paris ou New-York. Dans ces villes occidentales, tout peut se mettre en place facilement, du moins au niveau logistique. Pour notre part, nous pensons arriver dans nos provinces intérieures qui cachent des richesses extraordinaires. Nous ne nous connaissons pas suffisamment. Avant même de parler de l’Afrique, le prochain agenda prévoit l’intérieur du pays.  

L.C.K. : Parlez-nous du programme de la troisième édition de Makutano, quels sont les thèmes et les conférenciers attendus ?

N.S. : Nous avons des ateliers et des tables rondes. D’une manière générale, les ateliers sont ouverts à tous les membres du Makutano. Mais les tables rondes sont plus précises et sectorielles. Nous n’avons en fait que les experts de ces domaines pour partager entre eux. Il y a une table ronde sur les secteurs de la santé, l’agro-industrie, la musique et les mines (la question de la sous-traitance dans le secteur minier). Quant aux ateliers, ils se concentreront sur le financement, l’industrialisation, le Doing Business en RDC et le leadership de la femme.       

L.C.K. : Quels seront les principaux indicateurs qui vous permettront d’évaluer objectivement l’impact de cette troisième édition ?

N.S. : La grande question est celle de savoir ce que l’on peut tirer concrètement de Makutano. Il y a un aspect important lié à la qualité des intervenants. Le but est de créer une véritable synergie avec des entrepreneurs. Il s’agit de créer une plate-forme pour nous aider à mieux nous connaître et à développer des connexions. Nous disposons déjà d’un bilan réalisé au mois de janvier dernier. Nous avons pu compter des synergies faites par les entrepreneurs. Avec les résultats passés et la même exigence pour l'avenir, l’on pourra espérer booster et même nous réapproprier notre économie. Il faut du temps pour que les choses se fassent comme les années écoulées. Nous avions pris quelques mois avant de faire les bilans des synergies. Dès lors, il nous faudra également du temps pour faire une comparaison sur la qualité des participants et les retombées de la nouvelle rencontre. Avec l’application, l’on pourra voir effectivement tous les échanges. Sur les 350 participants, l’idéal est de compter au moins deux qui décident de se lancer effectivement dans l’aventure. Nous aurons alors réussi.  

L.C.K. : Y a-t-il un message particulier que vous aimerez adresser aux entrepreneurs du Congo Brazzaville qui seraient intéressés à intégrer le réseau Makutano ou à investir en RDC ?

N.S. : Pour les entrepreneurs du Congo Brazza, nous leur disons simplement que nous sommes juste à côté. Parfois, j’ai envie de leur dire que c’est le même pays. Avant d’aller loin, au Cameroun ou au Gabon, il y a le Congo Brazzaville. Nous sommes les deux capitales les plus proches du monde. Nous voulons une synergie forte avec les entrepreneurs du Congo Brazzaville. J’espère que le Congo Brazzaville sera le premier pays où les synergies vont s’installer. Nous leur souhaitons la bienvenue.

 

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Nicole Sulu

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