Infrastructures : une exploitation catastrophique des routes

Jeudi 7 Avril 2016 - 18:13

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Lors des pluies diluviennes, Kinshasa devient quasiment impraticable. Les causes sont nombreuses : les caniveaux bouchés par des déchets ménagers, l’occupation anarchique du périmètre de la route, les rivières polluées déversant des eaux et du sable ainsi que les graviers qui s’accumulent sur la chaussée. Par conséquent, la ville connaît une dégradation précoce de ses infrastructures routières. Au regard de l’intérêt d’une telle question pour le développement du pays, la rédaction a mené une investigation auprès des Kinois et de l'Agence congolaise des grands travaux (ACGT) pour réfléchir sur les solutions durables.

Au cours des dernières décennies, Kinshasa a connu une véritable mutation. « Après 10 ans d’absence, j’ai eu un choc à mon retour. Boulevard du 30 Juin, Boulevard Lumumba avec ses passerelles, Place Échangeur... Kinshasa porte vraiment sa plus belle robe », s’émerveille Serge, un Congolais vivant en Angola. En effet, la croissance de la ville a conduit à une évolution vertigineuse de la mobilité, surtout dans la période comprise entre 1980 et 2015. Mais la rapide dégradation des routes alimentent actuellement le débat public. Avant de réfléchir sur le remède, il faut commencer par appréhender les causes des détériorations rapides et anormales des routes. Or, on observe un amalgame à ce niveau. En partant d’un simple relevé visuel, beaucoup d’analyses ont fini par remettre en question la qualité des travaux sans même déterminer l’ampleur des dégradations (mineures, majeures ou critiques). En plus, il n’est fait aucune allusion à la montée de l’incivisme routier.

Dans les conditions actuelles de gestion des routes, la solution idéale à la durabilité est, principalement, d’ordre éthique et citoyen. Selon le directeur général de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), Charles Médard Ilunga Mwamba, il est important de maîtriser le cycle de vie de tout projet ou tout ouvrage. « La conception, la mise en œuvre, l’exploitation et la maintenance en sont des étapes. Il est prudent d’éviter de plonger dans l’amalgame en imputant les erreurs d’une phase à une autre. Les conditions d’exploitation de nos routes les rendent très précaires ». Pour l’ACGT, les causes profondes de la précocité de la détérioration des routes sont, entre autres, l’agressivité des trafics, les impacts mécaniques et chimiques sur les ouvrages ainsi que les dysfonctionnements des systèmes d’assainissement.

Coût - qualité - viabilité

La diversité des facteurs influencent les coûts de construction des routes. On cite, par exemple, la nature du sol en place, le nombre et la largeur des voies, l’existence et la particularité des équipements et d’ouvrages d’art, les coûts des matériaux et leurs conditions d’approvisionnement, le niveau d’urbanisation du territoire, la structure de la chaussée, la durée de vie escomptée et l’éclairage public. Pour résumer, ces facteurs englobent les choix structurels, la nature des matériaux, le sol d’assise, l’environnement, les gabarits et la complexité des ouvrages. Le prix ne peut être identique car chaque route est unique. Pas étonnant que pour le km de route 2x2, il y ait eu une disparité des coûts allant de 5,3 millions d’euros en Allemagne à 51 millions d’Euros en Russie. Aux États-Unis d’Amérique, le Chicago Sky way long de 12 km a atteint 1,8 milliard de dollars américains. La consistance du projet détermine les coûts et de ce fait, toute comparaison devrait en tenir compte. Par cette analyse, on comprend le danger d'établir à priori le prix unitaire du km à un million de dollars américains.

Par rapport à la qualité des travaux et la viabilité, le Programme sino-congolais a bénéficié de la collaboration des principaux acteurs dont les bureaux d’études internationaux recrutés par appel d’offres à l’instar d'Egis International (France), Cima International (Canada), Gauff Engenieure (Allemagne). Comme le rapporte l’ACGT, aucune entreprise chinoise n’a pu contourner l’impressionnant dispositif d'audit et de contrôle. Il y a même eu la reconstruction des kilomètres entiers de routes pour corriger les défauts. Le Programme a permis de doter le pays des routes modernes en tenant compte des règles parasismiques des partenaires chinois. « L’ACGT s’attelle à la consolidation de ses missions par l’acquisition des équipements de la dernière technologie ». Même s’il est difficile de réussir à 100% un projet au regard du nombre important de facteurs à prendre en considération, chaque projet doit être analysé de manière spécifique. Au-delà des exigences de la démarche qualité, l’ACGT renforce également sa maîtrise des coûts, des délais et de la qualité. Elle recherche d’abord à répondre aux spécifications des besoins.

Laurent Essolomwa

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