LDB : Vous étiez à Brazzaville récemment pour le Fespam et pour rencontrer les entrepreneurs du pays. Quel souvenir avez-vous emporté avec vous ?
HS : Cela a été une très belle surprise ! Avec l’effervescence du Fespam, j’ai découvert une ville qui bouge beaucoup. Moi qui suis une grande fan de musique, j’ai vu des musiciens qui venaient des quatre coins du monde. Je n’imaginais pas la grandeur de cet événement musical panafricain. J’ai rencontré beaucoup de femmes et d’hommes entrepreneurs et j’ai été frappée par leur force, surtout celle des femmes. Cela m’a donné envie de concrétiser ma marque sur le territoire. J’ai envie d’y avoir un show room pérenne et de démarrer un programme de formation. J’ai eu un coup de cœur pour Jean-Francis Itoua et sa volonté d’y arriver, de développer. Il a aussi une grande connaissance du pays. Il a été à mes côtés durant tout le séjour et a adoré mes produits. Il représente ma marque au Congo.
LDB : Après la fermeture de vos établissements en France, vous vous installez aujourd’hui en Afrique. Est-ce une nouvelle stratégie de développement de votre entreprise ?
HS : Une fermeture implique que des emplois sont en jeux, donc on ne peut pas parler de stratégie. C’est toujours douloureux de fermer car il y a l'aspect humain. Depuis janvier, pendant le plan de redressement, nous avons augmenté le chiffre d’affaires de 50% mais à la fin de la période d’observation, la rentabilité n’était pas au rendez-vous. Dans le contexte administratif et juridique de la France, ces périodes sont vraiment épuisantes pour l’entrepreneur car on ne fait en réalité que de la gestion administrative et pas son métier. Mes salariés ont tout compris, ils ont vu mes combats et m’ont accompagnée jusqu’au bout. Je ne pouvais plus créer d’emplois, il fallait donc que j’arrête. Au final, j’ai perdu plusieurs millions d’euros mais je ne possédais pas cette somme à la création de mon entreprise.
Aujourd’hui j’ai ouvert en Angola un espace de beauté, mes produits sont distribués au Gabon et vont l’être prochainement au Congo, au Sénégal et aux États-Unis. L’Afrique est le continent de tous les espoirs, et c’est la juste logique des choses. Il faut arrêter de regarder l’Afrique avec pitié. Il faut montrer les talents dont elle dispose, les entrepreneurs qui réussissent, montrer que le rêve africain existe. Le taux de croissance est à deux chiffres, les femmes sont coquettes, le pouvoir d’achat augmente… Aujourd’hui, c’est en Afrique que les choses se passent ! J’en suis ravie et j’espère pouvoir contribuer à cette dynamique. On constate un véritable paradoxe, surtout si l’on observe le drame de Lampedusa, les Africains issus de la diaspora souhaitent, eux, retourner en Afrique qui fait figure d’Eldorado.
LDB : Après toutes ces épreuves quels conseils donneriez-vous à des femmes entrepreneurs ?
HS : Mon conseil est de croire que rien n’est impossible. N’est impossible que ce que tu n’as pas encore fait. Un proverbe dit que l’impossible recule quand on avance vers lui. Ma détermination à changer ma vie est ce qui m’aide à avancer, mais souvent on a peur de l’échec, de ce que vont penser les autres. Or l’échec est positif dans la culture anglo-saxonne, il est mieux accepté car l’important est de rebondir. Quand on vit l’échec, c’est que l’on a eu le courage d’essayer. Ce n’est pas grave fondamentalement. En Afrique on dit que l’on ne se moque pas de celui qui se noie quand on a pas traversé la rive. Il faut croire qu’il y aura plus de réussites et de belles histoires après. Les femmes africaines sont sur un continent où tout est possible, elles sont au premier plan. Il ne faut pas croire que parce qu’elles sont des femmes tout est difficile. Les femmes doivent prendre leur place ensemble avec l’homme africain qui est d’ailleurs prêt à leur laisser de l’espace.