Football: à Lagos, les petits nigérians rêvent du BarçaMardi 27 Décembre 2016 - 16:16 « Un jour c'est sûr, je jouerai au Barça ! » Short dépareillé, baskets usées, le petit Yacub tape dans le ballon avec rage. À 12 ans, il vient d'intégrer la toute nouvelle académie du FC Barcelone à Lagos et veut montrer ses talents. Les containers acheminant les célèbres maillots rayés bleu et rouge ne sont pas encore arrivés au port de la capitale économique nigériane, mais pour Yacub et quelques centaines de jeunes Nigérians, le rêve est désormais à portée de crampons. Après Dubaï, Istanbul ou encore Sao Paulo, le célèbre club catalan a posé ses valises dans le pays le plus peuplé du continent africain, où il espère dénicher de nouvelles pépites. Lancée début novembre, la première « FCB escola » d'Afrique sub-saharienne accueille déjà plus de 400 jeunes âgés de 6 à 18 ans chaque semaine. Sur la pelouse du Teslim Balogun stadium, au coeur d'un quartier populaire de Lagos, les joueurs enchaînent les dribbles sous le regard d'une dizaine de coachs aux petits soins. «C'est une révolution pour le football nigérian ! », s'enflamme le directeur de Blaugrana Sports International Limited, Leslie Oghomienor, qui a participé à la création de cette académie et est un amoureux du Barça. La plupart des Nigérians qui ont fait carrière à l'étranger ont appris à jouer au football dans la rue. Le pays compte des centaines d'écoles de foot, mais une poignée seulement offre une vraie formation professionnelle. La construction d'infrastructures adaptées et surtout le coaching des jeunes restent un défi majeur, avec une majorité d'entraîneurs amateurs. « Tout le monde n'ira pas en Europe » Le stade prêté par l'État de Lagos manque de fraîcheur, avec ses murs écaillés et sa vieille pelouse récemment remplacée par du synthétique. « C'est un beau challenge pour nous d'être ici », assure entre deux coups de sifflet le jeune directeur technique, Bernat Villa Gorriz. Il rit lorsqu'on lui demande s'il a déjà trouvé le futur Messi: « D'ici quelques années, on découvrira peut-être un nouveau talent pour la Liga espagnole !». Mais « nous sommes d'abord là pour transmettre notre philosophie du foot », assure l'Espagnol de 23 ans. « Tout le monde ici n'ira pas jouer en Europe, mais on espère aussi pouvoir améliorer le niveau de la sélection ou du championnat nigérian », estime Leslie Oghomienor. Lucide, quand on se rappelle que les Super Eagles ont raté leur qualification pour la CAN-2017, après un échec semblable en 2012. Pour ce quadra nigérian en costume noir qui a fait fortune dans les hydrocarbures, le partenariat est « gagnant-gagnant ». Le Barça et d'autres grands clubs européens l'ont bien compris et depuis quelques années s'exportent sur les cinq continents, où ils créent des pépinières de talents, mais trouvent aussi de nouveaux marchés pour vendre leur image. Vendre leur image Le choix du Nigeria ne doit rien au hasard, avec un vivier de quelque 180 millions d'âmes, où le foot fait figure de religion. Le club français du Paris-Saint-Germain (PSG) lorgne aussi sur le potentiel du géant anglophone, même si le lancement d'une académie n'est « pas à l'ordre du jour ». Le PSG a récemment signé des partenariats avec deux entreprises, dont la populaire marque de bière « Star » qui vont « communiquer sur l'image du club », explique à l'AFP Nicolas Serres, responsable de la communication brand & corporate du PSG. Une centaine d'enfants sélectionnés pourront participer à un stage de trois jours organisé à Lagos par des coachs de la PSG academy, et les plus chanceux iront à Paris suivre une autre formation courte d'ici juin 2017. En septembre dernier, les tests de sélection pour entrer à la FCB escola avaient attiré plus de 1.500 jeunes. Outre le talent, il fallait avoir les moyens de payer une inscription annuelle d'environ 1.000 euros, une somme très importante au Nigeria. Johnson Gbenga, 12 ans, a bien failli voir son rêve s'envoler. Ses parents qui vivent à Badagry, une banlieue éloignée de Lagos, ont dû emprunter de l'argent à des voisins. « Ils ont compris qu'il n'y a rien de plus important que le foot », lâche timidement le jeune garçon qui fait trois heures de bus avant chaque entraînement. « Le Barça me fait rêver depuis que je suis petit », a-t-il déclaré. AFP Légendes et crédits photo :Les étudiants de l'école de football FCB Escola lors d'une séance de formation au stade Teslim Balogun à Lagos, le 22 novembre 2016
Crédits photo: AFP Notification:Non |