Finances : sévère diagnostic de la Banque mondiale pour l'année 2014Mercredi 10 Décembre 2014 - 19:15 Au Romeo Golf, la presse nationale a pu se procurer, le 10 décembre, des exemplaires du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la RDC, deuxième document du genre rédigé par l'équipe d'experts de cette institution de Bretton Woods. Dans l’ensemble, trois faits importants ont pu être soulevés pour bien marquer les évolutions économiques récentes et le contexte sociopolitique en RDC. D’abord, il y a, a précisé la Banque Mondiale (BM), une croissance économique soutenue tirée essentiellement par le secteur minier. Ensuite, le document est également revenu sur l'urgence d'une meilleure mobilisation des potentialités du secteur des ressources naturelles. Il convient de soutenir le niveau des réserves et de maintenir la soutenabilité macro-budgétaire. Enfin, l’État doit avoir les moyens matériels pour faire respecter sa souveraineté et s'assurer le développement du pays ainsi que sa cohésion nationale. Cet outil a été élaboré de manière pédagogique, en allégeant toute la technicité pour permettre une meilleure compréhension. Et il y a un total de sept points importants auxquels l’équipe d’experts de la BM a tenté d’approfondir sans détours en levant toutes les zones d’ombre. Il est réaffirmé les bons scores de la RDC en matière de taux de croissance. Ceux-ci continuent à se situer à leur niveau le plus élevé grâce à l’apport du secteur minier qui a profité d’une forte hausse de la production du cuivre, plus de 52%. Les secteurs des services et de l’agriculture y ont également contribué dans une moindre mesure. Mais il faut arriver aujourd'hui à débloquer le potentiel encore inexploité. Outre la formation d’une main d’œuvre compétente, le plus grand objectif sera sans nul doute de mettre à la disposition de la population des produits alimentaires en plus grande quantité et à des prix abordables. Avec une meilleure mobilisation des recettes minières, la RDC pourrait engager des investissements plus costauds. Le deuxième point est lié justement à la mobilisation des recettes en deçà du potentiel fiscal. Les experts de la BM ont même constaté un rythme plus accru de croissance de la production minière par rapport aux recettes générales et minières. « La RDC a collecté 13% du PIB en recettes domestiques en 2013, contre 14,9% en 2012 et 12,5% en 2011 ». En clair, l’on assiste bien à un tassement des recettes totales. Quant au troisième point, il fait remarquer que la baisse des recettes a conduit à un choix difficile entre réduire les dépenses d’infrastructures et sociales pour maintenir la stabilité macro-économique ou creuser les déficits au prix de la stabilité, a noté la BM. Cela explique les faibles taux d’exécution du budget en 2013, notamment 56% pour le budget lui-même et 36% pour les secteurs sociaux et d’infrastructures. La conséquence est bien l’incapacité de dégager des espaces budgétaires pour faire face aux défis de développement. Les quatrième et cinquième points se rapportent toujours aux recettes. Il s’agit à la fois de sortir le pays de la dépendance de l’aide internationale. « Une meilleure mobilisation des recettes, renforcée par les programmes des bailleurs de fonds, pourrait assurer la soutenabilité macro-économique, sans compromettre les objectifs de développement ». Il est nécessaire d’arriver à des nouveaux équilibres à travers des réformes. D'ailleurs, le cinquième point invite à une meilleure mobilisation des recettes pour améliorer la capacité de l’État à affronter la fragilité sociale et nationale. Le rapport s’étonne de l’ambivalence entre l’activité minière et la pauvreté. Bien que quatorze communes aient développé une activité minière, l’on constate des investissements sociaux dans près de 20% de celles-ci, notamment l'école, la santé, l’électricité et l’eau. Dans les zones rurales ou semi-rurales dominées par l’activité minière artisanale, la proportion des communes bénéficiant de services sociaux n’est que de 4% en moyenne. Une large opinion reconnaît le rôle néfaste du secteur minier si l’État ne joue pas suffisamment son rôle de régulateur. Enfin, le sixième point insiste sur l’utilisation efficiente des services sociaux grâce à la disponibilité, aux coûts et aux infrastructures. Laurent Essolomwa |