Facilitation au Dialogue : le Groupe international de soutien devant un dilemmeMercredi 3 Août 2016 - 20:20 Comment cette structure va-t-elle s’y prendre pour le cas Edem Kodjo, actuellement récusé par l’opposition, sans pour autant froisser les susceptibilités et créer les conditions de démarrage du Dialogue ? Sauf changement de dernière minute, le groupe international de soutien à la facilitation tient ce 4 août à Kinshasa sa première séance de travail sur le territoire congolais. La circulaire officielle s’est juste contentée d’annoncer la nouvelle sans aucun détail sur ce que sera le contenu des discussions. Cependant, eu égard aux derniers développements de la vie politique en RDC avec, à la clé, les derniers meetings de la majorité et de l’opposition lesquels ont mis en exergue leurs différences d’approche sur la problématique du Dialogue, l’on croit savoir que les participants tenteront de colmater les brèches en forçant le rapprochement entre les deux camps. Un exercice, somme toute, laborieux eu égard aux divergences de vue développées par les uns et les autres exacerbées par un extrémisme outré qui ne facilite guère le compromis. Si le principe du Dialogue reste acté dans les deux familles politiques, la pierre d’achoppement réside dans la forme et dans le contenu à lui donner. À la majorité, on continue de soutenir le Dialogue tel que découlant de l’ordonnance présidentielle le convoquant pendant qu’à l’opposition, on l’entrevoit plutôt sous l’égide de la communauté internationale via la résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU sans déroger au respect du délai constitutionnel quant à la fin du mandat présidentiel. Devant les représentants du Groupe international de soutien ayant effectué dernièrement le déplacement de Bruxelles, Étienne Tshisekedi et ses pairs du Rassemblement des forces acquises au changement ont réitéré ces exigences assorties de nouvelles conditions quant à leur participation éventuelle au Dialogue : libération des prisonniers politiques et d’opinion, libéralisation des médias publics, et remplacement du facilitateur Edem Kodjo soupçonné d’accointances avec le régime en place. Des revendications certes légitimes mais qui, en réalité, ne font pas avancer le processus du Dialogue qui peine à décoller. C’est autour de toutes ces divergences que vont s’atteler, ce jeudi, les membres du Groupe international de soutien à la facilitation au cours de leur réunion. Pas facile de lever une option par rapport au maintien ou non d’Edem Kodjo récusé par une des parties. Le fait pour ce dernier d’avoir convoqué unilatéralement les travaux du Comité préparatoire, initialement prévus pour le 27 juillet, lui a valu la réprimande de l’opposition avec laquelle il n’est plus en odeur de sainteté. Entre-temps, le temps s’égrène tout en sachant que lui trouver un remplaçant ne sera pas chose facile avec le risque d’influer sur un calendrier électoral déjà anachronique en consacrant le fameux glissement. Soutenu par la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, qui lui a, il y a quelques jours, renouvelé sa confiance, Edem Kodjo tient encore le bon bout appuyé par la Mission des Nations unies en RDC et d’autres organisations internationales. Comment le Groupe international de soutien va-t-il s’y prendre pour ne pas froisser les susceptibilités et créer les conditions d’apaisement de nature à favoriser le démarrage du Dialogue ? Une question qui taraude bien des esprits. Et dans le cas de figure d’un dialogue sans les leaders du Rassemblement, la plate-forme de l’opposition issue des assises de Genval (Bruxelles) tel qu’envisagé déjà dans certains milieux politiques, le pays en sortira plus fragilisée que jamais avec toutes les conséquences qui pourront s’en suivre. D’où l’inclusivité du Dialogue reste un impératif, quitte à y répondre en faisant preuve, de part et d’autre, de dépassement et de hauteur pour l’intérêt de la République.
Alain Diasso Notification:Non |