Étude : une crise économique mondiale d’origine sanitaire d’ici à l’an deux mille cinquanteMardi 27 Septembre 2016 - 18:09 Le niveau de résistance des infections aux traitements antimicrobiens pourrait avoir un impact économique comparable à celui de la crise financière de 2008, avec une baisse du PIB variant de 1 à plus de 4 % dans les pays à faible revenu. Selon les experts de la Banque mondiale (BM) qui livrent ainsi les conclusions de leur étude intitulée « Drug resistant infections : A threat to Our Economic Future », les pertes économiques seraient estimées à plus de 100 000 milliards de dollars US. Dès lors, leur principale recommandation est l’accélération de la mise en œuvre urgente du Plan d’action mondiale de l’OMS adopté en 2015 pour combattre la résistance aux antimicrobiens. La prochaine crise risquerait d’aggraver la situation de pauvreté dans le monde, particulièrement dans les pays les plus pauvres. « La résistance aux antimicrobiens ferait basculer 28,3 millions de personnes supplémentaires, dont 26,2 millions dans des pays à faible revenu, dans l’extrême pauvreté d’ici à 2050 », mettent en garde les experts. Les conclusions de cette étude reposent sur les projections de la BM pour la période comprise entre 2017 et 2050. Ainsi, le spectre de la crise financière de 2008 plane à nouveau sur les régions les plus pauvres du monde. Cette fois, la crise ne viendra pas du secteur financier mondial mais plutôt du secteur sanitaire. Dans toute l’histoire des Nations unies, ce thème refait surface pour la quatrième fois seulement, une preuve de plus de la gravité de la question. À en croire les experts de la BM, « les infections à forte résistance pourraient entraîner des dommages économiques d’une ampleur comparable au moins à ceux provoqués par la crise financière de 2008 ». Cette crise au départ bancaire a eu des effets ravageurs sur les économies africaines exportatrices des matières premières, à cause de la chute de la demande internationale. « Dans le pire scénario, la résistance aux antibiotiques et autres antibactériens pourrait conduire à l’horizon 2050 à une chute de plus de 5 % du PIB dans les pays à faible revenu et précipiter dans la pauvreté jusqu'à 28 millions de personnes, principalement dans les pays en développement ». Par ailleurs, la situation serait pire qu’en 2008 pour l’absence de reprise cyclique à moyen terme. L’on parle même de la persistance de cet impact sur l’économie. Quant à l’ampleur et la nature de la menace, la crise anéantira les gains de développement économique et éloignera les pays en développement de leurs objectifs visant à mettre fin à l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée, poursuit l’étude. La BM appelle à une action suffisamment forte pour éviter une crise potentielle. Les maladies infectieuses traitées aujourd’hui ne le seront plus demain, prévient-elle. Il faut préciser que cette résistance se fera ressentir à la fois chez l’homme mais aussi chez les animaux, avec un déclin projeté de la production animale mondiale de l’ordre de 2 à 8 % par an d’ici à 2050. À l’échelle mondiale, les dépenses de santé vont augmenter obligatoirement dans une fourchette comprise entre 300 et 1 000 milliards de dollars américains US par an. Ces dernières années, beaucoup de rapports ont plaidé pour une action urgente d’envergure. En effet, l’on constate que beaucoup de pays n’ont pas les capacités suffisantes pour réglementer l’usage des antimicrobiens. Il y a aussi une carence d’investissements pour promouvoir des systèmes de santé publique solides. En définitive, le plus grand défi sera certainement de renforcer les investissements dans les systèmes de santé et dans la prévention des maladies infectieuses, tout en y intégrant les capacités de surveillance. Laurent Essolomwa Notification:Non |