Environnement : le ministre Henri Djombo dénonce certaines ONG extrémistesVendredi 19 Juillet 2013 - 5:15 Le ministre de l’Économie forestière et du Développement durable n’a pas pris de gants pour dénoncer la prise en otage du Forest Stewardship Council (FSC) par des ONG extrémistes. Arrivé à Pokola le 18 juillet, Henri Djombo a donné la position du Congo au président du FSC, Kim Castersen, qui a fait le déplacement avec lui Depuis 2000, le Congo s’est engagé dans la gestion durable de ses forêts. Une véritable révolution dans le secteur, qui a commencé par une série de textes et de lois mis en place au niveau national, s’est poursuivie par la ratification de diverses conventions internationales, pour se conclure par une présence sur le terrain au travers de concertations tripartites où se retrouvent des représentants de l’Administration, des exploitants, de la société civile et des communautés locales. Résultats : 6 millions d’hectares de forêts sous aménagement, dont 3,6 millions avec des plans, et 2,5 millions d’hectares de forêts certifiées FSC. Le Congo détient ainsi la plus grande superficie de forêts tropicales contiguës certifiées au monde. Un succès qui n’a pas arrêté les efforts du Congo qui, dans la lutte contre l’exploitation illégale des bois, a signé l’Accord de partenariat volontaire le 17 mai 2010. IFO fait les frais de l’incurie d’une société basée en RDC Malgré ces efforts, le Congo reste la cible des lobbies environnementalistes qui glosent à l’envi sur les forêts congolaises et leurs ressources, qui seraient non seulement pillées, mais n’obéraient pas aux normes d’une gestion durable et d’une protection conséquente. L’activisme de ces ONG a payé puisque le FSC, le label de certification de renommée internationale qui évalue le Congo, n’a pas hésité à retirer son certificat à l’Industrie forestière d’Ouesso (IFO), basée à Ngombé, dans la Sangha. Une mesure « injuste et injustifiée », selon les autorités forestières de la République du Congo. Filiale du groupe Danzer, IFO paye pour les négligences d’une société appartenant au même groupe, Siforco, en activité en RDC. Or, comme le souligne le ministère de l’Économie forestière, le certificat délivré à IFO couronne l’observation des bonnes pratiques forestières. Ce certificat est délivré au nom de l’entreprise et non du Groupe Danzer. Une décision que les autorités du Congo-Brazzaville qualifient d’« incongrue » et qui laisse penser que le FSC est manipulé par des ONG extrémistes. De l’avis des spécialistes, le Congo paye le monopole concédé au FSC. Vers une rupture annoncée ? Bien que la pilule soit amère, le Congo continue d’afficher son engagement pour gérer durablement ses forêts. Sur le plan du contrôle, le regard semble tourné vers la certification panafricaine pour laquelle l’Organisation africaine du bois a obtenu le principe d’endossement par le Programme de reconnaissance des certifications forestières (Pan European Forest Certification – PEFC). La mission de Pokola semble déterminante pour l’avenir du FSC au Congo. En quelque sorte, Kim Castersen est donc, lui aussi, soumis à un audit. À lui de convaincre le gouvernement congolais et les responsables des sociétés forestières, réunies pour la circonstance à Pokola, sur les pratiques de son institution s’il veut sauvegarder sa position au Congo. Après les débats qui ont suivi l’arrivée de la délégation, hier après-midi, ce vendredi est consacré à une visite en forêt où une séance d’abattage d’arbre va être organisée pour instruire les invités du ministre sur ce qui se fait au quotidien dans les forêts congolaises certifiées. Avant de quitter la cité forestière de Pokola, samedi, des entretiens sont prévus entre les parties. La colère du ministre Djombo contre les ONG extrémistes est renforcée par le refus de ces dernières de faire le déplacement au Congo pour constater sur le terrain les pratiques qui ont réellement cours. Le glas va-t-il sonner à Pokola ? Le FSC (Forest Stewardship Council) est une association internationale, technique et apolitique, spécialisée dans la certification des forêts. Au Congo, sa mission consiste à passer en revue les sociétés forestières pour évaluer le niveau de respect des engagements envers l’État, les populations, les employés, etc. Les experts procèdent, selon un calendrier défini, à différents audits, dont celui de surveillance. Chaque personne auditée doit répondre à diverses questions sur les conditions d’hygiène, de sécurité, de respect de l’environnement, la régularité des contrats d’embauche, l’équipement des travailleurs, les modalités de coupe des bois, la largeur des pistes en forêt, les mesures de protection des ressources naturelles, les conditions de vie, le versement de l’impôt. L’objectif est de pousser les entreprises à privilégier l’excellence dans leurs pratiques. Les Dépêches de Brazzaville Légendes et crédits photo :La forêt au nord du Congo (Crédit photo CIB)
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