Entreprises : les grands groupes africains jouent leur crédibilité et leur image à l'international pour attirer les investisseurs internationaux

Vendredi 18 Octobre 2013 - 18:12

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Une enquête du cabinet de conseil et d'expertise comptable PwC, qui a interrogé trois cents entrepreneurs dans dix-neuf pays africains, indique que 91% des patrons africains sont confiants dans l'avenir, contre 81% dans le reste du monde

Les chefs d'entreprise africains ont constaté une forte présence de fondamentaux en terme de croissance, ceci compte tenu du fait que la population sera multipliée par deux d'ici 2050, l'émergence d'une classe moyenne, l'urbanisation et une forte consommation, a expliqué le conseiller Afrique francophone de PwC, Pierre-Antoine Balu, interrogé à RFI par le journaliste Christophe Boisbouvier. Un éventail géopolitique qui les rend optimistes.

Cela étant, les entrepreneurs africains sont demandeurs de plus d'infrastructures, ce qui nécessite plus d'efficacité de la part des États, a souligné Pierre-Antoine Balu, pour qui le plus grand défi à relever reste celui « des middle managers », des talents pour pouvoir jouer le rôle de relais, d'encadrement intermédiaire. Ce qui pousse des groupes africains à se lancer dans une logique de formation, de création des corporate universities (universités d'entreprise) pour rendre compétentes les équipes en vue de répondre à ces enjeux de manière précise.

En effet, ce manque de cadres intermédiaires pose le problème des universités africaines, « un point saillant qui est observé par beaucoup de dirigeants », a souligné le conseiller de PwC, regrettant une forte présence d'universités et de grandes écoles mais « qui produisent en sortie des diplômés qui ne sont pas forcément adaptés aux besoins des entreprises », dont seuls le Maroc, l'Afrique du Sud y travaillent, le Ghana également, grâce à son système de formation, notamment dans l'encadrement intermédiaire, alors que la Côte d'Ivoire réfléchit encore sur la réforme de son université.

« La rançon du succès de la croissance » serait le Rising Africain avec son lot de séminaires. Pierre-Antoine Balu parle d'une forte « course à la conquête de parts de marché » entre des acteurs internationaux européens, américains, chinois, indiens, et des entreprises sud-africaines « trop à l’étroit sur leur marché et qui sont dans une logique finalement de conquêtes de parts de marché en Afrique subsaharienne », et des entreprises marocaines dans une logique de conquête et d’expansion agressive, associées à de nouveaux territoires. Il reconnaît un enjeu de compétitivité très fort.

Les chefs d'entreprise africains ont-ils peur de la concurrence chinoise ?

Pierre-Antoine Balu a décrit le mode de fonctionnement des chefs d'entreprise chinois, évoluant en vase clos et orientés vers le secteur d'infrastructures ou des mines, un secteur moins orienté vers la clientèle de masse. Il considère le développement de banques subsahariennes comme un enjeu, et la corruption comme une préoccupation. En effet 75% des trois cents chefs d'entreprise la craignent contre 45% au niveau mondial. Il y a là une marge de progrès à faire, les dirigeants africains conseillant de l'intégrer (la corruption) dans une logique de gestion des risques, des plans, des solutions de repli. Il reconnaît que pour un grand groupe africain, qui se veut panafricain, il y a un enjeu d'image et de crédibilité vis-à-vis des investisseurs internationaux.

« Jouer la course à l’enveloppe pour essayer de gagner un marché, ce n’est plus vraiment d’actualité pour ces groupes », a-t-il indiqué. L'enjeu d'un tel groupe étant de jouer la crédibilité au niveau international pour attirer des investisseurs internationaux, des fonds de Private Equity pour financer leur développement et leur croissance. « Du coup, ils sont plutôt dans une logique de solidification, d’avoir des règles claires », a-t-il expliqué.

 

 

Noël Ndong