Enjeux politiques : la médiation de la Cénco entre dans une phase décisiveMardi 6 Décembre 2016 - 15:44 Les évêques catholiques, qui ont récemment été encouragés par le chef de l’Etat à poursuivre leur mission de bons offices, sont chargés de rencontrer les responsables politiques n'ayant pas participé au dialogue et de les amener à accepter l'accord politique concernant les élections. Une gageure. Les évêques catholiques, membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), ont la lourde responsabilité d’éloigner le spectre de la violence qui continue de planer sur la RDC d’ici la fin du mandat constitutionnel du chef de l’Etat en exercice via leur mission de bons offices menée auprès des acteurs politiques de la majorité présidentielle et du Rassemblement. Contrairement à une certaine opinion qui avait vite fait de conclure à l’échec des tractations après l’état de lieu dressé dernièrement par la Cénco faisant état des difficultés rencontrées dans la conciliation des vues des uns et des autres, les prélats catholiques sont loin d’abdiquer. Et d‘ailleurs, ils viennent d’être requinqués dans leur démarche à la faveur de l'audience que le chef de l'Etat leur accordée le 4 décembre qui les a exhortés à poursuivre leurs consultations. Alors qu’ils étaient allés lui présenter leur rapport d’étape sur la mission qui leur est confiée consistant à approcher les autres acteurs de l’opposition n’ayant pas participé au dialogue dans la perspective de déboucher sur un plus large consensus autour de l’accord politique issu du dialogue, les évêques catholiques ont été surpris par la réaction de Joseph Kabila. Ce dernier les a exhortés à poursuivre leur mission pour l’intérêt supérieur de la nation. « Nous allons produire un communiqué conjoint qui dira de quoi il est question », s’est contenté de déclarer l’archevêque de Kisangani Marcel Utembi, chef de la délégation, au sortir de l‘audience. Ce qui est sûr, ce que la deuxième phase des consultations des évêques catholiques sera la plus décisive, car elle consistera à convaincre les membres du Rassemblement à adhérer à l’accord politique qui prévoit un report de la présidentielle en avril 2018 et le maintien de l’actuel président à son poste jusqu'au prochain scrutin, alors que son dernier mandat s'achève officiellement le 19 décembre 2016. L’opposant Etienne Tshisekedi et ses affidés qui n’ont pas encore fermé la porte aux évêques catholiques se disent toujours ouverts et attendent d’eux des propositions concrètes allant dans le sens de leurs revendications. De part et d’autre, l’on note une prédisposition à échanger pour un consensus politique plus large, quitte à arrondir les angles autour des points qui fâchent moyennant quelques concessions. C’est autant dire que le président Joseph Kabila croit encore aux vertus du dialogue susceptible d’aboutir à un compromis avec le Rassemblement obligé dorénavant de transcender ses émotions pour saisir cette énième opportunité qui lui est offerte par le biais de la Cénco, de sorte à aider le pays à passer le cap du 19 décembre sans casse. Cela est possible, croient les évêques, quand bien même l’accord politique du 18 octobre est d’ores et déjà présenté comme la feuille de route idoine relative au règlement des divergences sur l’organisation du processus électoral en RDC. Il sera donc question pour l’opposition non signataire de faire des amendements s’il en faut pour l’enrichir. Là-dessus, il en découle que les observations des uns et des autres pourraient faire l'objet de discussions dans le cadre des négociations directes entre les signataires et les non-signataires dudit accord telles que réclamées par la Cénco. Le débat pourrait graviter notamment autour du respect de la Constitution, du calendrier électoral ou encore du fonctionnement des institutions pendant la transition afin de baliser la voie à l’organisation des élections apaisées, crédibles et transparentes. Alors que l’ensemble de la communauté internationale continue de plaider en faveur d’un consensus plus large impliquant l’opposition non signataire de l’accord politique, une frange d’acteurs politiques proches de la majorité et de l’opposition signataire, qui avaient déjà pris acte de l’échec présumé de la mission de la Cénco, redoutent cependant tout rapprochement avec l’opposition radicale. Un nouveau consensus pourrait, en effet, changer la donne politique dégagée au terme du dialogue de la Cité de l’Union africaine en court-circuitant certaines ambitions. La situation sociopolitique du pays étant préoccupante, les uns et les autres sont invités à faire preuve de patriotisme en rangeant dans le placard leurs intérêts personnels au profit de ceux de la République. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Joseph Kabila recevant la délégation de la Cénco Notification:Non |