Enjeux politiques : Joseph Kabila ce jeudi devant le congrès

Mercredi 9 Octobre 2013 - 19:00

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Devant les sénateurs et les députés nationaux réunis, le chef de l’État entend répondre aux préoccupations exprimées par les concertateurs afin de mettre rapidement en application les résolutions pertinentes issues de ces assises.

C’est ce  10 octobre que la page des concertations nationales, dont les travaux ont officiellement pris fin le 5 octobre après la réception par le chef de l’État des recommandations issues des états généraux, sera définitivement tournée. Tous les yeux des Congolais sont à présent focalisés sur l’ultime séance de ce jeudi qui verra Joseph Kabila s’exprimer devant la Nation via les deux chambres législatives réunies en congrès. Il s’agit, pour le premier d’entre les Congolais, de répondre aux préoccupations exprimées par les concertateurs à l’issue de leurs cogitations afin de baliser la voie à l’application des résolutions proposées à sa sanction. L’événement vaut la chandelle d’autant plus que personne ne sait dire avec précision ce qu’il en retourne du discours très attendu du chef de l’État.

Le suspense se mêle à l’incertitude dans certains milieux politiques. Eu égard à la pertinence des résolutions prises dans le cadre des concertations nationales lesquelles vont toutes dans le sens de booster la dynamique de paix et du développement en RDC, Joseph Kabila ne pourrait que les entériner. Si non, pense une certaine opinion, il aurait renvoyé la copie comme il en a l’habitude. Du recensement et l’identification des citoyens avant les prochaines élections à l’affectation des militaires hors de leurs provinces d’origine en passant par la  libération des prisonniers politiques, l’implication du gouvernement dans le dossier du sénateur Jean-Pierre Bemba à la Cour pénale internationale, etc. il va sans dire que Joseph Kabila va embrayer sur ces propositions.

Quid de l’actuel gouvernement ?

Au demeurant, c’est le sort du gouvernement Matata qui paraît être l’enjeu principal de la prestation de ce jeudi de Joseph Kabila dès lors que l’option du chamboulement des règles démocratiques au nom de l’intérêt général a été levée par les concertateurs plutôt favorables à l’idée d’un gouvernement de large ouverture. Intervenant le 5 octobre à la clôture des travaux, Joseph Kabila avait développé une approche de gestion consensuelle de l’État qui voit la majorité et l’opposition œuvrer pour la bonne marche du pays, loin des prescrits démocratiques qui veulent que les gagnants aux élections soient les seuls aux commandes de la République au grand dam des vaincus.

Pour le cas d’espèce, il est clair que les dès sont jetés pour le gouvernement Matata qui devra subir un magistral coup de balai. Comment les choses vont-elles se passer concrètement ? Nul ne le sait. En lisant entre les lignes le discours du chef de l’État du samedi dernier, tout laisse supposer que seul le sort du Premier ministre Augustin Matata et de quelques-uns de ses ministres triés sur le volet demeure négociable, le reste de l’équipe étant voué à passer le relais. L’enjeu est de libérer des espaces pour négocier l’entrée des opposants afin de se mettre en phase avec l’idéal d’ouverture prôné. Là-dessus, de nombreux opposants sont encore dans l’expectative estimant discuter au préalable des modalités pratiques de leur intégration au sein du prochain gouvernement avec, en toile de fond, l’appréhension d’être taxés de « Kabilistes ». « Le MLC n’est pas prêt, le MLC est dans une phase d’introspection. Nous interrogeons nos certitudes et nous allons attendre de voir les choses évoluer », a pour sa part déclaré Germain Kambinga, porte-parole du MLC. Tout porte à croire que Joseph Kabila mettra l’opposition devant ses responsabilités en tendant la main à ses têtes couronnées en vue de leur participation dans l’effort national.

L’occasion sera également belle pour le chef de l’État de lever toute ambiguïté en rapport avec la velléité de révision constitutionnelle qu’une certaine opposition lui a toujours prêtée. Une certaine opinion attend qu’il exprime clairement son intention de ne pas toucher à la Constitution, surtout dans ses dispositions verrouillées.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le président Joseph Kabila Kabange