Enjeux électoraux : une nouvelle plate-forme décrie la crise sociopolitique

Mardi 14 Novembre 2017 - 19:00

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En marge de la présentation du collectif des femmes de la Convention des démocrates chrétiens (CDC), le sénateur Florentin Mokonda Bonza a donné la position de la plate-forme politique Nouvelle initiative pour le Congo (NIC),sur la situation de crise politique, sociale et financière du pays.

La NIC, plateforme politique de l’opposition a vu le jour afin de faire les choses autrement, a déclaré son président, le Pr Mokonda Bonza. « Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas pu réaliser les pensées des pères de l’Indépendance pour le pays », a-t-il indiqué. Il a rappelé que le président Kasa-Vubu a commencé, ensuite est venu le président Mobutu. Celui-ci a conduit le Congo -devenu Zaïre sous son régime- à un certain niveau, suscitant un peu de fierté. A l'en croire, les services publics du pays fonctionnaient bien, les universités avaient des bourses qu’on accordait aux étudiants, les hôpitaux, les services sociaux, etc.  Après, ce fut le déclin, suivi des conflits armés qui ont porté au pouvoir le président Mzée Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier a essayé de remettre le pays sur les rails, mais il a été assassiné, et c’est son fils, Joseph Kabila, qui a repris le bâton de commandement. « Nous nous sommes dit, comme c’est un jeune, il va servir le pays, mais l’on a remarqué qu’au fil des années, au lieu que le pays se développe, bien au contraire, le Congo se noie », a-t-il soutenu. Avec métaphore, Mokonda Bonza a évoqué le cas d’une personne dont la quasi-totalité de son corps est sous l’eau, sauf la tête et il se débat pour que son nez ne soit pas sous l’eau au risque de ne plus respirer et donc de mourir.

Ancien directeur de cabinet du président Mobutu et ancien ministre de l'Agriculture, Mokonda Bonza a pris à témoin Léon Engulu, présent dans la salle des fêtes Félicité, le 11 novembre. Père de l’Indépendance, ce dernier avait pris part à la table ronde de Bruxelles en 1960, et il était ensuite devenu gouverneur, aujourd’hui sénateur. « Léon Engulu me dit très souvent, ‘mais mon fils Mokonda, vous avez encore de l’expérience, moi je n’ai plus de force. Vous allez laisser ce pays s’enfoncer comme c’est le cas aujourd’hui ? Lorsque nous avons obtenu l’Indépendance, nous avions l’objectif du développement du pays. Les Belges avant l’Indépendance nous chicotaient, mais nous mangions à notre faim, et tout le monde avait un toit sur lui, et ici à Kinshasa, le colonisateur avait construit Bandalungwa, Lemba, Matete, Kalamu ; à Kisangani, il a construit des communes de Mangobo, Tshopo, etc ; à Mbandaka, à Bukavu, Lubumbashi et ailleurs dans le pays, le colonisateur a construit des logements pour les agents et autres fonctionnaires de l’Etat. Mais aujourd’hui, les Congolais n’ont pas de logement décent, leur situation sociale est très précaire. On ne va quand même pas léguer à nos enfants le pays dans cet état. Ce pays nous appartient tous, le Congo n’appartient pas aux étrangers, nous n’avons pas dit que nous ne voulons pas d’étrangers au Congo, mais le pays est la propriété des Congolais», a dit Mokonda. Il a fait remarquer qu'hier, les neuf pays voisins du Congo le respectaient car il était leader de sa sous-région. Aujourd’hui, les 2 345 000 Km2 de superficie du pays ne font aucunement peur ou n’incitent pas au respect d’antan de la part des voisins. Ceci signifie que le pays est descendu très bas.

La place des femmes…

La nouvelle plateforme a la vocation de rassembler les Congolais afin de lutter pour le relèvement et l’essor du pays. « Nous devons continuer à respirer et nous battre. Et cette lutte, on va la faire avec les femmes, qui ont un travail énorme à abattre. Au sein de la plateforme, on réfléchit pour que la femme prenne une part bien plus active qu’avant dans ce combat pour le développement du pays », a-t-il clamé, rappelant la disposition de la loi électorale qui oblige les partis politiques à inscrire les femmes sur leurs listes des candidats aux législatives. Mais les femmes aussi doivent y mettre de la volonté, parce que très souvent, a-t-il argumenté,  elles restent elles-mêmes en retrait ou préfèrent aller dans des partis où l’on distribue de l’argent, parce que les partis d’opposition n’ont pas des moyens financiers. Mokonda Bonza a également parlé de la souffrance de la femme dans l’est du pays en proie à des conflits armées et à l’insécurité ambiante. La femme est victime de viol et devient comme un paria de la société, a-t-il avancé. La NIC pense que l’Etat doit s’occuper et prendre soin de cette femme violentée ainsi que de l’enfant conçu et né des actes de viol de sa mère. Le président de la NIC a, enfin, recommandé aux femmes de se former, d’apprendre et d’acquérir des connaissances afin d’être aptes et compétentes pour participer activement dans la vie politique et ne pas dépendre des autres.

La crise sociale, politique et financière…

Parlant de la situation du pays, il a rappelé la crise sociale, financière et politique, les conditions sociales difficiles, la pauvreté. Pour lui, le gouvernement ne semble pas œuvrer dans le sens d’inverser la tendance et changer les choses. En 2014, a-t-il dit en exemple, la Cour des Comptes a fait état, dans son rapport, que le gouvernement a mobilisé un milliard de dollars pour des projets qui ne font pas partie du budget national. De 2009 à 2014 dans le Grand Katanga, le cuivre a généré 45 milliards de dollars américains, mais dans le Trésor public, l'on a enregistré que 6 milliards. 

Lorsque la gestion du budget ne respecte pas l’orthodoxie en la matière, cela impacte négativement sur l’économie et génère des tensions sociales, a expliqué le Pr Mokonda. Le policier mal payé se tournera vers le civil pour le rançonner, le médecin sous payé entrera en grève, et le taux du chômage prendra de l’ascenseur, etc., a-t-il pris comme exemples. Pour lui, les élections s’éloignent de plus en plus, prévus en 2016, elles devraient se tenir en 2017, mais on les a reprogrammées pour 2019. Après le passage à Kinshasa, de Nikki Haley, représentante des Etats-Unis aux Nations Unies et envoyée spéciale du président américain Donald Trump, les élections ont finalement été fixées en décembre 2018. Est-ce que ces scrutins vont-ils se tenir en décembre de cette année ? Rien n’est sûr. Le Pr Mokonda Bonza a indiqué qu’il y a démocratie lorsque le peuple s’exprime. Lorsqu’on l’empêche de s’exprimer, on le prive de démocratie et donc du changement.

La RDC n’est pas un royaume où le fils succède au père au trône et ainsi de suite, a-t-il affirmé. Dans d’autres pays en Afrique, il y avait jadis des partis uniques mais actuellement, on voit le changement et les anciens présidents, après avoir fini leur mandat, laissent le pouvoir à quelqu’un d'autre au terme des élections, a signifié l' orateur. Il s'est étonné que cela ne soit pas le cas en RDC où le peuple doit se lever pour recouvrir son droit de s’exprimer. Mokonda a rappelé l’ouvrage de son collègue sénateur, Modeste Mutinga, sur la guerre de l’eau qui pointe à l’horizon. Le pays est en danger et a perdu de sa superbe en Afrique, a-t-il informé.

Rejet du calendrier électoral

La CDC et la NIC rejettent le calendrier publié par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a déclaré le sénateur Mokonda Bonza. « J’ai fait la proposition que les trente-deux délégués aux discussions directes au Centre interdiocésain sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo puissent revenir autour de la table pour revoir l’Accord du 31 décembre 2016 qui avait prévu, malgré des doutes, l’organisation de tous les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux le même jour. Et c’est le prétexte de la Céni qui prolonge l’organisation  de tous ces scrutins. J’ai donc proposé que ces votes soient séparés et qu’on donne la primauté à l’élection présidentielle car étant la plus importante. Nous voulons qu’un changement s’opère au pays. Nous n’avons pas refusé le président Kabila qui est un fils du Congo, mais seulement en janvier 2018, il aura totalisé 17 ans comme président de la RDC ; et malgré toutes ces années, le pays va très mal. C’est un homme, il peut bien aller se reposer et qu’un autre fils du pays reprenne le tablier », a conclu le sénateur.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Mokonda Bonza

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