Élection des nouveaux gouverneurs : l’arrêt de la Haute Cour fait jaser

Mercredi 9 Septembre 2015 - 17:20

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Pendant que la majorité se félicite de la décision de la Cour constitutionnelle la jugeant « équilibrée », l’opposition, elle, estime qu’elle ouvre la voie à un glissement qui aboutirait au report des élections.  

L’arrêt de la Cour constitutionnelle intervenue, le 8 septembre, en réaction à une requête de la Céni, en rapport avec les difficultés auxquelles elle fait face dans l’organisation de l’élection des gouverneurs des nouvelles provinces issues du découpage, est loin de recueillir l’unanimité au sein de la classe politique. Cet arrêt est commenté en sens divers sur fond de profondes divergences quant à sa perception. L’opposition et la majorité ont trouvé là une occasion pour relancer, à coup d’arguments, la polémique autour de la gestion du processus électoral via leurs cadres respectifs.

En tout cas dans les milieux proches du pouvoir, l’on se félicite de l’avis de la Haute Cour jugé équilibré car ayant tenu compte des blocages rencontrés notamment par la Céni dans la mise en œuvre d’un échéancier réaliste pour l’élection des gouverneurs des nouvelles entités. Les cent vingt jours requis après le démembrement des anciennes provinces pour élire ces gouverneurs étant largement dépassés, la Haute Cour a ordonné à la Céni de revoir l'ensemble de son calendrier électoral global et d'organiser l'élection des gouverneurs avant le prochain scrutin des provinciales prévu pour  octobre 2015. Quoi de plus normal, estime-t-on à la majorité, de chercher à repartir sur des bases saines en faisant l’effort de remettre d’abord l’ordre et la sécurité dans les nouvelles provinces avant d’envisager des mesures d’urgence susceptibles de combler le vide juridique à la tête des vingt et une nouvelles provinces. « L'arrêt rendu est bon parce qu'il tient compte des réalités du pays sur le plan du droit politique et sur le plan logistique et matériel », soutient Ramazani Shadari, membre de la majorité. Au niveau du gouvernement, on se garde de commenter cette décision de la Cour constitutionnelle la jugeant toutefois conforme au bon sens le plus élémentaire.    

C’est plutôt dans le camp de l’opposition que des réactions musclées ont été recensées. Plusieurs leaders de ce bord politique ne cessent d’exprimer leur crainte par rapport au glissement du calendrier électoral auquel risquerait de donner lieu l’arrêt de la Haute Cour. Eu égard aux délais extrêmement courts et les difficultés de financement et d'organisation auxquels la Céni fait face, l’opposition trouve laborieux et quasi impossible de tenir l'élection des gouverneurs dans les six semaines sans décaler le premier scrutin du cycle électoral prévu pour  le 25 octobre prochain. La conséquence qui pourrait en résulter serait, d’après l’opposition, le report du cycle des sept scrutins à venir. Donc, la prorogation du mandat de l’actuel président de la République tant redoutée a toutes les chances de se concrétiser, d’autant plus que la Céni a reçu l’aval de la Cour  de revoir l'ensemble du calendrier électoral jusqu'à la tenue de la présidentielle en 2016.

Concernant les « mesures transitoires exceptionnelles » que la Cour demande au gouvernement de prendre pour « assurer la régularité ainsi que la continuité des services publics dans les nouvelles provinces en attendant l’élection de gouverneurs et vice-gouverneurs », l’opposition crie au scandale. Pour elle, cette démarche est anticonstitutionnelle. Et l'opposition de s’interroger si l’arrêt de la Cour constitutionnelle ne donne pas au chef de l'État l'occasion de nommer des hauts fonctionnaires à la place des gouverneurs en attendant les élections des gouverneurs.

S’exprimant à ce sujet, l’opposant Clément Kanku est d’avis que cet arrêt met en lumière l'incapacité de la Céni d'organiser les élections ainsi que « l'incompétence » du gouvernement à administrer les nouvelles provinces créées en toute précipitation sans une quelconque planification. À tout prendre, le débat est loin de s’estomper dans la classe politique au sujet de l’arrêt rendu par la Haute Cour.

Alain Diasso

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