Eau : une denrée qui se raréfie

Lundi 3 Avril 2017 - 16:55

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La rareté de l’eau est un phénomène à la fois naturel et d'origine humaine. Bien qu’il y ait suffisamment d’eau douce sur la planète pour la population mondiale, cette ressource est inégalement répartie dans le temps et dans l’espace et une grande partie est gaspillée, polluée et gérée de façon non durable.

Il n’y a pas à proprement parler de pénurie d’eau à l’échelle planétaire, mais un certain nombre de lieux et de régions  en manquent du fait qu’au niveau mondial, son utilisation a augmenté plus de deux fois plus vite que la population au cours du siècle dernier. Sur les 6 milliards d’habitants que compte le monde, un cinquième environ vit dans des régions où l’eau fait physiquement défaut et un quart est confronté à une pénurie d’eau de type économique due au manque d’infrastructures nécessaires pour extraire l’eau des fleuves et des nappes phréatiques.

Dans de nombreux pays, la pénurie d’eau est l’enjeu le plus préoccupant du développement socioéconomique et humain au sens large. Environ un enfant sur quatre à travers le monde vivra d'ici 2040 dans des régions où les ressources en eau seront rares, a mis en garde le Fonds des Nations unies pour l'enfance. D'ici 20 ans près de 600 millions d'enfants vivront dans des zones avec des ressources en eau potable très limitées, en raison de l'accroissement de la population et d'une demande en eau plus importante conjuguée aux effets du réchauffement climatique.

Plus de 36 pays font face actuellement à des difficultés d'approvisionnement en eau. Plus de 800 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour de diarrhées contractées en raison d'un mauvais environnement sanitaire et d'un accès insuffisant à l'eau potable. L’agence onusienne estime que rien qu'en Ethiopie, 9 millions de personnes n'auront pas un accès approprié à l'eau potable cette année. L'eau insalubre et le manque d'assainissement provoquent également des retards de croissance, un fléau qui touche environ 156 millions d'enfants de moins de cinq ans à l'heure actuelle.

Parmi les recommandations pour limiter les impacts du changement climatique sur l'approvisionnement en eau, l'agence appelle les gouvernements à se pencher en priorité sur les problèmes d'approvisionnement en eau potable pour les communautés vulnérables.

« Un nouvel or noir »

Face aux besoins, les eaux usées représentent une ressource précieuse. Dans un autre rapport intitulé « Les eaux usées, une ressource inexploitée », l'ONU a souligné que recycler les eaux usées dans le monde, qui pour la plupart ne sont pas traitées, aiderait à résorber les problèmes de manque d'eau et à protéger l'environnement. Sur la lancée actuelle, le programme des Nations unies pour l'environnement estime que la demande en eau augmentera de 50% d'ici 2030 en raison des besoins de l'industrie, de l'énergie et de l'accroissement de la population. Face à la hausse constante de la demande en eau à travers le monde, un recours plus systématique au recyclage des eaux usées paraît inéluctable.

Un enjeu pour la santé et l'environnement

Aujourd'hui encore, une bonne part des eaux usées est rejetée dans la nature sans être ni collectée ni traitée. C'est particulièrement vrai dans les pays à faible revenu qui traitent en moyenne 8% des eaux usées, contre 70% dans les pays à haut revenu. Or, le volume des eaux à traiter devrait encore augmenter de manière significative dans les années à venir, notamment dans les villes à forte croissance démographique des pays en développement.

Le traitement des eaux usées est l'un des plus grands défis associés au développement de l'habitat informel. L'eau recyclée représente une ressource encore largement sous-exploitée qui peut être réutilisée de très nombreuses fois. C'est dans l'agriculture que l'utilisation des eaux usées est aujourd'hui la plus répandue. Mais cette pratique se heurte à des problèmes sanitaires lorsque l'eau contient des pathogènes qui peuvent contaminer les cultures. Le défi consiste donc à passer de l'irrigation informelle à une utilisation planifiée et sécuritaire. L'absence de traitement favorise aussi la propagation de certaines maladies tropicales telles que la dengue et le choléra.

Un gisement de matières premières

Alternative à l'eau fraîche, les eaux usées constituent aussi un gisement potentiel de matières premières. L'évolution des techniques de traitement permet désormais de récupérer certains nutriments, comme le phosphore et les nitrates, dans les eaux d'égouts ou les boues d'épuration. On estime que 22% de la demande mondiale en phosphore pourrait être satisfaite grâce au traitement des urines et des excréments humains.

La production de biogaz est également envisageable à partir de l'énergie chimique contenue dans les substances organiques des eaux usées. Si de telles technologies avancées sont hors de portée des pays en développement, des solutions de traitement à bas coût existent. Elles ne permettent pas d'obtenir une eau potable mais peuvent produire une ressource valable pour d'autres usages, comme l'irrigation. Par ailleurs, la vente des matières premières issues des eaux usées est un moyen de faire baisser davantage les coûts de traitement de l'eau.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo1: Des populations transportant de l'eau dans un camp de réfugiés (DR) Photo2: l'eau (DR)

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