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Dossier métiers de nuit : lumière sur des gens actifs pendant que d’autres dorment

Samedi 18 Janvier 2014 - 8:45

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Portraits de quatre Congolais de Brazzaville qui se sont, pendant des années, dépensé sans compter dans leur métier. Pascaline Samba, Joël Matondo, Arnaud Ndela et Mercier Onzé sont des travailleurs qui connaissent bien le service de nuit

Pascaline Samba née Dzongo : « Le service de nuit est très délicat »

 Riche d’une expérience de près de vingt-sept ans, dont une vingtaine effectuée à faire des services de nuit, l’assistante sanitaire en oto-rhino-laryngologie (ORL) d’une cinquantaine d’années nous explique les aléas de son métier. Elle exerce temporairement à l’hôpital de base de Makéléléké, juste le temps qu’il faut pour  reprendre ses fonctions à l’hôpital « Mère et enfant » Blanche-Gomez, structure  encore en réahabilitation.

« Lorsque j’ai commencé dans le secteur de la santé, après ma formation, j’ai débuté en pédiatrie à l’hôpital de Kinkala. Cette période m’a ouvert la voie au service de nuit ». Cette expérience n'a rien d’aisé surtout à cause des conditions de travail. Nous avons rencontré pas mal de difficultés dans notre parcours. À commencer par  le nombre de malades à soigner de nuit dont les soins reposaient sur deux agents de santé, le docteur n’intervenant que dans les situations d’extrême urgence. Par manque d’agents, nous étions contraints d'assurer jusqu’à trois gardes de nuit par semaine, au lieu d'en faire quatre par mois suivant la règlementation ! « Malgré ces conditions, nous effectuions notre travail avec le désir de bien faire. »

Néanmoins, les difficultés d’un travail de nuit dans un service d’urgence ne se ressentent pas seulement dans le manque d’effectifs, la nuit est aussi un moment où il est risqué de s’aventurer à l’extérieur. Toutefois, Pascaline Samba précise que le poste de police de Kinkala n’était pas loin de l’hôpital. « C’est même la menace que l’on brandissait lorsque des personnes malintentionnées venaient perturber notre service. J’imagine que dans d’autres villages, villes ou départements, nos collègues n’ont pas eu la même chance que nous avec la présence de la police. Le service de nuit est très délicat. Il requiert de répondre aux différentes urgences comme les cas de convulsions, de traumatismes de tous genres, mais l’embarras vient surtout lorsque vous n’avez pas les produits pharmaceutiques pour atténuer la douleur d’un patient. »

Joël Matondo,  parle de son métier qu’il pratique depuis 1998 : boulanger, « un métier qui se pratique 24 heures sur 24 ! »

Fabricant de pain en chef, le jeune Joël se lance dans cette activité il y a 15 ans. Aujourd’hui, son expérience l’a placé à la tête d’une équipe de douze personnes, une chaîne qui travaille « de manière harmonieuse ». 

Comme dans tous les autres secteurs, le métier de boulanger a aussi ses faces cachées. « Notre travail s’effectue pendant vingt-quatre heures. L’heure à laquelle on commence le travail, la fabrication du pain proprement dite. Mais toutes les boulangeries n’observent pas les mêmes heures. Pour notre boulangerie, on commence de 10 heures du matin jusqu’à 10 heures du soir. Avec quelques temps de pause dont la durée est de 30 minutes, précise-t-il. Dans notre profession ce que nous déplorons le plus, ce sont justement ces heures. Pour mieux travailler, il faudrait que nos entreprises constituent des équipes de relève, ce qui nous permettrait de nous reposer. On travaille beaucoup pour une rémunération faible. »

Arnaud Ndela, exerce le métier de chauffeur de taxi depuis plus de deux ans, parfois de nuit : « La nuit, nous sommes exposés à plusieurs types de dangers »

« Le plus fréquent est le  braquage à arme blanche ou arme à feux ! » Ce qui pourrait expliquer le fait que les chauffeurs de nuit craignent de chercher des clients dans les petites rues ou de déposer leurs clients jusqu’à leurs domiciles.

La grande difficulté de travailler la nuit est lié au repérage de clients potentiels. D’abord à cause du fait que rares sont les personnes qui sortent de nuit. Mais lorsqu’elles le font, il faut connaître les endroits, les bons, où l’on ne peut manquer de clients. « Un bon chauffeur sait déjà qu’il y trois principaux endroits où repérer des clients : les boites de nuits, les hôpitaux et les pharmacies. Les autres difficultés liées à l’exercice de notre profession sont dues à la circulation dans la ville de Brazzaville : les embouteillages et le manque de voies adaptées. »

Par ailleurs, comme tout métier a ses avantages, celui-ci a comme atout majeur, en dehors du fait de gagner de l’argent, de permettre de tisser des relations, d’être en contact avec les gens et de mieux connaître le profil des Congolais : « Mon souhait est de voir ce secteur d’activité mieux pris en compte par les pouvoirs publics. Notre profession a besoin d’être mieux encadrée, cela passe par l’établissement d’un contrat de travail par exemple. »

Mercier Onzé : « Agent de sécurité, travailleur et élève »

Dans ce domaine, Mercier Onze vient de débuter. Son contrat auprès d’une société de la place est temporaire. Conjointement à cet emploi, le jeune homme tentera encore de se présenter à l’examen du baccalauréat en fin d’année, en tant que candidat libre.

« Comme gardien, j’ai commencé la pratique il y a à peine une semaine. Pour l’heure, mes services de nuit n’ont pas encore débuté mais cela ne saurait tarder. » Mercier travaille chaque jour de 7h à 17h et même de jour, il doit lutter contre le sommeil : « Pendant mes heures de veille, je prends comme précaution chez moi, le repos. Je rentre à la maison tôt pour vaquer aussi à mes petites occupations scolaires. Mais, je ne sors plus. J’étudie quelques heures et repos absolu ! », poursuit-il.

Mercier Onzé déclare qu’il n’a pas encore perçu tous les risques du métier et il continue son évaluation tout en se projetant dans l’avenir.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta