Les Dépêches de Brazzaville : Donneil, après une saison à Valence, en CFA, te voilà désormais en première division tchèque. Comment as-tu franchi ces paliers en quelques semaines ?
Donneil Moukanza : Mon agent, avec lequel je travaille depuis de nombreuses années, a fait marcher ses réseaux en Europe de l’Est. Il m’a obtenu des essais, dont un au Mlada Boleslav, troisième du dernier championnat. Mon profil a plu et j’ai signé un contrat de trois ans, deux plus un. Finalement, j’ai quitté le Mlada pour le Zbrojvska Brno, où je suis arrivé fin juillet. C’est une belle opportunité, car honnêtement ma saison dernière a été compliquée.
Pourtant sur le papier, cinq buts et cinq passes décisives en treize titularisations, c’est honorable. Que s’est-il passé à Valence ?
J’avais décidé d’aller à Valence pour effectuer une saison pleine après plusieurs blessures. Malheureusement, j’ai été écarté des terrains pendant presque quatre mois, avec seulement deux matchs joués entre mi-janvier et début mai. Nous avons également connu des problèmes financiers, puisque les salaires n’ont pas été versés pendant six mois, et finalement nous avons été relégués en CFA 2. Donc, ça reste une saison en demi-teinte.
Et pourquoi as-tu quitté le Mlada Boleslav après moins d'un mois ?
Je me suis rendu-compte assez vite que je n’aurai pas un temps de jeu conséquent, et ce pour des raisons extra-sportives, des tensions entre le directeur sportif qui m’a fait signer et le coach. J’ai 23 ans et je dois jouer, donc avec mon agent nous avons reçu une proposition de Brno et nous y sommes allés. J’ai signé pour trois ans, dans un club bien structuré, dans une ville qui a l’air sympa, c’est désormais à moi de jouer.
Tu souffres actuellement d’une contusion au genou. Quand penses-tu pouvoir vraiment démarrer ta saison ?
Je me suis blessé à l’entraînement quelques jours après ma signature, mais je serai à l’entraînement lundi prochain (lundi 18 août, NDLR). Et j’espère effectuer ma première apparition le week-end suivant. Sans prétention, je vous donne rendez-vous dans deux ou trois mois…
Peux-tu présenter ton parcours aux lecteurs congolais ?
Je suis originaire d’Île-de-France, où j’ai été repéré à quatorze ans par l’AS Nancy, où je suis resté jusqu’en 2010. J’ai quitté l’ASNL car je voulais devenir pro, alors que le club me proposait un contrat-jeune. J’étais impatient et je suis allé en test au Portugal, mais j’étais trop jeune et immature, donc ça n’a pas marché. J’ai rebondi à Épinal, en CFA, où ça s’est plutôt bien passé (douze matchs, un but) bien que l’on ait manqué de peu la montée en National. Je suis parti à Ivry, où l’on avait une belle équipe et où je fais une saison pleine avec 27 matchs et un but. J’avais alors des touches en National avec Cherbourg et Pacy-sur-Eure, sans que cela ne se concrétise, donc je suis allé à Aubervilliers, mais le coach ne comptait pas vraiment sur moi. Donc en janvier, après onze matchs et un but, j’ai cassé le contrat et j’ai fini la saison, sans licence, au Paris FC. Puis, j'ai rejoint Valence en juin 2013.
Et techniquement, quel type de joueur es-tu ?
Mon poste de prédilection est axial, en neuf et demi, à la Anelka. J’aime bien décrocher, casser les lignes adverses, marquer et faire marquer. Je peux aussi jouer sur les côtés. J’aime être libre sur un terrain, parce que je sais faire beaucoup de choses.
Quels sont tes points forts et tes points faibles ?
Pour les points forts, je dirai la percussion, l’adresse devant le but, la vitesse. J’ai été formé comme relayeur à Nancy, donc au niveau de la vision de jeu je ne suis pas trop mal. Mon plus gros point faible, c’est le jeu aérien. Je suis plutôt grand (1,87 mètre) et je n’ai jamais été bon de la tête. Pire, je n’ai jamais marqué de la tête même à l’entraînement. C’est quelque chose que je vais travailler d’arrache-pied cette saison. De manière générale, je pense avoir une grosse marge de progression, car après ma formation à Nancy j’ai stagné. Le niveau CFA, je l’avais à 18 ans et depuis je n’ai pas joué au niveau supérieur… En fait, j’ai même régressé. Et je sais qu’en m’entraînant avec des pros, des internationaux comme le Serbe Markovic, je vais enfin prendre une dimension supérieure.
Tu es d’origine congolaise. Peux-tu nous décrire tes liens avec le pays ?
Mes deux parents sont Congolais de Brazzaville. Malheureusement, je n’y suis jamais allé. Je devais y aller cet été, mais comme le championnat tchèque commence tôt, je n’ai pas pu. Mais je compte me rattraper en décembre.
Et la sélection congolaise, c’est un rêve, un objectif ?
Si je devais porter le maillot congolais, ça serait avant tout une fierté. Dans ma famille, on a toujours parlé des Diables rouges, jamais de l’équipe de France.
Et les matchs de la sélection, tu les suis ?
Quand je peux, oui. C’est surtout mon père, qui habite à Brazzaville, qui est un supporteur inconditionnel. Le plus beau cadeau que je puisse lui offrir est de porter le maillot congolais.
À Nancy, tu as croisé Chris Malonga. Connais-tu d’autres Diables rouges ?
Chris, c’est un grand frère : quand je suis arrivé en CFA à Nancy, il était déjà pro, il m’a encadré et conseillé. Je connais aussi Ladislas, qui est un ami.
Tu devrais rapidement faire connaissance d’autres Diables rouges, mais dans le camp d’en face, puisque Delarge, Kapolongo et Listingi évoluent aussi en Tchéquie. Ce sont des matchs particuliers pour toi ?
Croiser des compatriotes, ça fait plaisir, on pourra discuter à la fin du match. Mais c’est encore plus agréable quand on sort gagnant, qu’on a livré une bonne prestation. Donc désormais, à moi de briller et d’être bon pour que la convocation arrive et que les compatriotes deviennent des coéquipiers.