Cours du marché mondial : les sociétés minières dans le tourbillon

Mercredi 11 Mars 2015 - 15:15

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Les sociétés minières, installées au Congo, reconnaissent avoir réalisé des bonds en 2014 ayant permis le développement de leur projet. Elles devraient, dès 2015, boucler les financements en vue du démarrage de la construction des infrastructures. Cependant,  la crise mondiale qui frappe le secteur minier risque de compromettre leurs ambitions.

La fédération des mines solides au sein de l’union patronale et interprofessionnelle du Congo, l’a relevé dans une présentation transmise au ministère de tutelle et aux autres interlocuteurs au sein de l’État. En effet, le cours de certaines matières premières tels le fer, le cuivre, la potasse et la phosphate affiche une tendance à la baisse. Cette mauvaise situation internationale impacte le développement des projets miniers partout dans le monde et même au Congo. À cause de cette chute, les partenaires financiers sont réticents à investir dans les projets et les sociétés sont en attente.

« Tant que la décision d’investissement n’est pas prise, ces projets sont toujours « à risque » pour les investisseurs et peuvent ne pas être développés. Les sociétés minières investissent sans qu’aucun bénéfice ni chiffre d’affaires n’aient été réalisés jusqu’à maintenant », affirme la fédération des mines du Congo qui estime à plus d'un milliard de dollars l'investissement consenti par les sociétés minières dans l’exploration et le développement minier au Congo, entre 2007 et 2014. Des chiffres représentant une proportion des investissements étrangers, hors pétrole, avec des totaux à hauteur de 100 et 200 millions de dollars par an.

Quelques sociétés ont commencé à réduire les coûts au strict minimum ainsi que pour les contributions diverses au niveau social. D’autres ont procédé à la mise en place d’un plan de restructuration entraînant des licenciements pour garder le personnel nécessaire.

Certains analystes présagent l’arrêt des activités pour certains d’entre eux, le non respect des dates prévues pour l’entrée en production des projets miniers, et le réajustement par les institutions internationales et de Bretton Woods des prévisions du Produit intérieur brut sur le moyen-long terme.

Faut-il toujours compter avec les mines pour la diversification de l’économie ?

Le Congo s’est lancé dans la diversification de son économie. Mais avec un tableau plus ou moins sombre, cette politique a désormais du plomb dans l'aile vu que le secteur minier, qui déjà tarde à décoller, ploie sous le joug de la mauvaise conjoncture économique mondiale.

Malgré cela, la fédération des mines continue d'afficher sa volonté de contribuer au développement du secteur minier qu'elle juge sain, transparent et compétitif. Contexte mondial oblige, la fédération invite l’État à surseoir la revue du code minier en attendant de bien évaluer les conséquences souvent irréversibles.

À propos du code minier, le ministre des Mines de la République démocratique du Congo, qui avait fait le déplacement à Indaba en Afrique du Sud en février dernier,  avait rassuré les industriels qui craignaient que le nouveau code minier, en préparation, n’entraîne une hausse des taxes et des obligations de transformation locale. Comparaison n'est pas raison, mais la République du Congo n’est pas épargnée.

Des recommandations pour la rescousse

La Fédération a relevé un panel de recommandations : assurer une transparence totale et inclusive quant aux négociations des accords d’infrastructures clés pour le développement des projets ; planifier dès à présent la mise en place d’une offre énergétique y compris pour les renouvelables ; protéger les sociétés minières en surveillant de près les contrôles administratifs récurrents ; mettre en œuvre et respecter les dispositions des conventions minières et limiter les modifications législatives ; renforcer les partenariats entre les sociétés minières et l’État ; mettre en place des canaux de communication particuliers entre les deux parties.

Il s'agit des propositions à court terme soit une année. L'autre série de recommandations, dites à moyen terme, est à prendre en ligne de compte d’ici deux ans. Elles visent à : renforcer les capacités de l’administration et des sociétés ; accompagner les sociétés minières pour mettre en place les conditions nécessaires à la construction d’infrastructures ; développer les compétences des jeunes et des femmes dans le secteur et aussi le savoir-faire des sous-traitants locaux ; surveiller les cours des différents produits miniers pour une éventuelle reprise de l’activité ; engager une participation additionnelle de l’État dans les différents projets en prenant en compte les revenus supplémentaires au gouvernement.

Enfin, la fédération a lancé des recommandations valables dans trois ans à savoir : renforcer la coopération avec les autres pays miniers pour mettre en place les bonnes règles de gouvernance ; préparer et réfléchir à l’après mines, de certains projets pour la diversification des postes induits ; et la mise en place d’un plan de développement intégral du secteur minier par les autorités congolaises avec des échéances claires et transparentes.

 

Nancy France Loutoumba