Coup de projecteur sur les arts martiaux : les maîtres ne sont pas forcément « grands » maîtres

Mercredi 22 Janvier 2014 - 16:25

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Dans les sports de combat japonais, les grands maîtres sont fondateurs de leur discipline. Ils sont donc au-dessus des autres maîtres. Dans le jargon des budokas congolais, les deux catégories de maîtres prêtent souvent à confusion. Éclaircissements…

Dans les arts martiaux japonais, le terme « Ô Sensei » signifie « grand maître». Chaque discipline n’en a qu’un seul puisque pour être grand maître, il faut avoir créé ou complètement rénové sa discipline. Ainsi, Jigoro Kano qui a fondé le judo en 1882, est le grand maître de cette discipline qui, d’ailleurs, est le premier art japonais à être reconnu au niveau international. Pareil pour Gichin Funakoshi, créateur du karaté-shotokan encore appelé karaté moderne, vers 1915. L’autre grand maître, c’est Morihei Ueshiba. Il a inventé l’aïkido, dont la reconnaissance officielle par le gouvernement japonais a eu lieu en 1940, sous le nom d’aïkibudo à l’époque.

Les grands maîtres ont leur effigie dans tous les dojos du monde, sur le mur d’honneur appelé « kamiza ». Au début de chaque séance d’entraînement, les pratiquants des disciplines citées s’inclinent pour saluer la mémoire du fondateur de l’art martial dont ils sont adeptes. Le salut se fait debout (Ritsu-rei) ou assis (Za-rei). L’exercice est recommandé avant d’entrer dans le dojo, avant de monter sur le tatami et même en sortant de la salle d’entraînement. Quand les grands maîtres meurent, leurs effigies demeurent sur les kamizas pour l’éternité. Ils sont donc grands maîtres jusqu’à la fin des temps. Après leur mort, ils sont remplacés par les représentants suprêmes appelés « dôshus». Ces derniers sont souvent membres de leur famille, leurs enfants pour la plupart auxquels ils confient les secrets techniques et spirituels. C’est le cas notamment de Gichin Funakoshi, qui après sa mort, le 26 avril 1957, fut remplacé par son fils Gigo Funakoshi. De même pour Morihei Ueshiba, dont les fils Kishomaru et Moriteru ont été successivement dôshus après son décès.

Confusion dans le jargon des budokas congolais

Certains judokas, karatékas et aïkidokas congolais font à peine la différence entre les grands maîtres et les maîtres. Une ceinture noire âgée, quelque peu expérimentée, est considérée comme un grand maître dans plusieurs dojos du pays. Dans ce sens, l’appellation de grand maître est un signe de respect vis-à-vis d’une ceinture par rapport au nombre de dans et au nombre d’années qu’il a passées sur le tatami. Surtout s’il a formé plusieurs maîtres devenus encadrants dans les dojos, ou mieux entraîneurs nationaux. Ainsi, voyant les résultats de son enseignement, les pratiquants l’appellent « grand maître ». Mais, au sens propre du terme, cette qualification n’a pas de raison d'être.

Par ailleurs, certains maîtres en rivalité avec leurs collègues se font passer pour des grands maîtres pour montrer leur supposée supériorité par rapport aux autres ceintures noires. Là aussi, les budokas passent à côté de l’essentiel. D’autant plus que ces prétendus grands maîtres n’ont pas d’effigie sur les kamizas des dojos à travers le monde. Même pas dans les dojos qu’ils dirigent. Et puis, ils ne sont pas créateurs d’arts martiaux. Les grands maîtres (Ô Sensei) ne sont donc pas à confondre avec les maîtres (Sensei) même quand ils sont très expérimentés.

Rominique Nerplat Makaya