Coopération : Kinshasa hausse le ton face à ses partenaires chinois

Mardi 10 Octobre 2017 - 19:18

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Après plusieurs reports, le gouvernement central n’autorisera plus la Sino-congolaise des mines (Sicomines) à exporter du cuivre et du cobalt sans une transformation locale désormais obligatoire. Preuve d’une détermination totale, au moins 68 camions de la compagnie minière ont été empêchés de décharger leurs cargaisons pour les formalités d’exportation.

Pour la petite histoire, la Sicomines est le résultat d’un partenariat stratégique entre la RDC et un groupement d’entreprises chinoises. Il ne s’agit nullement d’un partenariat du genre public-privé même si son principe a été plutôt ingénieux au moment où le pays avait besoin de mobiliser des financements extérieurs importants pour lancer les travaux dans le domaine des infrastructures. La Chine à travers ses entreprises a accepté d’accompagner le gouvernement de la RDC dans de nombreux projets, dont la modernisation et l’élargissement des grandes artères de la capitale.

Le partenariat a essuyé des critiques acerbes de certains partenaires traditionnels dont la Banque mondiale. Cette dernière craignait que le pays ne s’endette lourdement après l’effacement de sa dette dans le cadre du programme PPTE. À travers un accord conclu en 2007, mieux identifié par l’appellation « Contrats chinois », la RDC a obtenu des financements chinois pour ses infrastructures (routes, hôpitaux) en échange de l’exploitation de ses minerais. Le partenariat a produit la Sicomines, une entreprise minière détenue en majorité par le Chinois Sinohydro corp et China Railway construction corp. Les bénéfices de cette entreprise minière devaient servir à rembourser les financements octroyés par la partie chinoise. Après avoir accumulé un certain retard dans le démarrage de ses activités, la Sicomines a commencé à exporter récemment. L’on estime qu’elle a exporté presque le quart des concentrés de cuivre et 5 % des cathodes de cuivre en 2016, selon Blomberg cité par nos confrères d’Écofin. Actuellement, la partie congolaise appelle à la pleine application de la convention qui a donné naissance à la Sicomines.

En effet, il était prévu la production de 400 000 tonnes de cuivre transformés sur une période de trois ans. Kinshasa tient à la stricte application des termes de la convention. Toutefois, des raisons sont avancées par les experts chargés de la supervision du projet. Il y a, en première place, le problème du déficit énergétique pour effectuer cette transformation localement. Ce point est souvent évoqué par l’ensemble des opérateurs du secteur minier. L’on se rappelle même des dures négociations pour amener du courant de l’étranger sur demande des miniers de l’ex-Katanga. L’idée était de répondre ainsi à un besoin croissant d’énergie. Il se trouve que la Sicomines doit trouver plus de 150 MW supplémentaires. Un projet de construction d’un barrage hydroélectrique est en bonne voie, sur financement des principaux actionnaires. Il coûtera plus de 600 millions de dollars américains USD et devra produire quelques 240 MW.

Par ailleurs, l’on reconnaît malgré tout des retards dans la mise en œuvre de plusieurs projets par la Sicomines. Cependant, les pourparlers en cours devraient permettre de débloquer rapidement la situation. Nombre d’experts rappellent que cette décision d’interdiction des tonnages de cuivre et cobalt non transformés n’est pas une première en soi mais elle a souvent brillé par l’absence de suivi du gouvernement central. Cette situation révèle un besoin des autorités congolaises de booster les recettes minières, d’autant plus que les prévisions sont plutôt encourageantes. Si le projet porte ses fruits, la RDC peut espérer négocier le renouvellement des crédits surtout en cette période difficile. L’on parle actuellement d’une vingtaine de projets d’infrastructures avec les Chinois sur l’étendue du territoire national.

Laurent Essolomwa

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