Consommation : une fausse alerte d’empoisonnement des pains crée une psychose à Brazzaville

Lundi 5 Mai 2014 - 19:00

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La population brazzavilloise s’est réveillée, en ce lundi 5 mai, dans un climat de psychose, issu d’une fausse rumeur sur l’empoisonnement prémédité de la farine par quatre boulangers étrangers. Ces sujets exerceraient depuis des années dans la boulangerie Epi-d’or, située au rond-point de Mikalou à Talangaï dans le 6e arrondissement

En effet, l’information qui a semé la panique au sein des familles a conduit les services habilités, notamment ceux de la surveillance du territoire, du ministère du Commerce et des Approvisionnements ainsi que les dirigeants des formations syndicales de consommateurs et de boulange, à se déployer sur le terrain pour désamorcer la situation.

Selon cette première phase d’enquête commune, réalisée dans deux centres, notamment le Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU) et l’hôpital pédiatrique Marien-Ngouabi ainsi que dans les 26 boulangeries installées dans l’arrondissement, aucun acte négatif d’empoisonnement susceptible de prouver la véracité des faits n’a été constaté. D’autant plus, selon le commissariat central de Talangaï, aucune structure n’a été interpellée ni arrêtée en vue de ne plus commercialiser le pain. « Il faut noter que d’après l’enquête que nous avons menée depuis ce matin, environ 95% du personnel travaillant dans ces structures est d’origine brazzavilloise. Après avoir reçu l’information, sur instruction du commandement de la police, nous avons dépêché une équipe au CHU pour un constat mais, aucun cas de malade présentant les symptômes d’empoisonnement n’a été signalé. C’est donc une rumeur », a déclaré le responsable du commissariat central de Talangaï.

Dans les hôpitaux, notamment au CHU où deux cas ont été enregistrés, l’examen clinique n’a révélé aucune preuve d’intoxication alimentaire. « Quand on a une intoxication on ressent des douleurs brutales qui peuvent être : la diarrhée, les vomissements, les douleurs abdominales, douleurs musculaires, etc. Pour ces cas, il est possible, compte tenu de la situation des faits, que ce soit une forme de psychose », a indiqué le Dr. Thierry Gombet des services d’urgence du centre.   

Déplorant le comportement de certains Congolais qui, avec mauvaise foi et mensonge, incitent les populations à la violence et au soulèvement, le coordonnateur des soins de l’hôpital pédiatrique Marien-Ngouabi a indiqué : « Depuis que cette mauvaise information est ventilée dans la ville, je n’ai enregistré aucun cas d’urgence lié à l’empoisonnement soit d’un enfant soit d’une personne âgée. Je confirme que l’information n’est pas fondée et qu'elle est erronée. Car, si elle était juste, l’inverse aurait été un soulèvement des populations contre ces étrangers. »  

Pour le responsable de la boulangerie, Salek Guewa, ce cas serait une grande première, car depuis que sa structure existe, il n’a jamais été victime de réclamations par rapport à une éventuelle intoxication. « Nous sommes tous surpris, parce que depuis que nous fabriquons les pains, on n'a jamais eu de réclamation d’un client soit pour mauvaise fabrication soit pour tentative d’empoisonnement. Nous n’avons pas recruté des étrangers. Le samedi 3 mai nous avons fabriqué et vendu plus de 1500 pains. Or le chef d’équipe est un Congolais de Brazzaville. Ainsi, suite à cette rumeur, nous avons reçu dans nos locaux les équipes de la police, du ministère du Commerce et des syndicats pour un contrôle complet », a-t-il déclaré.

Répondant aux interrogations des inspecteurs du ministère du Commerce, Ruth Bonazébi, l’une des vendeuses de pain, également cliente de la boulangerie, a souligné : « J’approuve que c’est un montage. Je suis vendeuse de pain depuis 1985 et on n’a jamais vécu ce genre de chose, c’est déplorable. Le samedi nous avons vendu ici et nous n'avons eu qu’une plainte de nos clients. »    

Enfin, pour le président du syndicat patronal des boulangers et pâtissiers du département de Brazzaville, Jean Cyr Mayala, une enquête d’appoint doit être menée afin de détecter l’origine et les auteurs de cette rumeur. « Après l’enquête nous tiendrons un point de presse pour informer les populations sur les conséquences d’une mauvaise rumeur, surtout quand elle est liée à la vie des hommes », a-t-il conclu.

Rock Ngassakys