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Comprendre l’État islamiqueMercredi 24 Septembre 2014 - 20:30 Installé à cheval sur de larges portions de la Syrie et d’Irak, le califat auto-proclamé de l’État islamique est l’organisation islamique radicale montante. L’avancée de ce groupe prônant l’application stricte de la charia dans ces territoires a provoqué dans les pays voisins un afflux massif de réfugiés notamment chrétiens et musulmans chiites qui craignent pour leur vie. Ces concurrents d’Al-Qaida inquiètent les puissances occidentales qui ont décidé de lancer contre eux une vaste opération militaire sous le leadership américain. Après la prise de contrôle d’une partie du territoire irakien et la proclamation de la création d’un califat à cheval sur la Syrie et l’Irak, sous l’autorité de leur chef Abu Bakr al-Baghdadi, l’État islamique d’Irak et du levant ou État islamique d’Irak et de Syrie a décidé de se rebaptiser État islamique, en Juin 2014. Le groupe djihadiste sunnite reconnu comme une organisation terroriste vise à « briser les frontières » et à réaliser l’unité des musulmans au sein d’un État islamique régi par la charia, qui s’étende jusqu’à la Jordanie et au Liban et de libérer la Palestine. Leur idéologie d’unification se construit en référence à l’idéologie islamique mais également aux accords Sykes-Picot, des accords secrets conclus à la fin de la première Guerre mondiale entre la France et l’Angleterre. Ces accords prévoyaient le découpage des frontières dans cette ancienne partie de l’empire Ottoman et un partage des zones d’influence entre ces deux puissances coloniales. L’État islamique s’appuie sur le fort ressentiment de la base sunnite, minoritaire en Irak, dont ils représentent 20% de la population. Ce groupe s’estime mal considéré par le gouvernement chiite irakien depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Actif en Syrie dans la lutte contre le régime de Bachar El Assad, l’État islamique a facilement conquis une portion du territoire irakien, grâce à des alliés locaux. Selon certaines estimations, l’État islamique et ses alliés contrôleraient entre 40.000 et 90.000 mètres carrés de territoire, dont 35% de la Syrie, soit l’équivalent de la taille de la Belgique ou de la Jordanie. 8 millions de personnes vivraient dans des zones sous contrôle total ou partiel de l’État islamique. Selon les autorités américaines, l’État islamique serait fort de 31.000 combattants de toutes nationalités. Ceux-ci ont un arsenal militaire qui feraient pâlir d’envie nombre d’armées régulières africaines : armes lourdes et légères, lance-roquette, fusils anti aériens, missiles sol-air, tanks et véhicules blindés en partie récupérés sur les armées syrienne et irakienne. L’État islamique détiendrait un trésor de guerre estimé à 2 milliards de dollars. Au départ financé par de riches soutiens basés dans les pays du golfe, le groupe s’auto-finance aujourd’hui grâce aux champs de gaz et de pétrole situés dans les zones sous son contrôle ainsi qu’aux impôts, kidnappings, ventes d’antiquités et à la contrebande. Sa récente offensive irakienne lui a également permis de faire main basse sur les liquidités détenues par les banques situées dans les villes conquises. Abu Bakr Al Baghdadi, calife auto-proclamé de l’État islamique, avait succédé en avril 2010 à Abu Umar al-Baghdadi à la tête de l’organisation État islamique d’Irak à la mort de ce dernier. L’organisation terroriste née après l’intervention occidentale en Irak, pour lutter contre « l’occupation » du territoire, s’est illustrée dès ses débuts par ses exécutions brutales d’otages dont de nombreux journalistes. Aboubakar Shekau, chef de la secte islamiste nigériane Boko Haram, a apporté son soutien au chef de l'État islamique avant de se proclamer lui-même calife et le chef d'AQMI en Algérie lui aurait prêté allégeance. Rose-Marie Bouboutou |