Commerce : des étals vides au marché Total de Bacongo

Dimanche 20 Septembre 2015 - 13:45

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Prétextant des méventes engendrées par une mauvaise répartition des étals au nouveau marché Total de Bacongo, des vendeurs ont abandonné les tables situées au 1er niveau pour s’installer sur les couloirs du marché et aux alentours. Une situation qui s’étire sous l’œil impuissant des gestionnaires de ce marché moderne. 

Environ 1000 places situées à l’étage sont vides depuis plusieurs semaines au marché Total de Bacongo fonctionnel depuis mi-juillet. Les commerçants concernés, qui font fi des appels à l’ordre de la Direction des marchés, l’organe administratif de la municipalité de Brazzaville pour gérer les marchés, situé dans l’enceinte, évoquent plusieurs raisons.  

À l’étage, braillent-ils, les recettes sont médiocres. La plupart des acheteurs s’arrêtent en bas où l’on trouve la quasi-totalité des denrées recherchées dans le marché. « Les clients préfèrent acheter aux alentours, cela  a des conséquences sur nos ventes.  Pour  un carton de poissons salé de 39 000 FCFA, tu peux faire 3 jours pour attendre un bénéfice de 4500 FCFA soit 1500 FCFA par jour. Or ici, sur le couloir je vends 1 à 2 cartons par jour », explique  Pierrette, vendeuse de poissons salés.

Les commerçants sont unanimes sur le fait que la répartition a été mal faite. « Il fallait mélanger les denrées et permettre qu’un visiteur soit contraint de monter au 1er niveau du marché. Si déjà en bas, on trouve persque tout, pourquoi escalader les marches ? Ailleurs, ce ne sont que les vendeurs de vêtements et chaussures qui sont séparés », souligne Hortense, qui a installé ses poissons fumés par terre, sur le trottoir. 

Des raisons « fallacieuses » selon le comité du marché

Chacun a sa raison. Mais aucune sur le prix de l’étal payé à 41000 FCFA l’année, ni sur la taxe de 50 FCFA le jour prélevée sur chaque table et moins encore sur la charge départementale de 2000 FCFA que verse chaque commerçant par année. On évoque même la situation des personnes âgées et handicapées qui ne peuvent monter. Certains mettent en cause la construction d’un nouveau marché moderne sans tenir compte des habitudes des clients. Des raisons qui laissent perplexe le président des associations du comité des vendeurs du marché Total, Cyriaque Badiabo.

« La répartition est faite en fonction de ceux qui étaient recensés dans l’ancien marché, détenteurs de talons. Il y a ceux qui ont été recensés après. Ainsi, les vendeurs de viande, poissons de mer et d’eau douce sont installés en bas pour favoriser l’évacuation des eaux ; les divers, poissons fumés et salés sont à l’étage, mais aujourd’hui plus personne ne l'accepte  », explique-t-il. « Ce sont des raisons fallacieuses », souligne Cyriaque Badabio, qui estime que les populations ont du mal à s’arrimer à la modernité.

Pour établir les zones de vente en fonction d’aliments, la mairie s’était servi des « responsables de denrées ». Dans le hall principal, on retrouve des vendeurs de légumes, de viande, de poisson frais tandis qu’à l’étage ont été installés les vendeurs de divers, épices et autres poissons fumés ou salés. C’est également là que sont érigés les bureaux du régisseur du marché, chargé de régler les problèmes journaliers et de réguler la vie du marché.

Un espace vide depuis des semaines. C’est plutôt par terre que ses locataires se sont installés obstruant les couloirs du marché. Autre fait corollaire à la situation : des vendeurs grossistes de poissons salés, poisson de mer, viande et poulet congelés se sont transformés en vendeurs détaillants en occupant des espaces non commodes.

Une opération de déguerpissement se prépare...

Depuis le 28 août, une circulaire signée du maire de Brazzaville, Hugues Ngouelondélé, appelle les vendeurs installés dans les périmètres à rejoindre le marché moderne. Un appel qui n’a semble-t-il pas toujours d’écho car les espaces par terre et les tables de fortune s’augmentent plus les jours passent. Devant le refus d’obtempérer à la décision, la mairie met déjà en place une opération de déguerpissement en accord avec la Direction des marchés et des Halles, les associations de vendeurs et commerçants des deux marchés et les services de police.

Au marché Total de Bacongo, des observateurs informés de l’opération exhortent la mairie de procéder d’abord par une campagne d’information et d’éducation car, estiment-ils, la situation serait culturelle. « À Dolisie et Owando où l’on a construit des marchés modernes et où les choses se passent bien, ce ne sont pas les mêmes problèmes. Il y a eu trop d’antécédents ici à Total dans la répartition des tables avec des problèmes que nous avons vécus avec un concessionnaire étranger. Il y a déjà eu des bagarres ici avec un blessé grave », précise Robert, vendeur d’appareils électroménagers d’occasions.

Le premier module de ce marché, avec environ 2 885 places disponibles, a été inauguré en février par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso. 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Les clients s'activent sur les couloirs du marché vide a l'étage

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