Cherté de la vie : pourquoi le prix de la viande de bœuf a-t-il augmenté ?

Jeudi 12 Février 2015 - 16:45

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En attendant les effets de la politique de metéage mise en place par le gouvernement, l’élevage bovin n’est pas assez développé en République du Congo. Quelques fournisseurs de bœufs s’approvisionnent sur le marché tchadien, via la République centrafricaine. Suite à la crise socio-politique qui secoue ce dernier pays d’Afrique centrale, le circuit initial a tari au profit d’autres itinéraires, beaucoup plus longs et coûteux. Par conséquent le prix de la viande de boeuf devient élevé sur le marché congolais.

Autrefois vendu à 3000 FCFA (avec os) et 3500 FCFA (sans os), le prix du kilo de la viande de boeuf à Brazzaville oscille actuellement entre 4000 et 5000 FCFA, selon les marchés. À Poto-Poto et Moungali, le prix du kilo varie entre 4000 et 4500FCFA. À Ouenzé, Mikalou, Talangaï, il ossille entre 4500 et 5000FCFA.

Abordés sur la question, des vendeurs évoluant dans différents marchés de la ville de Brazzaville ont commenté chacun à sa manière l'inflation. Il ressort des avis recueillis ici et là, que cette situation serait due à l'augmentation du prix d’achat de la viande en gros. Un bœuf est vendu à 500.000, 700.000 voire 1.200.000 FCFA, en fonction de son poids et de sa condition physique.

Exprimant son désarroi  face à cette cherté, un boucher évoluant au marché Tembé na ba mbanda de Mikalou, dans l’arrondissement  6 Talangaï, a indiqué qu’auparavant il pouvait acheter seul un bœuf sur pied pour approvisionner sa boucherie, mais depuis plus de cinq mois, il  est obligé de s'associer avec deux ou trois collègues pour le faire. 

Un autre commerçant, évoluant au marché Moungali, dans le 3e arrondissement Poto-Poto, aurait dû changer de commerce. Selon ce dernier, outre l’augmentation du prix d’un bœuf, les taxes qu’il payait à l’Etat chaque fin d’année devenaient plus coûteuses. Les montants avoisinaient les 300.000 à 400.000 FCFA.

Trop de taxes impactent sur le prix

Expliquant pour sa part, les difficultés auxquelles sont confrontés ceux qui exercent dans le secteur, un fournisseur de bœuf s’est confié : « Avec les barges, nous payons 9 millions pour transporter au moins 250 têtes et c’était mieux. Au moyen des véhicules semi-remorques qui ne prennent que 32 bœufs, nous payons 7 millions FCFA pour le transport ». Nombreux ont dû abandonner l’activité, ne possédant pas les moyens requis pour le transport terrestre. À la difficulté liée au coût du transport, s'ajoutent les tracasseries  que leurs font subir des agents de sécurité le long du trajet qui sépare les lieux de production et les centres de consommation.

« Une fois arrivés à Brazzaville, nous ne les égorgeons pas aussitôt. Les animaux sont sous surveillance médicale et cette précaution dure environ une année. De telles dispositions contribuent à augmenter les dépenses », a souligné un éleveur et vendeur de bœufs ayant requis l’anonymat.

Face à cette situation qui pèse sur le panier de la ménagère, le gouvernement devrait entrevoir un circuit d’approvisionnement moins  coûteux. Reste aussi à l’Etat de faire appliquer les textes en la matière pour soulager les consommateurs, ainsi que les acteurs évoluant dans ce secteur.

 Soulignons que depuis deux ans, dans le cadre de sa politique de repeuplement du cheptel, le gouvernement achète des bœufs qu’il met à la disposition des éleveurs par crédit. À partir de la quatrième année,  il commence à recouvrer ses animaux avec un surplus de deux bêtes selon le nombre octroyé aux bénéficiaires.

S’agissant par ailleurs du suivi de ces bêtes, des agents appelés correspondants fournissent des rapports faits à base des constats réguliers effectués dans différentes fermes, a expliqué le directeur général de l’Elevage, Dominique Ibara.

« Au cours des deux dernières années par exemple, 72 éleveurs ont bénéficié d’environ 792 têtes de bœufs. Il s’est agi de dix vaches et d’un taureau pour se multiplier», a-t-il démontré.

Dans l’optique de baisser le prix d’achat de cette denrée sur le marché,  le gouvernement avait signé une note supprimant toutes les taxes relatives à l’autorisation  d’importation. « Curieusement, nous constatons que les prix n’ont jamais baissé. Comme aucun changement n’est constaté. Nous allons demander aux autorités de remettre en vigueur toutes ces taxes », a relevé le directeur général de l’Elevage.

Lopelle Mboussa Gassia