CEMAC : la Cobac appelle les banques au strict respect des normes prudentiellesSamedi 22 Juillet 2017 - 13:44 Face au contexte macroéconomique difficile marqué dans la sous-région d’Afrique centrale par l’impact négatif de la chute des cours du pétrole, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a appelé les banques en activité dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) à une prudence dans la prise des risques éventuels. À l’occasion de la 9ème réunion annuelle de concertation avec la profession bancaire et financière, le président de la Cobac, Abbas Mahamat Tolli, en même temps gouverneur de la Banque centrale, a attiré l’attention des responsables des 52 banques, soit 11 groupes, installées dans la Cémac, au strict respect des réformes instituées depuis quelque temps par l’institution qu’il préside. « Plus qu’une nécessité, le respect des normes de la Cobac constituent le meilleur gage de l’intégrité et de la solidité du système bancaire. La résilience du système bancaire de la sous-région est à ce prix », a-t-il alerté, précisant par la suite qu’ « au plan prudentiel, sur l’ensemble des établissements bancaires, 27 seulement disposent des fonds propres suffisants pour respecter toutes les normes prudentielles ». La réunion de concertation avec la profession bancaire et financière est un cadre d’échanges visant à analyser les évolutions et les améliorations à apporter au système bancaire dans la Cémac en vue de promouvoir les bonnes pratiques dans ce domaine. Il permet en outre de lever les incompréhensions qui pourraient exister entre le régulateur, en tant que gendarme du système bancaire et les assujettis sur certains aspects de la réglementation. En vue de concilier les contraintes commerciales avec les exigences de conformité, Abbas Mahamat Tolli s’est montré intransigeant et a mis en garde les professionnels de la banque et de la finance quant aux manquements de la réglementation bancaire qui seront constatés. « La Cobac jouera pleinement son rôle, telles qu’en témoignent les mesures de sanctions qu’elle prend et dont nombre d’établissements font l’objet. Ces décisions seront appliquées en cas de besoin », a-t-il rappelé. Par ailleurs, la 9ème réunion tenue à N’Djamena a tourné autour de trois sujets qui se situent aujourd’hui au cœur des préoccupations du régulateur, ainsi que de la Banque centrale. Il s’agit notamment de : « La liquidité des établissements de crédit de la Cémac » ; « le risque opérationnel dans les établissements de crédit de la Cémac », et « la supervision sur la base consolidée : cas du groupe BGFIBank ». Les échanges et discussions sur ces différents thèmes ont permis aux responsables des établissements bancaires venus des six pays membres de la Cémac dont ceux de la République du Congo, de prendre conscience sur les normes à respecter, mais également la mesure de l’impact dépressif de la chute des cours du pétrole. Toutefois, il est apparu, la nécessité de poursuivre des réflexions en ce qui concerne l’accès des établissements de microfinances au marché monétaire et la prise en compte des taux de pondération sur les critères de convergence. De même, en rapport avec la supervision sur la base consolidée, il ressort le fait que toutes les holdings financières assujetties au contrôle devraient déployer un dispositif de supervision et de pilotage sur la base consolidée. Un système bancaire globalement résilient Certes que les effets néfastes des cours de pétrole ont créé un environnement défavorable avec à la clé un repli de la croissance ; une accentuation des déficits budgétaires et extérieurs courant ; une augmentation de la dette publique, et une baisse des réserves de change, le système bancaire de la Cémac demeure globalement résilient. Ainsi, il est noté en 2017 une légère reprise de la croissance à 0,8% contre 0,2% ; une maîtrise des tensions inflationnistes avec un taux d’inflation de 1,6% contre 1,1% en 2016 et une réduction du déficit budgétaire hors dons à 3,5% du PIB contre 8,4% un an plus tôt. Au plan financier, à en croire les statistiques de la Cobac, l’activité s’est accélérée au 30 avril 2017 avec une légère progression du total de bilan de 1,38%, soit 176 milliards FCFA comparativement à son niveau au 30 avril 2016. Du point de vue des crédits, il est observé, toujours cette année, une augmentation des crédits bruts de 5,28% soit 423 milliards de FCFA, principalement des crédits au secteur privé, mais également une baisse des dépôts de la clientèle de 5,81% représentant 579 milliards FCFA, notamment ceux des privés.
La Cobac en bref Créée le 16 octobre 1990 en raison des faillites bancaires de la fin des années 80, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) est un organe de la Cémac avec pour mission de veiller à l’intégration du système bancaire et d’en garantir la résilience. Elle est également chargée de veiller au respect par les établissements de crédit des dispositions législatives et réglementaires édictées par les autorités, la banque centrale et de sanctionner les manquements constatés. La Cobac compte onze commissions désignées par le Comité ministériel pour leur compétence en matière bancaire, financière ou juridique. Elle se réunit au moins deux fois par an et les décisions y sont arrêtées à la majorité des deux tiers des voix exprimées. La Commission dispose des pouvoirs de contrôle, administratif, juridictionnel et réglementaire. Sur la base de ce pouvoir réglementaire, elle édicte des règlements à caractère général et prudentiel à l’ensemble des établissements de crédit et microfinance et aux holdings financières.
Guy-Gervais Kitina Légendes et crédits photo :Discours de Mahamat Tolli à l'ouverture de la réunion annuelle de concertation; Vue des professionnels de la banque et de la finance; Le siège de la Cobac à Libreville. Photos Adiac/guy-gervais Kitina Notification:Non |